Défis sociaux

Viabilité des dépenses de santé : Des réformes audacieuses s’imposent

23/01/2024 PNG

Les dépenses de santé représentaient près de 9 % du PIB des pays de l’OCDE avant la pandémie de COVID-19 et pourraient atteindre 11.8 % au total, en 2040, du fait que ces pays renforcent leurs systèmes de santé en prévision de chocs futurs.

Des interventions de grande envergure doivent être menées par les pouvoirs publics pour garantir la résilience des systèmes de santé tout en en préservant la viabilité budgétaire. Quatre options peuvent être envisagées pour parvenir à cet objectif :

  • accroître les dépenses publiques et allouer à la santé une partie de ces dépenses supplémentaires ;

  • accroître les ressources dédiées à la santé dans les limites des budgets publics actuels ;

  • reconsidérer la répartition des dépenses entre secteur public et secteur privé ; et

  • réaliser des gains d’efficience.

Ces quatre options ne s’excluent pas mutuellement et devraient être conjuguées à des mesures visant à encourager l’adoption de modes de vie sains, dans le cadre des soins de santé et au-delà.

La recherche de nouveaux gains d’efficience peut être une solution séduisante sur le plan politique, mais elle exige des réformes audacieuses pour générer des économies substantielles. Lorsque, dans ses dernières projections, l’OCDE a comparé la croissance des dépenses de santé selon un scénario de « maîtrise des coûts » et selon le scénario « de référence », il est apparu que les économies réalisées dans le premier cas étaient minimes. Ce scénario de maîtrise des coûts correspond à l’introduction de mesures efficaces visant à accroître la productivité et contenir en partie la demande de soins. À supposer qu’il soit appliqué à l’ensemble des dépenses de santé, les économies à en attendre ne retireraient que 0.1 point de pourcentage, en moyenne, au rapport dépenses de santé/PIB à l’horizon 2040. Compte tenu des moyens supplémentaires à allouer à la résilience des systèmes de santé, les dépenses de santé atteindraient donc tout de même 11.7 % du PIB en moyenne (contre 11.8 % dans le scénario de référence) à cette échéance.

Les mesures favorisant un vieillissement en bonne santé devraient permettre de réaliser des économies légèrement plus appréciables. Si elles sont appliquées à l’ensemble des dépenses de santé, ces mesures devraient réduire d’un peu plus de 0.4 point de pourcentage la part de ces dépenses dans le PIB en 2040. Elles consistent notamment à promouvoir un mode de vie plus sain, dans le cadre des soins de santé et en dehors. À titre d’exemple, la prévention efficace au regard du coût de l’alcoolisme peut être assurée par la fiscalité et l’encadrement des horaires d’ouverture des débits de boisson, de la publicité et de l’alcool au volant, doublés d’interventions des services de soins primaires. Bon nombre de ces mesures de santé publique figurent sur la liste des investissements judicieux propres à accroître la résilience, aussi les économies correspondantes devraient-elles se matérialiser en conséquence des dépenses additionnelles.

Si elles sont bienvenues, ces mesures ne sauraient à elles seules infléchir l’orientation à la hausse des dépenses de santé. Avec les moyens supplémentaires alloués au renforcement de la résilience, les dépenses de santé atteindront en effet 11.4 % du PIB, en moyenne, en 2040. Des réformes plus ambitieuses et plus transformatives doivent par conséquent être mises en œuvre pour enrayer la progression des dépenses de santé tout en continuant d’accroître la résilience et en préservant l’accès de tout un chacun à des soins de qualité. S’ils parviennent à éliminer la moitié des dépenses inutiles et des gaspillages mis en lumière par l’OCDE dans de précédentes analyses, les pays pourront alors réaliser des économies plus importantes – de l’ordre de 1.2 point de PIB. Ainsi les dépenses de santé connaîtraient une augmentation nettement plus contenue, puisqu’elles s’établiraient en moyenne à 10.6 % du PIB en 2040.

Voir aussi : Viabilité budgétaire des systèmes de santé : Pour un financement de la santé résilient et prospectif

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