L'édition 2023 des Perspectives des migrations internationales analyse les évolutions récentes des mouvements migratoires et de l'insertion des immigrés sur le marché du travail dans les pays de l'OCDE. Elle observe également les changements récents en matière de politiques migratoires et d'intégration dans les pays de l'OCDE. Cette édition comprend deux chapitres spéciaux sur l'intégration des mères migrantes sur le marché du travail et sur la fécondité des populations migrantes dans les pays de l'OCDE. Les Perspectives comprennent également des notes par pays et une annexe statistique détaillée.
Perspectives des migrations internationales 2023
Résumé
Synthèse
Des flux migratoires au plus haut
L’immigration dans les pays de l’OCDE atteint des niveaux sans précédent. Avec plus de 6 millions de nouveaux immigrés permanents (sans compter les réfugiés ukrainiens), la zone OCDE a en effet affiché des chiffres record en 2022. Ce phénomène s’explique par l’augmentation des admissions pour des raisons humanitaires et de l’immigration régulée de travailleurs étrangers, accompagnés des membres de leur famille. Plus d’un pays de l’OCDE sur trois a enregistré des flux d’entrée inédits depuis au moins 15 ans, tandis que plusieurs pays, comme le Canada et le Royaume‑Uni, ont battu des records absolus. L’immigration de travailleurs temporaires, notamment saisonniers, a aussi connu une forte hausse. Le nombre d’admissions d’étudiants en mobilité internationale a pour la première fois frôlé les 2 millions.
À ces chiffres s’ajoutent les réfugiés en provenance d’Ukraine. En juin 2023, on recensait environ 4.7 millions d’Ukrainiens déplacés dans les pays de l’OCDE. L’Allemagne, la Pologne et les États-Unis sont les pays qui comptent le plus grand nombre de réfugiés venus d’Ukraine en termes absolus ; l’Estonie, la République tchèque et la Lituanie sont ceux qui en ont accueilli le plus en pourcentage de leur population.
Les demandes d’asile dans l’OCDE ont aussi atteint un niveau historique en 2022. Plus de 2 millions de nouvelles demandes ont été déposées dans les pays de l’OCDE cette année‑là, soit le nombre le plus élevé jamais enregistré à ce jour, bien supérieur au précédent record de 1.7 million en 2015‑16, et le double du niveau de 2021. Cette hausse s’explique en grande partie par l’explosion des demandes aux États-Unis, qui se sont élevées à 730 000 par rapport à moins de 190 000 en 2021.
Dans l’intervalle, selon des données préliminaires, les acquisitions de nationalité dans les pays de l’OCDE ont aussi atteint le chiffre sans précédent de 2.8 millions en 2022.
Marché du travail : les immigrés enregistrent les meilleurs résultats depuis le début du millénaire
Entre 2021 et 2022, le taux d’emploi des immigrés a atteint le plus haut niveau jamais observé dans l’ensemble des pays de l’OCDE, hormis en Pologne, qui a connu un afflux de réfugiés en provenance d’Ukraine. L’amélioration de la situation sur le marché du travail a été particulièrement marquée chez les femmes immigrées, ce qui a réduit l’écart avec les hommes dans plusieurs pays.
L’immigration de travail au premier rang des préoccupations politiques dans un contexte de demande croissante de main-d’œuvre et l’intégration marquée par les besoins spécifiques des réfugiés ukrainiens
L’augmentation observée des nouvelles entrées de travailleurs étrangers et du taux d’emploi des immigrés résidents est liée au fait que de nombreux pays de l’OCDE connaissent des pénuries de main-d’œuvre. L’immigration de travail figure donc en bonne place parmi les priorités des pouvoirs publics. Plusieurs pays, dont l’Allemagne et l’Australie, prévoient de modifier en profondeur les cadres applicables, tandis que d’autres ont revu à la hausse leurs objectifs en la matière.
Compte tenu du nombre record de demandeurs d’asile, de l’augmentation des flux de personnes qui quittent leur pays d’origine et se déplacent via des pays de transit, plusieurs pays de l’OCDE ont durci leurs politiques d’asile et des frontières et réduit les quotas de réinstallations. Des mesures temporaires de protection, qui ne donnent pas directement accès à un titre de séjour permanent ou de longue durée, sont de plus en plus souvent adoptées pour répondre aux besoins. Dans le même temps, les mesures de protection internationale et d’admission pour des raisons humanitaires se diversifient aussi de plus en plus, notamment avec la mise en place de nouvelles voies d’accès complémentaires, comme les programmes de parrainage privé, et de dispositifs d’admission des réfugiés à des fins d’études et d’emploi.
Les politiques d’intégration ont dû s’adapter pour répondre aux difficultés posées par l’afflux de réfugiés en provenance d’Ukraine, composé en grande partie de femmes très instruites et de jeunes enfants. Cette situation n’a fait qu’accélérer des tendances déjà à l’œuvre, notamment la prise en compte plus générale des besoins particuliers des femmes et des mères dans les politiques d’intégration, ainsi que l’amélioration des procédures de reconnaissance des qualifications étrangères.
La situation particulière des mères immigrées
Le comportement des immigrés en matière de procréation joue un rôle assez limité dans la dynamique démographique. Si les femmes immigrées ont généralement plus d’enfants que les femmes nées dans le pays, leur indicateur conjoncturel de fécondité reste inférieur au taux de renouvellement des générations (2.1 enfants par femme) dans la plupart des pays de l’OCDE. Compte tenu du lien fréquent entre immigration féminine et fondation d’un foyer ou regroupement familial, la probabilité de maternité est souvent élevée immédiatement après l’arrivée dans le pays d’accueil. L’indicateur conjoncturel de fécondité, parce qu’il caractérise généralement la situation de la fécondité dans un pays de destination au cours d’une année donnée, risque de surestimer les différentiels de fécondité entre les femmes nées dans le pays et celles nées à l’étranger. Ces dernières connaissent en effet souvent une période de faible fécondité avant d’émigrer, suivie d’une période de forte fécondité après l’arrivée. En outre, les femmes immigrées ont généralement des enfants à un plus jeune âge, ce qui peut avoir des conséquences négatives pour leur insertion professionnelle dans le pays d’accueil.
En moyenne, les différences de taux d’emploi entre les mères et les femmes sans enfant sont deux fois plus marquées parmi les femmes immigrées que parmi les femmes nées dans le pays. Les préférences individuelles et culturelles sont souvent citées comme étant les principaux obstacles à leur insertion sur le marché du travail mais, selon les données disponibles, les immigrées subissent le plus souvent leur inactivité. Les mères immigrées font aussi état de niveaux plus élevés de sous-emploi et d’emploi à temps partiel subi.
Les femmes qui sont admises dans le pays d’accueil pour des raisons familiales bénéficient rarement de programmes d’intégration structurés, tels que ceux qui sont proposés aux immigrés admis pour des raisons humanitaires, ni d’une offre d’emploi comme c’est le cas pour les travailleurs immigrés. Il se peut en outre que les mesures d’intégration axées sur les nouveaux arrivants interviennent à un moment peu propice pour ces femmes. Dans ce contexte, les pays de l’OCDE sont de plus en plus nombreux à prévoir des dispositifs de congé parental dans les programmes d’intégration, à prolonger le délai d’admissibilité à ces programmes ou à investir dans des programmes ciblés sur les personnes restées inactives pendant une période prolongée après leur arrivée.
Principaux résultats
L’immigration dans les pays de l’OCDE a augmenté de 26 % entre 2021 et 2022. Les chiffres préliminaires pour 2023 laissent entrevoir une nouvelle hausse.
Les migrations familiales sont restées la principale catégorie d’entrée des nouveaux immigrés permanents, représentant 40 % de l’ensemble des admissions à caractère permanent, tandis que l’immigration régulée de travailleurs étrangers et la libre circulation comptaient chacune pour 21 % du total.
En 2022, les principaux pays d’origine des demandeurs d’asile dans l’OCDE étaient le Venezuela (221 000), Cuba (180 000), l’Afghanistan (170 000) et le Nicaragua (165 000).
Dans plus de la moitié des pays de l’OCDE, le taux d’emploi des immigrés a atteint son plus haut niveau depuis plus de 20 ans.
Les mères immigrées sont largement pénalisées sur le marché du travail, par rapport à la fois aux femmes immigrées sans enfant et aux mères nées dans le pays. En moyenne dans l’OCDE, l’écart de taux d’emploi entre les mères immigrées et les mères nées dans le pays s’élève à 20 points de pourcentage.
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