Élèves à Bolgatanga, Ghana. 2021. © Programme Hungary Helps

En pratique

La Hongrie s’associe à des organisations confessionnelles locales dans les contextes fragiles

Messages clés

Dans les contextes de conflit et de fragilité, la Hongrie apporte un financement direct à des organisations confessionnelles locales en mesure d’atteindre certaines des populations les plus vulnérables. En débutant par de petits budgets, en évaluant attentivement les propositions et en sélectionnant rigoureusement les partenaires, la Hongrie parvient à contrôler les risques, ce qui lui permet d’accroître progressivement son soutien. Ces partenariats lui donnent également des opportunités de soutenir la coexistence pacifique et la tolérance religieuse entre les communautés.

Mot-clésSociété civile, Crises, fragilité et aide humanitaire

Partenaire cléHongrie

Dernière mise à jour23 novembre 2022

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Défi

Apporter une aide humanitaire ou au développement dans un délai rapide et aux bonnes personnes est toujours un défi, en particulier dans les régions isolées, fragiles et touchées par des conflits. Cela est d’autant plus vrai pour un membre du Comité d’aide au développement (CAD) comme la Hongrie, qui ne dispose pas d’un vaste réseau d’agents de coopération sur le terrain. Lorsque le programme Hungary Helps a été créé en 2017, il a été décidé de contourner cette difficulté en testant une nouvelle approche de mise en œuvre de l’aide via l’établissement de partenariats directs avec des organisations confessionnelles locales. Si le gouvernement avait déjà collaboré avec des organisations confessionnelles hongroises et internationales, s’associer à des organisations locales était une expérience nouvelle, qui nécessitait une approche adaptée.

Approche

Pour faciliter les partenariats avec les organisations locales, l’agence Hungary Helps a adapté ses processus.

  • Prendre appui sur ses partenaires et sur les études pour identifier des organisations locales. La Hongrie s’est tout d’abord adressée au Saint-Siège pour obtenir des recommandations sur des partenaires locaux de confiance. Désormais, les organisations de la société civile (OSC) connaissent le programme et contactent directement les ambassades hongroises. Celles-ci procèdent à des vérifications et organisent des réunions si nécessaire. Les partenaires du Saint-Siège fournissent des informations sur les églises locales.

  • Éprouver la solidité des projets par le biais de propositions brèves mais circonstanciées. Afin de permettre à l’agence Hungary Helps d’évaluer avec soin la validité d’une proposition de projet, les OSC partenaires doivent soumettre une description succincte des projets, assortie d’un budget détaillé et d’informations sur les partenaires et les sous-traitants. L’agence exige également des informations sur la propriété et les plans fonciers pour les projets comportant un volet construction. Les ambassades évaluent le budget proposé au regard des normes locales.

  • Commencer par de petits budgets et augmenter les montants en fonction des résultats. Lorsqu’elle s’engage auprès de nouveaux partenaires locaux, la Hongrie débute par de petits budgets, généralement inférieurs à 25 000 USD. Lorsque la fiabilité des partenaires est avérée, l’agence augmente progressivement ses financements, qui peuvent atteindre 300 000 USD. Les financements alloués par la Hongrie ont parfois dépassé 1 million USD par an.

  • Simplifier les exigences en matière de suivi. L’agence suit l’état d’avancement des projets et leurs résultats, mais n’exige pas la transmission de documents sur les dépenses. Le suivi des résultats repose essentiellement sur les ambassades locales et l’imagerie satellite, qui permet de suivre l’avancement des projets de construction à distance. Les experts des services centraux se déplacent sur le terrain uniquement si un projet nécessite des ajustements plus complexes. Une fois le projet achevé, l’agence Hungary Helps demande aux partenaires d’adresser un rapport exposant les résultats sur un plan qualitatif. C’est aux experts des services centraux qu’il revient d’évaluer en personne l’achèvement des projets (de construction) de plus grande ampleur.

Résultats

Près de la moitié des partenaires de l’agence Hungary Helps sont des organisations confessionnelles locales et la plupart des projets atteignent les résultats escomptés. L’agence n’a pour l’heure rencontré aucun échec majeur, même si les dépassements de budget représentent souvent une difficulté. Parmi les principaux résultats de cette approche, citons :

  • L’aide apportée aux communautés déplacées et aux communautés locales. En Iraq, un projet visant à financer la construction de l’école syriaque orthodoxe Meltho à Erbil a reçu un financement de 4.8 millions USD de l’agence Hungary Helps sur la période 2019-21. Cette nouvelle école primaire accueillera des enfants chrétiens issus des communautés locales mais aussi des communautés chrétiennes déplacées à l’intérieur du pays, ainsi que des enfants musulmans. Cette école et les nouveaux emplois qu’elle a permis de créer devraient encourager les familles déplacées à s’installer dans la région.

  • Le soutien à un programme de développement multidimensionnel. Dans le nord-est du Ghana, un projet d’infrastructure sanitaire et éducative a financé une organisation catholique de développement près de la frontière avec le Burkina Faso à hauteur de 278 000 USD sur un an (2021-22). L’Organisation de développement du diocèse de l’Église catholique (NABOCADO) a développé des centres de soins ambulatoires visant à fournir des soins médicaux à quelque 190 000 personnes, elle a équipé 20 établissements scolaires et formé 1 500 femmes en milieu rural, en leur apportant des compétences entrepreneuriales, un capital de départ et des bourses d’études.

  • La promotion de la coexistence pacifique. Dans le cadre d’un projet visant à améliorer l’accès à l’éducation en rénovant des écoles rurales, la Hongrie a apporté son soutien aux conseils pour la paix dans la région d’Oromia en Éthiopie, afin de renforcer le dialogue entre les différents groupes ethniques et religieux.

Enseignements tirés

  • Les organisations confessionnelles locales possèdent une fine connaissance de la dynamique sociale et culturelle d’une région donnée et sont en mesure d’atteindre certains des groupes les plus vulnérables de la population. Elles détiennent également d’excellentes compétences en matière de renforcement communautaire et peuvent être le « partenaire de dernier recours » lorsque les autres organisations sont parties.

  • Il est possible de gérer les risques et de renforcer l’appropriation locale en accordant une attention particulière au rapport coût-efficacité, en augmentant les budgets alloués de façon progressive et en demandant aux partenaires locaux de cofinancer les projets. Si le cofinancement est souvent inenvisageable dans le cas de l’aide humanitaire, cette approche fonctionne bien pour les projets de développement.

  • Disposer d’une stratégie pour faire face aux dépassements de budget est essentiel pour s’assurer que les résultats sont atteints en temps voulu. Fournir aux partenaires des orientations claires sur la façon de restructurer les projets s’est avéré fondamental.

  • Les capacités de suivi sont un critère essentiel à prendre en compte lors de la sélection des projets, car le coût d’un suivi en personne peut s’avérer extrêmement élevé dans une région éloignée et en conflit.

  • Tenir compte du contexte et évaluer la vulnérabilité et les besoins de protection est important pour garantir que les interventions sont fondées autant que possible sur les besoins et respectent le principe de « ne pas nuire ».

  • La collaboration avec les organisations confessionnelles locales constitue une base intéressante pour créer une « infrastructure au service de la paix ». Les dispositifs contribuant à la cohésion et au dialogue au sein de la société peuvent venir compléter la fourniture d’équipements et de biens matériels et rendre les projets menés avec les organisations confessionnelles plus durables, notamment dans les situations de conflit où de nombreux groupes religieux coexistent.

  • Intégrer le renforcement des capacités des OSC locales partenaires dans les budgets des projets serait un investissement précieux. Ces organisations ont souvent besoin de conseils ponctuels en cours de projet et leurs capacités de gestion de projets peuvent être améliorées. Identifier ces besoins et prévoir le soutien à apporter dans le cadre des projets peut contribuer à jeter les bases d’un engagement à plus long terme.

Informations supplémentaires

Programme Hungary Helps, https://hungaryhelps.gov.hu/hungary-helps-program-main-page.

Partenariat international sur la religion et le développement durable, https://www.partner-religion-development.org.

Ressources de l’OCDE

OCDE (2023), Examens de l'OCDE sur la coopération pour le développement : Hongrie 2023, https://doi.org/10.1787/f70ce0c0-fr.

OCDE, Civil Society Engagement in Development Co-operation, https://www.oecd.org/dac/civil-society-engagement-in-development-co-operation.htm.

OCDE, « Civil society partnerships », Fondamentaux de la coopération pour le développement (à paraître).

OCDE, Conflits, fragilité et résilience, https://www.oecd.org/dac/conflict-fragility-resilience.

OCDE, « L’engagement dans les contextes fragiles », Fondamentaux de la coopération pour le développement, https://read.oecd-ilibrary.org/view/?ref=1177_1177121-5siav7q0mc&title=L%E2%80%99engagement-dans-les-contextes-fragiles.

Pour en savoir plus sur la coopération pour le développement de la Hongrie, voir :

OCDE, « Hungary », dans Development co-operation profiles, https://doi.org/10.1787/a80b014d-en.

D’autres exemples En pratique concernant la Hongrie sont disponibles ici : https://www.oecd.org/cooperation-developpement-apprentissage?tag-partenaire+clé=hongrie#search.

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