Abstract

Les centres de gouvernement ont joué un rôle important dans la gestion de la crise provoquée par la pandémie de COVID-19. Ce document évoque les dispositifs institutionnels de haut niveau adoptés par les gouvernements pour gérer la réponse des pouvoirs publics face à la pandémie, en mettant l’accent sur le rôle moteur ou d’appui joué par les centres de gouvernement dans trois grands domaines : la coordination et la planification stratégique, le recours aux éléments probants pour justifier les prises de décision et la communication menée auprès de la population au sujet des décisions adoptées. À l’heure où les pouvoirs publics doivent faire face à des défis sans précédent sur le plan de la gouvernance, la pandémie a permis l’identification de failles dans la coordination des administrations et dans le recours aux éléments probants, lacunes qui ont un retentissement direct sur la nature et la qualité des mesures adoptées face à la crise et à ses séquelles. Dans ce contexte, les autorités ont adopté un certain nombre de solutions agiles, mais aussi improvisées, qu’il faudra évaluer une fois le pire passé.

 Contexte politique d’une crise majeure

La pandémie de COVID-19 a souligné avec un maximum d’acuité la nature systémique des crises actuelles et les multiples vulnérabilités de nos sociétés et de nos économies. Ces crises surgissent dans un contexte où les institutions sont fragmentées, de telle sorte que l’État central a moins de leviers à sa disposition pour les juguler alors que les acteurs avec lesquels il doit dialoguer (secteur privé, autorités locales et société civile) sont plus nombreux. (OCDE, 2018[1]). Une action publique audacieuse s’impose pour gérer ces crises et pallier leurs effets économiques et sociaux, maintenir un système de santé en état de marche, garantir la continuité de l’enseignement et préserver les entreprises, les emplois et la stabilité des marchés financiers. Il est crucial que les autorités politiques au centre du gouvernement animent les efforts pour trouver le bon équilibre entre les contraintes contradictoires, tant politiques que sociales et économiques, entre les mesures de confinement nécessaires pour atténuer l’impact de la pandémie tout en faisant en sorte que les services essentiels soient toujours assurés. Cette capacité d’entraînement est essentielle pour préserver la confiance des citoyens dans l’État. Atteindre simultanément tous ces objectifs de politique publique contradictoires sous-entend la poursuite d’une démarche transversale qui fait fi des frontières entre administrations fonctionnant en silo. Cette démarche est indispensable pour améliorer la capacité de résistance de la société aux chocs et assurer le bien-être de la population en faisant preuve d’agilité et en adoptant des solutions novatrices au plus haut niveau tout en coordonnant l’action avec les échelons infranationaux de l’État et en collaborant avec eux ainsi qu’avec un large éventail de parties prenantes de la société civile.

Les institutions formant le centre de gouvernement (CoG) ont joué un rôle crucial dans plusieurs pays durant cette crise, soit directement par leur action propre, soit en exploitant les organes décisionnaires et les mécanismes de coordination (voir Encadré 1).

 
Encadré 1. Qu’est-ce que le Centre de gouvernement (CoG) ?

Le CoG désigne l’organe ou le groupe d’organes qui fournit des conseils et un soutien directs au chef du gouvernement et au Conseil des ministres (OCDE, 2018[2]). Le centre de gouvernement, institution clef de l’exécutif, est chargé de veiller à ce que les élu.e.s politiques puissent prendre leurs décisions en s’appuyant sur des informations probantes et sur des avis d’experts et de faciliter la coordination entre les administrations fonctionnant en silo (OCDE, 2018[2]).Il n’implique toutefois aucun schéma d’organisation particulier : sa composition varie en fonction de l’ordre constitutionnel, de la configuration du système politique, de l’histoire et de facteurs tenant au contexte ainsi que des préférences du chef de l’État ou du gouvernement. Le CoG est donc connu sous différentes appellations selon les pays, comme la Chancellerie en Allemagne, dans les pays baltes et scandinaves, le Bureau du Cabinet, le Cabinet du Président, la Presidencia, l’Executive Office of the President aux États-Unis, le Conseil privé au Canada, la Casa Civil au Brésil ou le Taoiseach en Irlande (OCDE, 2014[3]). Ainsi chaque pays a suivi sa propre démarche pour forger les institutions et les modes de prise de décision de son CoG. Les définitions fonctionnelles du CoG peuvent englober les institutions ou organismes assumant des fonctions transversales essentielles de l’État telles que la planification, la coordination, la fixation des priorités et l’impulsion politique même dans le cas où elles ne sont pas rattachées ou ne dispensent pas directement un soutien au chef de l’État ou du gouvernement (OCDE, à paraître[4]). Cependant, en général, le centre de gouvernement, auparavant cantonné dans des fonctions purement procédurales et d’établissement ordres du jour de réunions de conseils de ministres, a vu ses attributions étendues de telle sorte qu’il joue à présent un rôle stratégique plus affirmé en intervenant en appui du chef de l’État ou du gouvernement et du Conseil des ministres (voir Graphique 1).

Source : OCDE (2014), Centre Stage : Driving Better Policies from the Centre of Government – Sur le devant de la scène : l’impulsion du centre de gouvernement à de meilleures politiques ; OCDE (2018), Centre Stage 2 -The organisation and functions of the centre of government in OECD countries – Sur le devant de la scène 2 − Enquête sur l’organisation et les fonctions du centre de gouvernement dans les pays de l’OCDE ; OCDE Panorama des administrations publiques (2020) OCDE (à paraître), Policy Framework on Sound Public Governance − Cadre politique d’une saine gouvernance publique. Alessandro, M., M. Lafuente et C. Santiso (2013), The Role of the Centre of Government A Literature Review, Institutions for Development , Washington DC.

 
Graphique 1. Principales attributions du centre de gouvernement

Note : les pays ont été interrogés sur les quatre domaines qu’ils considèrent comme les responsabilités les plus importantes du CoG..

Source : (OCDE, 2018[2]) basé sur Survey on the Organisation and Functions of the Centre of Government (Enquête sur l’organisation et les fonctions du centre de gouvernement), OCDE (2017).

Les capacités croissantes dont les centres de gouvernement se sont dotés en matière de planification stratégique et de coordination les placent au centre du pilotage de l’État pendant que la crise du coronavirus (COVID-19) bat son plein. Dans ce contexte, les CoG doivent animer l’action publique, appuyer les décideurs et rassembler les énergies, mais sont-ils bien armés pour affronter la crise ?

En général, en temps de crise, les centres de gouvernement s’attachent en priorité à gérer et coordonner l’action des services de l’État (OCDE, 2018[2]). En 2017, la Survey on the Organisation and Functions of the Centre of Government − Enquête sur l’organisation et les fonctions du centre de gouvernement de l’OCDE avait montré que 83 % des CoG assumaient dans une mesure plus ou moins grande la responsabilité de la gestion des risques et que plus du tiers en assumaient la responsabilité principale (OCDE, 2018[2]). Nonobstant ces chiffres, 10 % seulement des CoG déclarent que la « gestion des risques et la prospective stratégique pour l’ensemble des services de l’État » sont des attributions essentielles du centre de gouvernement (voir Graphique 1). Autrement dit, quoique les CoG assument très souvent une partie des responsabilités, voire la responsabilité principale, dans les domaines de la gestion des risques et de la prospective stratégique, ils les considèrent rarement comme faisant partie de leurs tâches fondamentales. L’organisation du cheminement des rapports dans le cadre national de la gestion de crise peut aussi nous éclairer sur le rôle traditionnellement assumé par le centre de gouvernement en temps de crise. Il ressort de l’Enquête de l’OCDE sur la Gouvernance des risques majeurs que dans 13 pays sur 34, l’institution chef de file est directement subordonnée au chef de l’État ou du gouvernement et qu’elle est rattachée à un ministre dans 19 autres pays (OCDE, 2018[1]).

La pandémie du coronavirus (COVID-19) constitue un excellent exemple de la manière dont les gouvernements adaptent leur gestion de crise à une crise et un paysage institutionnel complexes. Les gouvernements ont notamment défini des approches complémentaires des procédures traditionnelles de gestion des situations d’urgence en confiant au centre de gouvernement un rôle directeur ou d’appui. Ils y ont été obligés parce qu’ils étaient confrontés à une équation à grand nombre d’inconnues, dont certaines n’avaient pas été identifiées. À bien des égards, la pandémie du COVID-19 est un parfait exemple de ce que Nicholas Taieb appelle un cygne noir, c’est-à-dire un événement extrêmement rare et imprévisible dont les conséquences peuvent être très lourdes pour la société, au point qu’elles dépassent tout ce à quoi on peut normalement s’attendre. (Taieb, 2007[5])

Ce document soulève des questions essentielles sur trois sortes d’initiatives prises par les gouvernements au cours de la crise du COVID-19, durant laquelle les centres de gouvernement ont souvent été en première ligne :

  1. 1.

    les dispositifs institutionnels chargés de gérer et coordonner l’action des services de l’État pendant la crise, notamment en désignant des coordinateurs et en créant de nouvelles structures administratives ou en assignant de nouvelles missions à celles qui existent déjà ;

  2. 2.

    la mise en place de mécanismes institutionnels spécifiques visant à prendre en compte les informations probantes, notamment en créant ou mobilisant des réseaux de coordination et mise en commun d’avis scientifiques de manière à les incorporer au processus de prise de décision ;

  3. 3.

    l’élaboration de mesures visant à assurer une communication efficace et cohérente à destination du public.

 L’impulsion donnée par le centre et son rôle de coordination se sont révélés décisifs

Dans le monde entier, face à une crise de santé publique sans précédent et dont les effets en cascade sur l’économie et la société sont inédits, les gouvernements ont été chargés d’apporter promptement une réponse efficace et cohérente à de multiples menaces : coordination des mesures d’urgence pour gérer les effets immédiats des mesures de confinement sur l’économie et détermination du calendrier de la levée de ces dernières ainsi que de son étendue. Avant la crise, la plupart des pays membres disposaient sous une forme ou sous une autre d’un cadre national pour la gestion de crise qui s’appuyait souvent sur les services de protection civile et avait pour but de conforter les réponses de l’ensemble des services de l’État à toutes sortes de dangers et menaces (OCDE, 2018[1]). Dans la plupart des cas, ces cadres nationaux ont été créés dans le sillage des grandes crises de la dernière décennie, qui avaient révélé les insuffisances de l’État et des systèmes de gestion des risques. Cependant, seul un petit nombre de pays de la zone OCDE avait eu affaire à une pandémie au cours des dernières décennies, sauf lors de l’épisode de SARS qui avait touché des pays tels que le Canada, la Corée ou Singapour. Comme le souvenir du SARS était encore frais, ces pays étaient mieux préparés à la pandémie de COVID-19. Au demeurant, la pandémie de H1N1 du début des années 2010 s’étant révélée moins grave que prévu, de nombreux pays de l’OCDE ont été incités à réduire leurs investissements pour se préparer à des crises futures durant les années qui ont suivi ou ont minimisé la menace du COVID-19 lorsque cette pandémie a éclaté. Bien que le cadre général de la gestion de crise se soit révélé utile dans certains pays pendant la crise du coronavirus, beaucoup ont été pris au dépourvu par la nouveauté, la sévérité et le caractère mondial de cette nouvelle pandémie. De nombreux gouvernements ont dont été amenés soit à mettre en place de nouvelles structures, soit à adopter des approches hybrides combinant les dispositifs existants et d’autres créés dernièrement pour gérer les urgences économiques et sanitaires et, ultérieurement, pour piloter le déconfinement.

Les structures auxquelles les gouvernements ont fait appel pendant la première phase de la crise avaient pour mission presque exclusive de coordonner la réponse des pouvoirs publics au coronavirus (COVID-19). Au fil du temps, leurs fonctions ont été adaptées de manière à faciliter le suivi de l’évolution de la crise tout en préparant progressivement la reprise. Cependant, la responsabilité de la gestion des risques et la coordination verticale avec les organismes supranationaux et les échelons infranationaux de l’État étaient rarement décrites explicitement comme faisant partie des fonctions principales des conseils restreints et cellules de crise qui gèrent la réponse de l’État à la pandémie, même dans le cas où ces fonctions font partie des attributions essentielles du CoG. Quoique la prospective soit une compétence cruciale (et souvent sous-développée) du CoG, elle ne tient en général pas une grande place dans l’équipe de gestion de crise. Le CoG peut au contraire ordonner à l’équipe de gestion de crise de collaborer avec la cellule de prospective (laquelle peut être logée ou non dans les locaux du CoG) afin que les décideurs puissent bénéficier de ses travaux.

 Les coordonateurs désignés jouent un rôle décisif dans la gestion de crise

De nombreux pays ont désigné un coordinateur ou un guichet unique pour articuler de façon plus lisible la réponse de l’État en assurant horizontalement la liaison entre les divers ministères, secteurs et juridictions.

  • Dans un petit nombre de pays, le coordinateur est issu du centre de gouvernement :

    • En Argentine, l’Article 1 du Décret 287/2020 a chargé le directeur du Cabinet de coordonner l’action des divers organismes et juridictions du secteur public pour mettre en œuvre les mesures et politiques préconisées par l’Autorité nationale de santé. (Boletín Oficial de la República Argentina, 2020[6]).

    • De même, en Italie, le directeur du service de la Protection civile, logé dans les locaux des services du Premier ministre, a été nommé commissaire spécial pour la situation d’urgence créée par le COVID-19 le 31 janvier 2020 (SKYtg24, 2020[7]).

    • En Lettonie, le Directeur de la Chancellerie d’État a été nommé chef du centre de gestion et de coordination inter-institutionnelle créé le 10 juillet 2020 par le Premier ministre.

    • Le faible nombre de pays ayant nommé un Coordonnateur issu du centre de gouvernement est assez paradoxal puisque la coordination est l’une des principales responsabilités de ce dernier.

  • La plupart des pays ayant nommé des coordinateurs ont choisi des hauts fonctionnaires qui n’étaient pas issus du centre de gouvernement même s’ils travaillaient en liaison étroite avec les structures du centre. Deux avantages peuvent découler de cette approche : premièrement, l’apport d’une expertise spécifique particulièrement utile pour régler la crise (dans les soins et la santé publique, les administrations locales, etc.), et deuxièmement la possibilité pour le CoG de continuer à tenir la barre à moyen et long terme sans être submergé par les contingences immédiates de la crise.

    • Par exemple, aux États-Unis et en Irlande, les coordinateurs désignés sont de hauts responsables de la santé publique (U.S. Department of State, 2020[8]).

    • D’autres pays, comme la Colombie, ont nommé des responsables ayant fait carrière dans les affaires économiques et commerciales (Dinero, 2020[9]). Si, au tout début de la crise, l’unité d’exécution colombienne avait été chargée de gérer les activités de l’État, elle n’a pas tardé à se replier sur sa responsabilité principale : assurer la mise en œuvre des priorités et l’atteinte des objectifs à moyen terme (2021-2022) et en suivre l’avancement. Ainsi, lorsque la Colombie s’est dotée d’un coordinateur pour la lutte contre le Covid-19, le CoG a limité sa contribution au prêt de personnel au coordinateur et à l’élaboration de programmes de travail et de routines et il a consacré le plus clair de son énergie à la réévaluation des objectifs à moyen terme dans ce contexte nouveau. Cependant, la nomination d’un coordinateur externe au CoG n’était pas exempte d’inconvénients, en particulier la méconnaissance du régime des marchés publics.

    • Ces dissimilitudes entre le parcours des différents coordinateurs peuvent aussi être utiles pour faire abstraction de l’approche sous-jacente adoptée par chaque pays pour affronter la crise et mettre en œuvre ses priorités. La France a nommé un coordinateur ad hoc pour la « stratégie de déconfinement » qui avait travaillé au ministère de la Santé en qualité de délégué interministériel aux Jeux olympiques après avoir exercé la fonction de maire, ce qui lui avait procuré une expérience de premier plan relative aux collectivités territoriales, si bien qu’il était en mesure d’appréhender les nombreux aspects et dimensions du déconfinement à tous les échelons de l’État (France Info, 2020[10]). Le Président Emmanuel Macron a nommé par la suite Premier ministre le coordonnateur du déconfinement, M. Jean Castex.

  • Dans certains pays, des personnes sont nommées automatiquement coordonnateur en vertu du poste qu’elles occupent dans le gouvernement. Au Japon par exemple, la loi veut que le Secrétaire général adjoint du cabinet de gestion de crise devienne automatiquement le coordonnateur de fait (Gouvernement du Japon, 1947[11]).

 Rôle des structures de haut niveau dans la prise de décision des gouvernements

La complexité et les conséquences multiples de la pandémie ont obligé les gouvernements à s’adapter à bref délai et à veiller à disposer de capacités de coordination suffisantes. De manière générale, les mécanismes institutionnels adoptés pour faire face à la situation d’urgence créée par la pandémie du coronavirus (COVID-19) se répartissent en quatre catégories :

  • les dispositifs ad hoc,

  • les structures existantes modifiées pour mieux répondre à la crise,

  • les structures temporaires prévues par les plans de gestion de crise, les politiques ou les lois sur la sécurité nationale et

  • une approche hybride combinant deux ou trois des mécanismes ci-dessus.

Ces institutions sont généralement subordonnées au Premier ministre ou au Président, une minorité d’entre elles étant placée sous l’autorité du ministère de la Santé et du ministère de l’Intérieur, vis-à-vis desquels le CoG a tendance à se cantonner dans un rôle de soutien. Dans l’ensemble, ces réponses des pouvoirs publics mettent en évidence la nécessité de faire preuve d’agilité pour faire remonter la prise de décision en temps de crise à un haut niveau, les structures existantes jouant un rôle de soutien.

  • Il ressort d’un examen sommaire de l’OCDE que la plupart des pays ont recouru à des structures ad hoc créées exclusivement pour gérer la pandémie actuelle1. Par exemple :

    • Le Président du Chili a présidé le 5 mars 2020 la première séance du Comité interministériel sur le coronavirus en présence du ministre de la Santé et des sous-secrétaires d’État de tous les ministères (Gouvernement du Chili, Ministère de la Santé, 2020[12]). Le Comité interministériel a pour mission d’anticiper les prochaines étapes et de coordonner les mesures de protection de la population.

    • De même en Australie, le Cabinet national nouvellement institué a été créé lors d’une réunion du Conseil du gouvernement australien le 13 mars 2020 (Gouvernement de l’Australie, Cabinet du Premier ministre, 2020[13]). Ce cabinet extraordinaire, composé du Premier ministre, des Premiers ministres des États et des ministres en chef des territoires (Tulich, 2020[14]), est conseillé par l’Australian Health Protection Principals Committee (Comité des directeurs de la protection sanitaire australienne) présidé par le Chief Medical Officer (Responsable de la santé publique) et le National Co-ordination Mechanism (Mécanisme de coordination national) logé dans les locaux du ministère de l’Intérieur. (Gouvernement de l’Australie, Cabinet du Premier ministre, 2020[13]).

  • Un nombre assez faible de pays a adapté les structures existantes pour affronter cette crise au lieu de créer de nouveaux organismes conçus pour y répondre spécifiquement. Ces structures prennent généralement la forme d’institutions chargées de la gestion des risques/catastrophes nationales et s’inspirant largement des approches de la protection civile ou du conseil national de sécurité.

    • Par exemple, en Italie, le service de la Protection civile créé en 1982 et subordonné au cabinet du Premier ministre a été mandaté pour gérer la réponse nationale à la crise du COVID-19 (Gouvernement de l’Italie, Direction de la protection civile, 2020[15]). Un comité opérationnel a été formé à l’intérieur du service national de la Protection civile pour assurer la coordination de toutes les activités de ce dernier.

    • En Belgique, le Conseil national de sécurité présidé par le Premier ministre et composé des Vice-Premier ministres et des ministres-présidents des régions a le pouvoir de prendre les décisions relatives au COVID. Ces décisions ont ensuite été concrétisées dans d’autres unités et coordonnées par le Centre de crise national (NCCN) hébergé par le Service Public Fédéral Intérieur (équivalent du ministère de l’Intérieur) (Gouvernement de la Belgique, 2020[16]).

  • Quelques rares pays ont mis sur pied des structures temporaires en vertu des lois sur la sécurité nationale ou de plans stratégiques préexistants pour le traitement des crises de grande ampleur.

    • Ainsi, en France, la Cellule Interministérielle de Crise (CIC) a été convoquée par le Premier ministre le 17 mars 2020 dans le cadre de la gestion de crise standard (Jauvert, 2020[17]). La CIC, chargée de coordonner l’action de tous les ministères concernés par la crise, (Premier Ministre, 2012[18]) était animée par le chef de cabinet du Premier ministre (Ouest-France, 2020[19]). En outre, le gouvernement français a convoqué à de multiples reprises le « conseil de défense », qui réunit un petit nombre de ministres et responsables de très haut niveau afin de prendre des décisions importantes (Gouvernement français - Élysée, 2020[20]). Dans des pays tels que la Lettonie, la loi sur la sécurité nationale énonce les conditions dans lesquelles peut être convoqué l’organe investi du pouvoir de décision en matière opérationnelle pendant un état d’urgence, en l’occurrence le Conseil de gestion de crise présidé par le Premier ministre (SAIEMA, 2000[21]). Après l’instauration de l’état d’urgence, la cellule de gestion et de coordination inter-institutionnelle animée par le Directeur de la Chancellerie de l’État a été créée le 10 juillet 2020 par le Premier ministre.

    • De même, à Singapour, pendant l’épisode de SARS de 2003, les autorités avaient convoqué un comité ministériel auquel participaient des représentants de très nombreux organismes publics afin de gérer la crise (Lin, Lee et Lye, 2020[22]). Ces structures de gestion de crise sont restées en service depuis lors, des comités ministériels étant convoqués à l’occasion de la pandémie de H1N1 en 2009 et de la crise du Zika en 2016. Un groupe d’étude ministériel provisoire du même type a été constitué le 22 janvier 2020 pour gérer l’épidémie de COVID-19 (Hsu et Tan, 2020[23]).

  • Enfin, de nombreux pays ont opté pour une approche hybride combinant des mécanismes ad hoc, temporaires et/ou préexistants pour piloter l’action des administrations publiques pendant la crise.

    • Depuis que la pandémie de COVID-19 s’est déclarée à la mi-mars, le gouvernement de la République fédérale d’Allemagne a promptement changé de méthodes de travail et mis en place un modèle de fonctionnement bien défini reposant sur une organisation horizontale et une procédure de remontée d’informations accélérée. Les conseils des ministres périodiques ont été complétés par deux séances spéciales du « Cabinet Corona ». Alors que le conseil des ministres se tient le mercredi, le Cabinet Corona à effectifs restreints se réunit le lundi sous la présidence du Chancelier, qui est flanqué des ministres fédéraux des Finances, de l’Intérieur, des Affaires étrangères, de la Défense et de la Santé ainsi que du Chef de la Chancellerie fédérale. Le Cabinet Corona étendu se réunit le jeudi. Y participent, outre les membres du Cabinet Corona restreint du lundi, tous les ministres compétents pour les sujets à traiter. Les Cabinets Corona sont épaulés par une équipe conjointe de gestion de crise créée par les ministères fédéraux de la Santé et de l’Intérieur qui est chargée de régler directement les autres questions opérationnelles. Ces dernières incluent la mise en œuvre pratique des décisions prises par les Cabinets Corona et le traitement des demandes d’assistance provenant des États de la Fédération/Länder. Les achats de masques et de matériel médical ont été confiés à une équipe de gestion des approvisionnements logée dans les locaux du ministère fédéral de la Santé et composée d’experts du ministère des Finances, du ministère des Affaires étrangères fédéral et d’agents de liaison détachés par des entreprises allemandes ayant des compétences pointues dans le domaine du commerce international.

    • Aux États-Unis , le gouvernement a formé une Équipe de travail sur le coronavirus (White House Coronavirus Task Force) animée par le Vice-Président Pence pour gérer les tests, les approvisionnements en équipements de protection et les mesures visant à atténuer la crise (Government of the United States of America - White House, 2020[24]) tout en mobilisant le Conseil de gestion du Président (President’s Management Council) coordonné par l’Office of Management and Budget (OMB), avec l’aide des Secrétaires adjoints des agences agissant en qualité de Directeurs généraux. Après s’être réuni tous les jours pendant le premier mois, ce groupe a réduit le nombre de réunions à trois par semaine au début de l’été 2020 pour assurer une coordination efficace et un fonctionnement harmonieux de l’administration.

    • En Lituanie, afin d’adapter le Centre opérationnel des situations d’urgence institué par la loi sur la protection civile et présidé par le ministre de la Santé (LRT, 2020[25])- aux menaces multidimensionnelles engendrées par la pandémie, le gouvernement a créé un Comité des situations d’urgence sous l’autorité du Premier ministre (Jačauskas et Skėrytė, 2020[26]). Ce comité a pour mission d’aider le gouvernement, la Commission des situations d’urgence et le Chef du Centre opérationnel des situations d’urgence à gérer une urgence au niveau de l’État.

    • De même, au Royaume-Uni, le comité des urgences civiles (familièrement surnommé COBRA par référence à la salle du Cabinet Office Briefing Room dans laquelle il se réunit) est présidé par le Premier ministre ou un ministre de premier plan désigné par celui-ci et prépare les décisions du gouvernement en cas d’urgence (Haddon, 2020[27]). Il est appuyé par le Secrétariat aux urgences civiles logé chez le Bureau du Cabinet. Ce dispositif est complété depuis mars 2020 par quatre comités d’exécution nouvellement formés afin de surveiller l’évolution de la situation et d’affiner les mesures prises par COBRA dans leurs domaines de compétence respectifs : santé, secteur public en général, affaires économiques et relations internationales (United Kingdom Government, 2020[28]).

Dans l’ensemble, les structures au moyen desquelles les gouvernements gèrent la pandémie dénotent la complexité de la crise à laquelle sont confrontées les administrations centrales, qui ont à discuter avec de multiples parties prenantes. Il apparaît que les outils de gestion de crise traditionnels, qui sont fondés sur des protocoles et procédures standards, ont atteint leurs limites. Des approches complémentaires ont été mises en œuvre en sus, et parfois en lieu et place, de ces procédures de fonctionnement standards pour faire face à la pandémie et à ses effets redoutables. Cette tendance est conforme aux conclusions du rapport de l’OCDE (2018) Assessing Global Progress in the Governance of Critical Risks (Évaluation des progrès de la gouvernance des risques critiques dans le monde). De fait, ce rapport avertissait que « quoique les plans d’urgence préparés à l’avance et déclenchés par des systèmes d’alerte avancée puissent se révéler fort précieux pour les situations d’urgence classiques, ils doivent être complétés par des partenariats plus souples avec un réseau impliquant de multiples parties prenantes et par des outils permettant de comprendre des phénomènes complexes et de donner des explications compréhensibles aux citoyens grâce à des approches plus modernes de la communication de crise » (OCDE, 2018[1]).

Tous ces mécanismes ont contribué de façon décisive à doter les services de l’État d’une organisation ramassée pour faire face au COVID-19. Si elle est utile pour collecter et mettre en commun des informations et prendre des décisions de politique publique, la multiplication des mécanismes de pilotage et de coordination des réponses de l’État à la crise peut être à l’origine de plusieurs failles de gouvernance telles que la coordination interne entre ces organismes et, en particulier dans les États à structure fédérale, entre les différents échelons de l’État, elles appellent des correctifs pour combler les lacunes, supprimer les doublons et renforcer la cohérence de la démarche suivie. Veiller à la cohérence des décisions de politique publique au centre et à l’application uniforme de ces décisions à tous les échelons des administrations infranationales est une condition cruciale de l’efficacité eu égard au coût économique prohibitif des mesures de confinement.

  • Ainsi, en France un rapport a préconisé la fusion des cellules de gestion de crise existantes pour s’adapter aux circonstances nouvelles résultant de l’arrêt du confinement (Castex, 2020[29]). En conséquence, le 19 mai 2020 les services du Premier ministre ont annoncé que la Cellule Interministérielle de Crise serait remplacée par un Centre Interministériel de Crise sous la direction du préfet Denis Robin (Ouest-France, 2020[19]). Les ministères de l’Intérieur et de la Santé doivent être pleinement intégrés à cette organisation qui rapprochera systématiquement les divers réseaux territoriaux.

  • La crise a développé la coordination à un niveau inédit dans certains pays, ce qui facilite l’accomplissement de réformes de gouvernance publique qui bien souvent demandaient des années. En Australie, le Cabinet national institué en mars 2020 pour répondre à la crise succédera au Conseil du gouvernement australien (Council of Australian Government − COAG) en tant que principal forum permettant aux responsables des États et territoires de collaborer avec l’État fédéral (Karp, 2020[30]). Alors que le COAG se réunissait deux fois par an, le Cabinet national s’est réuni plusieurs fois par semaine dans un premier temps avant de descendre à deux fois par semaine, puis une fois par quinzaine. Cette fréquence des réunions et le sentiment d’avoir à accomplir une tâche commune ont permis au Cabinet national d’être une instance plus agile et coopérative et d’assurer plus efficacement que le COAG sa mission de coordination de l’action publique et de transmission d’un message clair sur l’intérêt national (Gouvernement de l’Australie, Cabinet du Premier ministre, 2020[31]). Le Premier ministre de l’Australie a notamment souligné que le Cabinet national est un organisme plus ramassé, ce qui permet au gouvernement de rationaliser les processus et assurer une prise de décision plus prompte.

Les crises ont maintes fois joué un rôle utile parce qu’elles ont aidé à surmonter les obstacles de l’organisation en silos grâce à un sens de l’urgence partagé qui est bien souvent difficile à faire renaître une fois que, l’alerte passée, le gouvernement doit partager son attention entre des problèmes plus classiques. L’aptitude du CoG à transposer les connaissances acquises pendant une crise d’un type donné à une crise d’un autre type sera décisive à mesure qu’augmentent la fréquence, l’étendue et l’ampleur des crises auxquelles la société est confrontée. De ce point de vue, l’expérience de Singapour après la crise du Syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) mérite d’être prise en compte. En effet, quoique le COVID-19 et le SRAS soient des maladies très différentes et qu’elles n’aient pas le même impact sur le monde, les structures temporaires créées pendant la crise du SARS ont été reproduites pour affronter celle du COVID-19, de telle sorte que les pouvoirs publics ont pu réagir en anticipant mieux son évolution, avec à la clef un taux de mortalité assez bas. En fait, grâce à l’expérience acquise à la faveur de la crise du SRAS, plusieurs juridictions et économies telles que Singapour, la Corée, Hong Kong et Taïwan étaient beaucoup mieux préparées et avaient une capacité d’adaptation accrue lorsque la crise du COVID-19 est survenue.

 Les CoG ont aussi joué un rôle crucial dans la coordination des efforts avec les administrations infranationales.

Comme on l’a vu plus haut, l’impulsion donnée par le Centre de gouvernement à la coordination des mesures contre le Covid-19 avec les échelons infranationaux couvre un champ plus ou moins vaste selon les pays. Les avantages comparés d’une organisation centralisée par rapport à un système politique fédéral sont l’un des principaux sujets de débat (OCDE, 2020[32]) (Cockerham et Crew Jr., 2020[33]). Quelle que soit la nature du système politique, l’intensité de la coordination verticale sous la direction du CoG influe sur les formes que prendra la réponse d’un pays à la crise. La qualité de cette coordination verticale a été un déterminant clef de l’efficacité des réponses apportées par les différents pays à la crise économique et sanitaire. (OCDE, 2020[32]) En effet, les autorités infranationales ont la responsabilité d’aspects cruciaux de la gestion de crise, en particulier ceux qui concernent les mesures de confinement, les soins, les services sociaux et le développement économique. Les effets asymétriques de la pandémie et la répartition des responsabilités entre les différents échelons administratifs imposent donc une forte coordination verticale (OCDE, 2020[32]).

Les éléments dont on dispose suggèrent que quand le CoG participe à la coordination des mesures contre la crise, son rôle est généralement influencé par deux facteurs : le fait 1) que les administrations infranationales soient représentées ou non dans les organes qui prennent les décisions sur la gestion de crise et 2) que des mécanismes institutionnels de coordination avec les échelons infranationaux suffisamment développés aient existé avant la crise et la mesure dans laquelle les administrations infranationales ont-elles-mêmes la capacité administrative, budgétaire et technique nécessaire pour dialoguer efficacement avec l’État national au sujet de l’application des stratégies contre la crise.

  • Plusieurs pays se sont dotés de mécanismes de coordination avec les échelons infranationaux, notamment en incluant des représentants de ceux-ci dans les organes décisionnaires qui ont à gérer la crise.

    • En Allemagne, le système coopératif fédéral et les nombreuses instances de coordination entre l’État fédéral et les Länder (conférence des Ministres-présidents, conférence des ministres de la Santé et centre de coordination conjoint entre l’État fédéral et les Länder) visent à garantir la cohérence de l’approche suivie par l’Allemagne (Klafki, 2020[34]).

    • La Belgique, qui a aussi une organisation fédérale, a élargi le Conseil national de sécurité ainsi que le Comité fédéral de coordination de manière à y inclure les Ministres-présidents des Régions et des Communautés (Gouvernement de la Belgique, 2020[16]). C’est aussi le cas du Cabinet national en Australie (voir plus haut).

    • De même, en Espagne, sous le régime de l’état d’urgence, quatre ministres nationaux (Santé, Intérieur, Transports et Défense) prennent toutes les décisions relatives au COVID sous l’autorité du Premier ministre.

    • Les pays dans lesquels les autorités infranationales ne font pas partie des organes décisionnaires gérant la pandémie ont fait part de plusieurs difficultés rencontrées durant la crise en matière de coordination verticale. Ainsi, en Pologne, alors que l’État central avait la charge de la réponse stratégique, la gestion de ses retombées/son application était du ressort des administrations locales. Il en est résulté des tensions, en particulier à propos de l’enseignement et des mesures de déconfinement.

    • De même, en Colombie, les maires se sont efforcés d’interpréter à leur manière les règles édictées par l’État central, ce qui a entraîné quelques incohérences. C’est pourquoi, pour limiter les écarts entre communes, le Président a commencé à prononcer des allocutions à la télévision tous les jours.

  • De nombreux gouvernements qui avaient choisi de ne pas faire participer les autorités infranationales aux comités ou structures d’urgence chargés de gérer la crise n’en ont pas moins déployé de robustes mécanismes de coordination verticale sous la direction du CoG. Par exemple :

    • Pour coordonner ses mesures entre tous les échelons administratifs, l’Italie s’est appuyée sur l’Agence de la protection civile, qui jouit d’un grand prestige. (OCDE, 2010[35]) Chacune des 20 régions de l’Italie dispose d’un service de protection civile et d’unités d’intervention composées de volontaires. L’Italie s’était appuyée initialement sur ces unités en l’absence de services de santé dédiés. En outre, les dirigeants des régions ont tenu des réunions quotidiennes avec le Premier ministre qui préside le Conseil des ministres.

    • En France, les autorités infranationales ne sont pas représentées à la Cellule Interministerielle de Crise (Premier Ministre, 2012[18]) mais, au niveau local, les décisions sont communiquées aux Préfets de Zones de Défense par le truchement du Centre Opérationnel de Gestion Interministerielle de Crise (COGIC) hébergé dans les locaux du ministère de l’Intérieur (Premier Ministre, 2012[18]). De plus, les agences régionales de santé fonctionnent de facto comme des « préfets sanitaires » pour assurer la coordination dans le domaine de la santé au niveau local. Dans le cas de la France, les administrations centralisées s’appuient sur la coopération verticale au moyen de mécanismes de montée en puissance qui s’activent automatiquement si les administrations locales n’ont pas les capacités requises pour gérer la crise à elles seules (OCDE, 2018[1]).

    • Dans la République de Corée, quoique les administrations infranationales ne soient pas membres du Central Disaster and Safety Countermeasures Headquarters (Quartier général du Service central de lutte contre les catastrophes naturelles et des mesures de protection), des Centres for Epidemic Countermeasures (Centres des mesures de protection contre les épidémies) ont été créés au niveau local pour assurer la coordination avec l’État central (Gouvernement de la République de Corée, 2020[36]).

 Utiliser les éléments fondés sur des données probantes pour susciter la confiance dans les décisions prises

La crise place les gouvernements dans une posture délicate car ils doivent veiller à ce que les processus de prise de décision soient clairs et légitimes et qu’ils suscitent la confiance grâce à l’utilisation des meilleures connaissances scientifiques alors même que subsistent de nombreuses inconnues et que le temps dont on dispose pour le dialogue et le recueil d’informations est extrêmement limité. Il a été jugé dans de nombreux cas que cette approche était la meilleure possible dans un contexte aussi incertain. La crise a braqué les projecteurs sur des questions telles que la confiance dans les pouvoirs publics et les avis des experts et que la ligne de partage entre les experts et les instances de décision politiques. En outre, les gouvernements ont dû synthétiser des informations provenant de multiples sources et acteurs et les prendre en compte dans leurs plans et les réponses qu’ils apportaient à la crise du coronavirus (COVID-19).

De plus, la pandémie a mis à rude épreuve la capacité des gouvernements de jouer un rôle de coordination pour garantir la qualité des éléments probants, recueillir et comprendre les données et partager les connaissances scientifiques et les informations avec les autres pays (OCDE, 2020[37]). Des mesures ont été prises au plus haut niveau pour surmonter ces difficultés sous la forme de demandes d’avis scientifiques et de conseils techniques émanant des services des centres de gouvernement et/ou des ministères responsables.

Cette section examine les configurations institutionnelles adoptées pour faire en sorte que les centres de gouvernement puissent disposer des avis scientifiques à travers les pays : l’architecture, les fonctions et la composition de leurs institutions et la manière dont les éléments probants sont recueillis, employés et intégrés dans les processus de prise de décision au plus haut niveau de l’État. Les éléments probants concernent également la prospective stratégique, qui est aussi abordée sous l’angle de son utilité pour améliorer la prise de décision durant la crise et une fois que celle-ci sera passée. Cette section se clôt sur la bonne gouvernance des éléments probants, qui doit préserver la confiance des citoyens dans les institutions, laquelle renforce l’efficacité des solutions apportées à la crise par les pouvoirs publics.

 Un recours accru aux compétences scientifiques et techniques

Les dirigeants politiques ont sollicité des avis scientifiques et compétences techniques pour comprendre la crise actuelle et y répondre (OCDE, 2020[38]), de sorte que de nombreux pays ont été amenés à se doter des mécanismes ad hoc pour garantir l’indépendance de ces experts vis-à-vis de l’État (OCDE, 2017[39]) alors qu’existe souvent un lien direct avec le centre de gouvernement. Les décideurs doivent fréquemment se fier aux avis de comités scientifiques, groupes de travail et groupes d’experts, dont certains ont été créés spécifiquement en raison de la pandémie tandis que d’autres existaient avant. La plupart de ces comités sont subordonnés au Président, au Premier ministre et/ou au ministre de la Santé.

  • Plusieurs chefs d’État et de gouvernement ont recouru à des mécanismes institutionnels ad hoc pour recueillir les avis scientifiques. Ces dispositifs, qui se présentent fréquemment sous la forme de groupes de travail, commissions d’experts ou comités scientifiques, ont été créés pour alimenter le gouvernement en données et connaissances scientifiques. Ainsi, en Argentine, un comité scientifique ad hoc rend compte directement au Président sur les problèmes relatifs au diagnostic du COVID et sur les recherches portant sur cette maladie (Gouvernement de l’Argentine, 2020[40]). La Colombie et l’Espagne ont créé des comités similaires.

  • La plupart des commissions ou comités ad hoc ont été créés pour appuyer les ministères responsables à l’échelon national, en particulier ceux de la Santé et des Affaires sociales. Les groupes d’étude scientifiques créés en Autriche, au Chili, en France et en Grèce assument ces fonctions. Au niveau local, le Comité consultatif spécial sur le nouveau coronavirus (SAC) conseille les ministres adjoints de la Santé fédéral, des provinces et des territoires du Canada sur les questions de santé publique relatives à la pandémie de COVID-19 (Gouvernement du Canada, 2020[41])

  • Un petit nombre de pays fait appel à des structures préexistantes pour recueillir des avis scientifiques. Ce sont des organismes consultatifs ou instituts de recherche chargés de coordonner la recherche et dispenser des avis scientifiques en cas d’urgence ou de crise. Par exemple, au Royaume-Uni, le Conseil scientifique pour les situations d’urgence − Scientific Advisory Group for Emergencies (SAGE), l’un des premiers organismes de ce type, est chargé de faire en sorte que des avis coordonnés soient remis dans les délais voulus aux décideurs pour étayer les décisions concernant l’ensemble des administrations qui sont prises au comité COBRA (Cabinet Office Briefing Room) (Government Office for Science - UK, 2020[42]) (OCDE, 2018[43]).

En sus des cas susmentionnés, d’autres situations pourraient amener à faire participer des groupes d’experts aux discussions des comités officiels, ou même à faire siéger des experts lors de réunions du gouvernement à l’échelon ministériel ou à organiser des discussions entre des experts et des ministres, voire des chefs d’État.

Pendant la crise du coronavirus (COVID-19), les deux structures ad hoc et les institutions existantes avaient déjà pour priorité d’estimer l’évolution du virus dans la durée et de concevoir des contre-mesures telles que le confinement, la gestion du service de santé ou l’emploi d’équipements de protection.

  • À titre d’illustration, le conseil scientifique du Chili a pour mission de conseiller le ministre de la Santé à propos des politiques publiques portant sur la prévention, les diagnostics, les soins et la communication pour l’aider à relever des défis inédits du coronavirus (Ministère de la Santé, Chili, 2020[44]). De plus, quelques organismes de conseil scientifique s’impliquent dans la conception de stratégies de reprise. 

  • Ces comités, qui ne se bornent pas toujours à dispenser leurs conseils aux pouvoirs publics, peuvent en faire bénéficier le secteur privé. Par exemple, au Danemark, l’Autorité de la Santé émet au profit de différentes branches de l’économie des recommandations spécifiques sur les moyens de lever sans danger les restrictions (Danish Health Authority, 2020[45]).

  • Plusieurs pays sont en train de tirer les leçons des mesures qu’ils ont adoptées. Ainsi, en Suisse, le Groupe d’étude scientifique national sur le COVID-19 analyse les effets des mesures prises par le gouvernement pour faire face à la pandémie (Gouvernement de la Suisse, 2020[46]).

  • Certains pays ne se contentent pas de faire appel aux structures institutionnelles existantes pour obtenir des avis scientifiques et leur demandent aussi de collecter des éléments probants sur les effets différenciés de la crise sur les hommes et sur les femmes. À titre d’illustration, en Suède, l’Agence pour l’égalité des genres – Gender Equality Agency actualise périodiquement les renseignements disponibles sur la manière dont la pandémie de COVID-19 affecte les hommes et les femmes.

 Les freins à la gouvernance des éléments probants fondée sur des avis crédibles et transparents

Maintenir un lien de confiance entre les décideurs et les apporteurs de connaissances scientifiques est une condition cruciale pour une prise de décision efficace dans un contexte caractérisé par une très grande incertitude. Ce peut être fait, par exemple, en nommant des experts aux parcours diversifiés de manière à garantir que les décisions soient fondées sur des avis crédibles et impartiaux. Cependant, tous les pays sont confrontés à une situation comportant de multiples inconnues en matière sanitaire et épidémiologique alors que ses conséquences économiques et sociales sont considérables. Dans ces conditions, assurer une saine gouvernance des éléments probants pour fournir des informations intelligibles et dignes de foi en faisant preuve d’empathie apparaît souvent comme une tâche très ardue.

Une première difficulté tient au caractère multidisciplinaire des compétences requises des experts. Les comités scientifiques peuvent bénéficier du recueil d’avis provenant non seulement d’experts de la santé, mais aussi d’autres disciplines. Cependant, malgré les avantages d’une approche multidisciplinaire, de nombreux comités consultatifs sont composés d’experts en épidémiologie, en virologie, en santé publique et en médecine.

  • À cet égard, en Suisse, la composition interdisciplinaire du Groupe d’étude scientifique national sur le COVID-19, qui se compose d’une commission consultative et de dix groupes d’experts thématiques portant sur les soins cliniques, les données et la modélisation, les diagnostics et les tests, l’épidémiologie numérique, l’économie, l’éthique, le droit, les affaires sociales, les plates-formes d’échange, l’immunologie de groupe, la prévention et le contrôle des infections ainsi que la santé publique est une pratique qui mérite réflexion (Gouvernement de la Suisse, 2020[47]).

  • Un autre exemple en Italie, est le Comité d’experts sur les affaires économiques et sociales (“Comitato di esperti in materia economica e sociale”) formé par des experts dans les domaines de la psychologie sociale, de l’économie, de la finance, de la santé, de la philosophie et de l’environnement. Ce comité a pour mission de concevoir et proposer les mesures nécessaires pour faire face à l’urgence et assurer une reprise graduelle dans les divers secteurs socio-économiques. Il s’est en outre efforcé d’assurer un équilibre entre les genres en incorporant plus de femmes dans la commission d’experts (Gouvernement de l’Italie, 2020[48]).

La consultation d’organisations représentant la société civile, le secteur privé, les citoyens et les organisations internationales peut contribuer à la qualité des conseils donnés tout en renforçant leur crédibilité et en les rendant plus inclusifs. En Australie, la National Co-ordination Commission − Commission nationale de coordination est ainsi appuyée par un Comité exécutif d’administrateurs issus du monde de l’entreprise et d’associations sans but lucratif. Elle coordonne les avis remis au gouvernement sur les mesures à prendre pour anticiper et atténuer les conséquences économiques et sociales de la pandémie planétaire de COVID-19 (Gouvernement de l’Australie, 2020[49]). Enfin, la plupart des comités scientifiques, sinon tous, collaborent étroitement avec les instituts de recherche nationaux et internationaux afin de coordonner et mettre en commun la collecte d’éléments probants de qualité dans les délais voulus.

Certains pays recourent à une approche différente qui consiste à positionner les comités consultatifs comme des courtiers en connaissances plutôt que des producteurs en incitant les parties prenantes des milieux universitaires et de la recherche à ouvrir un dialogue productif.

  • Ainsi, en Allemagne l’Institut Robert Koch collabore avec d’autres instituts nationaux et avec le monde universitaire pour lancer le projet COVID-19 Snapshot Monitoring (COSMO) (Robert Koch Institut, 2020[50]). Ce projet a pour finalité de mieux comprendre la manière dont le public perçoit la pandémie de manière à brosser un tableau de la situation psychologique qui émerge à un moment donné (University of Erfurt, 2020[51]).

  • Au Canada, la Public Health Agency (Agence de santé publique) a ouvert des discussions avec les organismes de l’État fédéral pour tirer le meilleur parti de leurs forces respectives et développer les synergies dans les domaines de la gestion de la recherche clinique et de la recherche sociale et sur les politiques publiques (Gouvernement du Canada, 2020[52]).

Une deuxième préoccupation est de maintenir le rôle de contrôleur d’accès et de filtre que joue le CoG en veillant à ce que les décideurs disposent de l’espace réservé dont ils ont besoin pour prendre des décisions avec la latitude nécessaire tout en recueillant une masse d’éléments probants significative en un court laps de temps. Habituellement, les ministères responsables/institutions chefs de file qui conçoivent les politiques possèdent les connaissances et l’expertise nécessaires alors que le CoG assure le contrôle qualité des règles et processus. Cependant, une réponse prompte et efficace à la crise du COVID-19 suppose que de multiples acteurs (organismes spécialisés/groupes d’experts, personnel politique et décideurs) soient consultés avant de prendre la décision finale. Il ressort des éléments dont on dispose qu’un faible nombre de pays a codifié des procédures pour garantir la qualité, la compétence et la légitimité des avis scientifiques en se référant notamment à l’examen par les pairs et/ou à la réputation professionnelle des conseillers (OCDE, 2018[53]).

Si l’architecture des institutions peut varier au gré de la culture politique ou administrative des différents pays, il importe qu’elles fournissent des informations fiables et transparentes pour que le public puisse y ajouter foi et accepter les mesures adoptées (OCDE, 2018[53]). Par exemple, dans certains cas les dispositifs de contrôle qualité utilisent les mêmes données et informations quand plusieurs agences appliquent des modèles différents, tandis que dans d’autres cas il apparaît que la voie privilégiée est l’application de normes communes et l’accréditation des fournisseurs d’informations. On notera néanmoins qu’une standardisation excessive des dispositifs de contrôle qualité peut aller à l’encontre de la légitimité des conseils ou données fournis aux yeux de la population locale ; c’est pourquoi il est opportun de favoriser la compréhension mutuelle et la confiance dans les résultats obtenus dans les divers pays au cours de crises différentes (OCDE, 2018[53]).

Une troisième difficulté tient au délai entre l’obtention des éléments probants et leur utilisation, la première exigeant ordinairement plus de temps que celui dont disposent les responsables de l’action publique pour prendre leurs décisions. Les réponses politiques à court terme à la crise du COVID-19 pourraient donc bénéficier de la recherche collaborative et de la mise en commun des résultats et données préliminaires de la recherche (OCDE, 2020[54]) de manière à accélérer le recueil et l’analyse des éléments probants. Dans une urgence planétaire telle que la pandémie de COVID-19, une politique de science ouverte peut aboutir à une circulation plus rapide des données, recherches et idées cruciales pour combattre la maladie (OCDE, 2020[37]). En outre, les responsables de l’action publique pourraient recourir à des normes interopérables et des accords de partage de données impliquant les secteurs public et privé et la société civile de manière à renforcer la contribution des données ouvertes à la résolution de la crise ainsi que les capacités et mécanismes permettant de faciliter l’accès aux données (OCDE, 2020[37]).

Par exemple, de nombreux pays ont instauré des structures de gouvernance spécifiques pour coordonner les activités dans le domaine de la science, de la technologie et de l’innovation et faire en sorte que les mesures prises dans les diverses institutions soient cohérentes et se renforcent mutuellement et qu’elles concourent à l’atteinte de buts communs (OCDE, 2020[54]). Cette approche est illustrée par l’Afrique du Sud, où un sous-comité a été créé sous l’égide du National Command Council (Conseil de commandement national) afin de coordonner le fonctionnement d’un cadre national de la recherche sur le COVID-19. Ses missions principales sont la mobilisation des financements dans toutes les agences, la fixation de nouvelles priorités pour les stratégies de recherche et l’élaboration d’un cadre éthique et réglementaire pour faciliter la recherche sur le virus (OCDE, 2020[54]).

 Clarifier le rôle et les processus de délibération des structures consultatives et prévenir les éventuels conflits d’intérêts pour renforcer la confiance

L’expérience enseigne que, dans la crise du coronavirus, la confiance est un ingrédient indispensable au succès des mesures de protection car il dépend de la manière dont le public adaptera son comportement (Betsch, Wieler et Habersaat, 2020[55]). D’après l’Edelman Trust Barometer, bien que les sondages réalisés dans 11 pays fassent état d’une augmentation de la confiance dans le gouvernement qui, à 65 %, atteint son niveau le plus élevé de tous les temps, la confiance dans les entreprises diminue et les sondés déclarent se fier davantage aux conseils des médecins (80 %), des scientifiques (79 %) et des responsables de la santé publique (71 %) qu’à ceux des dirigeants des collectivités territoriales (61 %) et, a fortiori, des dirigeants de leur pays (57 %) (Edelman Trust Barometer, 2020[56]). C’est pourquoi, en Belgique, des experts scientifiques se tiennent aux côtés des porte-parole du gouvernement pendant les allocutions quotidiennes sur la pandémie. Cette formule été reprise dans certains pays, comme l’Estonie, où la fonction de porte-parole a été transférée des responsables politiques au coordinateur en chef de l’Agence de protection sanitaire pendant la crise. Les leçons des épidémies précédentes ont mis en lumière l’importance du partage de données et de publications pour accroître et entretenir la confiance entre les divers organismes, construire des systèmes permettant de se préparer aux crises et d’y répondre et définir à l’avance les responsabilités respectives des parties prenantes (OCDE, 2020[37]). La nécessité de partager les données a aussi des répercussions sur les protocoles et publications scientifiques et suscite des débats passionnés sur la coordination de la recherche mondiale et les leçons à tirer de certaines découvertes pour l’action publique (ISARIC clinical characterisation group, 2020[57]).

Bien que les avantages d’une plus grande transparence dans les processus de prise de décision soient reconnus, en particulier en ce qui concerne les avis scientifiques sur lesquels sont fondées les décisions prises, de nombreux pays contrôlent la nature et la quantité des informations communiquées au public. Même si, en général, il est aisé de connaître le nom des membres des comités scientifiques, il est rare que leurs avis soient publiés systématiquement, cette décision restant souvent à la discrétion du gouvernement comme c’est le cas au Royaume-Uni. En effet, les membres de plusieurs comités consultatifs sont employés par l’État (The Guardian, 2020[58]). Enfin, les informations recueillies en interne pour rédiger le présent document montrent que les avis des membres des comités scientifiques qui ne souscrivent pas à l’opinion de la majorité sont assez rarement publiés.

Il n’empêche que plusieurs pays tels que l’Irlande ont adopté une approche remarquablement transparente pour les avis scientifiques sur la pandémie. L’autorité officiellement chargée de coordonner l’action du secteur de la santé en Irlande est la National Public Health Emergency Team (NPHET) − Équipe nationale des urgences de santé publique. Elle s’efforce de faciliter la circulation de l’information entre le ministère de la Santé et les organismes qui en dépendent et est une enceinte de discussion permettant de construire un consensus sur les approches stratégiques adoptées pour faire face à cette crise. L’ordre du jour et le procès-verbal des réunions de la NPHET sont systématiquement publiés sur le site du ministère de la Santé (Gouvernement d’Irlande, 2020[59]). Ces procès-verbaux rendent compte des avis divergents et des mesures et politiques débattues.

Les connaissances acquises et les leçons tirées durant la crise qui ressortent des avis scientifiques permettent non seulement aux acteurs d’apprendre les uns des autres et de tirer un meilleur parti de ces avis pour la gestion de la crise à court terme, mais aussi, dans un avenir plus lointain, d’examiner comment cette crise a été gérée. La responsabilité de consigner, systématiser, conserver et diffuser les informations sur la crise du COVID-19 devrait être assumée conjointement par les émetteurs de ces avis comme par leurs utilisateurs (OCDE, 2018[53]).

Au surplus, à l’heure actuelle, les membres de ces groupes d’étude scientifiques sont rarement tenus de divulguer les conflits d’intérêts auxquels ils pourraient être exposés. Ces questions ont fait leur apparition dans les médias et les débats publics dans plusieurs pays en raison notamment des conséquences économiques de certaines recommandations et des liens entre les experts et l’industrie pharmaceutique. Il est donc essentiel de renforcer les normes d’intégrité et la gestion du risque de capture posés par les organes consultatifs à travers les normes déontologiques et les procédures de gestion des conflits d’intérêts pour mieux assurer la confiance et la capacité à la reddition de compte dans le processus de prise de décision (OCDE, 2003[60]).

 Une communication efficace et cohérente avec le public

Il est crucial qu’en ces temps de pandémie le centre de gouvernement sache communiquer efficacement avec le public de manière à garantir la cohérence des messages qu’il envoie tant en interne qu’au public et à la société civile. Les campagnes de communication sur les comportements à adopter ont grandement aidé à faciliter l’application de la réglementation en incitant de vastes secteurs de la population à – ou en leur enjoignant de – se conformer aux mesures imposées (lavage des mains, respect des règles de distanciation sociale et du confinement). Une communication efficace peut renforcer la confiance des citoyens et leur mobilisation dans les politiques publiques. Elle est une arme indispensable pour lutter contre la désinformation et les fausses nouvelles (OCDE, 2020[61]) et (OCDE, 2020[62]). Enfin, elle permet de toucher des segments spécifiques de la population et de faciliter le dialogue avec les citoyens pour faire en sorte que les politiques publiques et les services fournis soient adaptés à leurs besoins et répondent à leurs attentes.

Les chefs d’État et de gouvernement et les centres de gouvernement à leur service sont à l’origine de la plupart des annonces publiques sur les principales politiques et déterminent quels jalons permettent de mesurer l’efficacité des réponses apportées à la pandémie. Par exemple :

  • En France, le Premier ministre et le Président communiquent en direct sur plusieurs plates-formes.

  • Au Canada, le Premier ministre fait lui-même le point sur la situation presque tous les jours.

  • C’est aussi le cas du Président de la Colombie.

  • En Nouvelle-Zélande, outre ses conférences de presse quotidiennes, la Première ministre participe à des discussions informelles sur Facebook qui sont l’occasion d’informer les citoyens et de répondre directement à leurs interrogations sur les mesures d’auto-confinement. Cette « communication empathique » a fait la preuve de son efficacité en amenant la population à respecter les consignes.

Dans les pays où la fonction de coordination est moins centralisée, les ministères de la Santé, les agences de protection civile et les autres institutions publiques ont gagné en visibilité en tant que sources d’information et vecteurs de mobilisation publique. Les administrations infranationales des pays à structure décentralisée ou fédérale sont souvent les principaux interlocuteurs de la population.

La communication publique a beaucoup à gagner à une coordination accrue : optimisation des ressources, cohérence des messages et possibilité de toucher un public plus vaste par l’emploi d’un éventail plus large de circuits de communication et de porte-paroles plus nombreux. Si elle est mal dirigée ou mal organisée, la communication du CoG perdra en cohérence et en efficacité et risquera de diffuser des récits et des messages qui pourraient mal s’accorder avec les priorités politiques que le CoG entend promouvoir, ou même les contredire purement et simplement. Les risques seraient d’aboutir à une mauvaise application de mesures cruciales telles que, par exemple, le port du masque.

Il a aussi fallu mobiliser les outils de la communication officielle pour combattre la désinformation car celle-ci compromet l’effectivité des mesures prises par les pouvoirs publics et nourrit la méfiance et l’inquiétude dans la population. Il est même arrivé dans des cas extrêmes que cette prolifération de contenus trompeurs et dangereux, surnommée « infodémie », mette en danger des vies. La désinformation et la diffusion à grande échelle d’informations fausses, tant en ligne qu’en dehors d’Internet, peuvent amener certains à ne pas respecter les mesures d’urgence, ce qui compromet leur efficacité et sape la confiance du public. L’OCDE a proposé plusieurs mesures pour y remédier, notamment le soutien à un grand nombre d’organismes indépendants de vérification des faits, la mise en place d’une veille technologique et l’amélioration des compétences numériques des utilisateurs des médias ainsi que de leurs connaissances sanitaires (OCDE, 2020[61]).

Depuis quelques mois, les centres de gouvernement s’efforcent de fournir des informations plus claires et plus solides par le truchement des canaux officiels et des médias. C’est ainsi, par exemple, qu’au niveau du centre de gouvernement, le Royaume-Uni et l’Italie ont créé des unités ou groupes de travail spécifiques pour coordonner et organiser les parades à la désinformation sur le COVID-19 (OCDE, 2020[62]) .

  • De même, lorsque cela est possible, les gouvernements s’efforcent de dresser par avance l’inventaire des arguments propres à décrédibiliser, réfuter et rectifier les informations fausses qui pourraient saper la confiance du public et le pousser à un comportement dommageable ou contre-productif. À l’instar de la Rapid Response Unit – Force de réaction rapide créée par le CoG du Royaume-Uni, la Digital Crisis Unit – Cellule de crise numérique de la Chancellerie fédérale autrichienne détecte les fausses informations et les corrige. Il n’empêche que dans un assez grand nombre de pays les organismes assumant la responsabilité principale de ce travail de disqualification des fausses informations est assumée par les ministères de la Santé et de la Science et les organismes qui en dépendent.

  • Les CoG ont aussi pris des mesures pour apprendre à la population à consommer et partager les contenus de manière responsable dans le cadre de leur action pour favoriser une saine communication publique et lutter contre la désinformation. Au Royaume-Uni, la campagne “don’t feed the beast” (« ne nourrissez pas la bête ») encourage l’utilisation d’une liste de vérifications avant de partager des informations qui pourraient être trompeuses (Gouvernement du Royaume-Uni, 2020[63]).

Au-delà de la communication, les connaissances sanitaires de la population sont un levier essentiel qu’il faut garder à l’esprit dans la lutte contre la désinformation et prendre en considération pour renforcer la confiance. Étant donné les connaissances insuffisantes du public dans le domaine de la santé, il faut engager dès à présent les investissements nécessaires pour les améliorer sans attendre qu’une nouvelle crise survienne.

Les centres de gouvernement s’efforcent de rendre leurs messages et leurs contenus plus attirants et de les adapter à des secteurs spécifiques, ou particulièrement vulnérables, de la population. Il apparaît ainsi que les réseaux sociaux sont des outils de choix pour la communication de crise car ils se prêtent à une communication dans les deux sens pour un coût modique et permettent aux pouvoirs publics de s’assurer la confiance des citoyens en nouant avec eux un lien direct (OCDE, 2015[64]). En effet, les CoG doivent attirer l’attention dans un paysage médiatique encombré où les parties prenantes souffrent de plus en plus d’une surcharge d’informations.

  • Il est essentiel, pour adapter la communication du gouvernement, de s’appuyer sur ce qu’il sait du public, sur les canaux par lesquels celui-ci préfère recevoir les informations émanant des autorités et sur ses peurs, ses préoccupations et ses attentes. L’exploitation des études d’audience a grandement aidé à la communication d’informations complexes et le centre de gouvernement peut contribuer de façon décisive à la collecte et au partage de ce genre de données avec les administrations publiques pour assurer la cohérence de la communication externe de l’ensemble des administrations. Au Royaume-Uni par exemple, le Government Communication Service − Service de communication du gouvernement a construit à l’intention des responsables de la communication de toutes les administrations un tableau de bord d’évaluation qui récapitule toutes les connaissances acquises au cours d’une journée. Il synthétise les données recueillies par des groupes de projet ou au moyen d’enquêtes dressant l’inventaire des sujets les plus discutés et contiennent des indicateurs sur ce que pense l’opinion publique des mesures prises par le gouvernement pour faire face au COVID-19.

  • Plusieurs pays, dont la France, ont créé des poignées dédiées sur WhatsApp ou Telegram afin de toucher un public plus large et de lui transmettre des informations au moyen des messages expédiés par ces applications pour l’informer de leur mise à disposition. Ce canal complète des vecteurs plus classiques tels que les lignes d’appel téléphonique. En continuant d’utiliser les médias traditionnels pour sa communication de crise, le gouvernement peut toucher tous les segments de la population (OCDE, 2015[64]). La Chancellerie d’État de la Lettonie a lancé le 24 mars 2020 une ligne d’assistance téléphonique sur le COVID-19 qui est ouverte 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Cette ligne est le fruit d’une initiative commune à la Chancellerie d’État et à l’entreprise de télécommunications TET. Elle permet aux habitants de la Lettonie de bénéficier d’une consultation gratuite sur des aspects spécifiques du COVID-19 en s’adressant à un interlocuteur unique. Les opérateurs peuvent mettre les appelants en liaison avec la ligne d’assistance téléphonique sur le COVID-19 qui a été mise en place pour leur secteur par l’autorité compétente (par exemple les services consulaires, les autorités sanitaires, les gardes-frontières, etc.). Cette ligne est complétée par un site Internet du gouvernement depuis la fin mars 2020. Cette plate-forme d’information centrale est un projet piloté par la Chancellerie de l’État mais dont le contenu est préparé par les institutions publiques concernées. En Slovénie, le Government Communication Service – Service de communication du gouvernement hébergé dans les locaux du CoG a aussi créé un centre d’appel sur le COVID-19 avec l’aide du ministère de la Santé.

  • En Finlande, comme dans de nombreux autres pays, le Service du Premier ministre collabore avec la National Emergency Supply Agency – Service national d’approvisionnement pour les situations d’urgence, avec le secteur privé et avec des influenceurs sur les réseaux sociaux pour envoyer des informations claires et dignes de foi aux jeunes qui sont difficiles à toucher par les circuits traditionnels. Cette démarche contribue à responsabiliser et mobiliser les citoyens dans la lutte contre le virus.

L’emploi de mots clairs et la personnalisation des documents utilisés pour communiquer se sont en outre révélés être des outils efficaces pour partager des informations complexes avec différents segments de la population. La diffusion d’informations en plusieurs langues pour toucher des catégories précises a aussi été observée, notamment en Suède (Ville de Stockholm, 2020[65]) ou en Belgique où les messages les plus importants ont été traduits en 32 langues (Gouvernement de la Belgique, 2020[66]). Le ministère de la Santé du Mexique a inventé un personnage de dessin animé, “Susana Distancia”, qui sert de signe distinctif à toutes les campagnes de communication des autorités fédérales et facilite la diffusion d’informations simples et aisément compréhensibles dans toutes les classes d’âge de la population (El Universal, 2020[67]). D’autres CoG, notamment ceux de la France et du Royaume-Uni, ont assuré la promotion auprès des enfants de documents écrits, audios et vidéos sur le virus qui ont été conçus par d’autres administrations.

 Rôle de la prospective stratégique pour nourrir les débats et fonder la prise de décision par le centre à plus long terme

Les incertitudes considérables engendrées par la crise du COVID-19 imposent aux décideurs de poursuivre les préparatifs pour faire face à toute une série de scénarios à moyen comme à long terme. Elles concernent non seulement la progression et la durée de la crise sanitaire proprement dite, mais aussi ses effets en cascade sur l’économie et la société. Les décisions politiques basées sur des hypothèses sur l’avenir non vérifiées ou peu fiables (par exemple l’extrapolation des tendances actuelles ou le postulat d’un retour spontané à la situation prévalant avant l’épidémie de COVID-19) peuvent se révéler inopérantes, voire contre-productives une fois que les circonstances auront changé. Les pouvoirs publics peuvent recourir à des démarches de prospective stratégique telles que la recherche de signes de changement et la préparation de scénarios multiples pour favoriser une capacité de résistance accrue à moyen terme. Il existe plusieurs manières de procéder. La première consiste à tester la solidité des hypothèses, à valider les mesures proposées au moyen de plusieurs scénarios d’évolution plausibles et à examiner les effets indésirables qui pourraient en résulter. La deuxième, à étudier les autres conséquences de la crise et les chances et les menaces qu’elle pourrait entraîner de manière à commencer plus précocement la conception des réponses appropriées. Enfin, la troisième peut exiger une plus large compréhension de ce qui est possible/souhaitable à l’avenir pour alimenter une réflexion plus innovante sur les politiques publiques et concevoir des politiques répondant aux besoins actuels de façon à faciliter l’atteinte des objectifs à plus long terme. Ces trois approches peuvent contribuer à renforcer la croyance des décideurs, des citoyens et des autres parties prenantes (notamment les investisseurs) que les politiques proposées par le gouvernement seront plus robustes et assureront une plus grande capacité d’adaptation à un avenir incertain.

Le CoG a de nombreuses fonctions clefs à assumer pour l’intégration de la prospective stratégique dans la prise de décision. Ce sont la collaboration avec les cellules de prospective du secteur public pour intégrer leurs travaux dans les délibérations, qu’il s’agisse de gestion de crise, de conception de stratégies de sortie ou de planification de la reprise à moyen terme. Il est aussi possible de commander des études transversales concernant toutes les administrations pour explorer un large spectre de scénarios envisageables à l’avenir relativement aux conséquences de la crise et d’ordonner aux ministères de valider dans la durée la solidité de leurs recommandations au moyen de ces scénarios. Cette tâche peut être prise en charge par les cellules de prospective qui sont accueillies parle CoG si elles existent (comme c’est le cas, par exemple, en Espagne, en Finlande et à Singapour) ou en collaborant étroitement avec les autres cellules de prospective des administrations publiques (comme au Canada et au Royaume-Uni). Si la prospective est indispensable à une prise de décision responsable en temps de crise, elle est aussi incontournable pour faire en sorte que les pouvoirs publics soient mieux armés pour faire face à d’autres perturbations à l’avenir et à d’autres transformations structurelles à long terme. Les efforts du CoG pour développer les capacités de prospective nécessaires pour gérer la crise peuvent aussi se révéler utiles à long terme.

 Leçons stratégiques pour les politiques et la gouvernance publique

Sous l’angle de la gouvernance, la crise a révélé plusieurs carences des pouvoirs publics et des administrations sur le plan de la coordination et de la capacité d’entraînement et elle a suscité de nouvelles initiatives pour s’appuyer sur les éléments probants et diffuser des informations au moyen des outils de communication. Elle a ainsi joué un rôle de catalyseur du changement et de l’innovation au centre. On peut tirer quelques conclusions préliminaires sur lesquelles peut s’appuyer la réflexion stratégique sur le rôle des centres de gouvernement dans la crise du COVID-19.

  • La première est que les gouvernements ont dû adapter leurs systèmes de gestion de crise et le paysage institutionnel pour répondre à la pandémie de COVID 19. Pour faire face à la crise et à ses effets désastreux, les pays ont souvent élaboré des approches complémentaires des procédures classiques de gestion des urgences sous l’impulsion ou avec l’appui du centre de gouvernement. Cette démarche démontre le rôle stratégique que jouent les centres de gouvernement, non seulement pour coordonner la réponse des administrations, mais aussi pour les mobiliser afin qu’elles accroissent leurs capacités d’anticipation et de planification.

  • Une deuxième leçon que l’on peut tirer est l’importance des CoG qui assument des fonctions de coordination politique pour toutes les administrations, de recueil et utilisation d’éléments probants dignes de foi et de communication à destination du public. Une coordination efficace transcendant les frontières entre les institutions et les politiques fonctionnant en silos aux fins tant des mesures d’urgence que d’une planification stratégique efficace, la vérification de la fiabilité des éléments probants sur lesquels s’appuient les décisions et la communication stratégique avec les parties prenantes à l’intérieur comme à l’extérieur des administrations ne sauraient rester des considérations secondaires mais sont au contraire des pratiques de gouvernance essentielles qu’il faut mettre en œuvre dès qu’il faut agir. Cela dit, il est encore trop tôt pour apprécier dans quelle mesure ces outils auront gagné en importance après la crise et s’ils affecteront durablement le rôle du CoG.

  • Une troisième conclusion est qu’un effort mobilisant toute la société sera indispensable pour surmonter les conséquences économiques à long terme de la crise. La coordination entre toutes les administrations, tous les domaines des politiques publiques et tous les échelons de l’État ainsi qu’avec la société civile revêtira une importance cruciale pour piloter les efforts de reprise. Les centres de gouvernement peuvent veiller à ce que les ministères responsables prennent en considération les contingences éventuelles et les nécessités de la coordination et qu’ils identifient et réduisent les obstacles qui pourraient s’opposer à l’application des mesures décidées. Le CoG aura à jouer un rôle important pour faire en sorte que les mesures pour engager la reprise économique prennent en compte les compromis nécessaires entre les préoccupations sanitaires et économiques. Il peut aussi avoir à mobiliser plusieurs approches de prospective stratégique qui seront incorporées aux processus de planification stratégique. Ces approches sont la planification de scénarios, l’analyse prospective, l’analyse des tendances et l’organisation de débats sur des visions alternatives de l’avenir avec les décideurs et les parties prenantes.

  • La planification stratégique est une fonction cruciale des CoG (OCDE, 2018[68]). Bien que la crise ait suscité des réserves sur la manière dont elle a été assurée, elle n’en sera pas moins indispensable pour organiser la levée des restrictions et gérer la sortie du confinement et les stratégies pour remettre sur pied la société. Les gouvernements devront échafauder des plans sur la manière dont les secteurs clefs (industrie, tourisme, transports, santé et énergie) se réadapteront et sur leurs relations mutuelles dans un monde soumis à des règles sociales plus restrictives et dans lequel les ressources financières seront moins abondantes. Ils pourraient être amenés à revoir l’ordre de priorité de leurs objectifs pour répondre à la crise et pour s’assurer que leurs ambitions stratégiques sont adaptées et que l’administration est capable de redéployer ses moyens en les concentrant sur ce qui importe le plus. Il est donc inévitable que certains objectifs de politique publique soient sacrifiés à d’autres. À moyen terme, la planification stratégique devra incorporer les leçons de la prospective stratégique afin de s’assurer de la fiabilité à long terme des initiatives stratégiques et préserver la capacité de naviguer dans un univers incertain.

  • Un quatrième enseignement est que les éléments probants sont importants. La place de plus en plus grande que tiennent les avis scientifiques et techniques dans la prise de décision rappelle les difficultés auxquelles sont confrontés les gouvernements qui doivent se fonder sur les éléments probants pour apporter des réponses à la pandémie et à ses conséquences. On ne saurait trop insister sur la nécessité et l’importance de s’appuyer sur les connaissances et analyses les plus solides pour fonder la prise de décision. La gouvernance des éléments probants, la manière dont les informations sont traitées et les exigences de transparence et d’accessibilité pour les citoyens sont aujourd’hui au centre du débat public. Ces questions devront être prises au sérieux pour que les gouvernements obtiennent en retour la confiance indispensable pour parvenir à des résultats satisfaisants et organiser une reprise économique effective en temps voulu. La Recommandation de l’OCDE sur la gouvernance des risques majeurs appelle les gouvernements à « assurer la transparence des informations utilisées pour faire en sorte que les décisions dans le domaine de la gestion des risques soient mieux acceptées par les parties prenantes, pour faciliter la mise en œuvre des politiques et pour limiter les atteintes à leur réputation » (OCDE, 2014[69]).

  • Une cinquième leçon est que garantir un processus de prise de décision ouvert en veillant à ce que la communication à destination du public soit régulière, transparente, convaincante et adaptée en fonction des indicateurs d’audience est une obligation fondamentale pour les gouvernements qui doivent attirer l’attention de la population dans un paysage médiatique encombré. Cependant, les gouvernements doivent aussi tenir compte de la nécessité de différer parfois la publication d’informations sensibles si elle risque de compromettre l’obtention des résultats voulus. Il est aussi crucial de fournir des informations plus claires et de s’appuyer sur des éléments probants pour lutter contre la désinformation, mais aussi de former les citoyens à l’utilisation et au partage de contenus de manière responsable. Bien que la tâche soit particulièrement ardue quand les crises engendrent de grandes incertitudes, l’accomplir ne peut que favoriser la confiance des citoyens, qui attendent beaucoup de leurs dirigeants. La coordination de la communication entre tous les services de l’État est nécessaire pour empêcher la diffusion de messages contradictoires, dont les effets sont néfastes et contre-productifs en temps de crise.

  • Un sixième enseignement est qu’il importe de tirer les leçons de ces crises systémiques ; c’est pourquoi les pays devront renforcer leur capacité d’évaluation ex post pour améliorer leur résilience à long terme. Certains pays membres ont élaboré des processus d’évaluation normatifs afin de tirer les leçons et revoir la manière dont leur gouvernement réagit à une crise, tandis que beaucoup d’autres ont besoin d’être incités plus fortement à entreprendre ce processus d’apprentissage. La finalité de ces processus est de détecter les défaillances et les failles au moyen d’enquêtes ad hoc sur une crise (par exemple des audits internes ou des commissions d’enquête) pour rendre des comptes sur toute la gestion de crise et en tirer des enseignements et pour identifier les succès remportés sur lesquels il sera possible de s’appuyer pour engager des changements (OCDE, 2014[70]).

Les gouvernements peuvent aussi voir dans la crise un levier pour la transformation et les réformes et agir en conséquence à l’avenir. En effet, la crise économique et financière de 2008 avait aussi entraîné la création de dispositifs de coordination ad hoc (réunions périodiques de hauts fonctionnaires, groupes de travail etc.) et accéléré le processus de prise de décision et la mise en œuvre des politiques dans toutes les administrations. Si des leçons ont effectivement été tirées de la crise de 2008 sous la forme d’un rôle stratégique accru pour les centres de gouvernement, ces derniers devront encore répondre à plusieurs questions et relever plusieurs défis après la crise du COVID ; le partage des bonnes pratiques dans l’enceinte de l’OCDE ne peut que les y aider. Ces questions sont les suivantes.

  • Quels mécanismes innovants peuvent être mis en place pour assurer la coordination et raccourcir le processus de prise de décision au centre en vue d’affronter plus efficacement les crises futures ? 

  • Quels besoins, potentialités et limites la crise a-t-elle révélés ? Quels sont les principaux facteurs du succès et les outils les plus efficaces et quel rôle jouent les éléments probants ? Comment la crise a-t-elle affecté l’interface entre pouvoir politique et administrations et quel rôle ont joué les experts ?

  • Quelles conclusions les centres de gouvernement tireront-ils relativement aux fonctions qu’ils devront assumer, aux capacités dont ils devront disposer et au rôle qu’ils devront jouer à l’avenir ?

  • Comment les centres de gouvernement peuvent-ils planifier une reprise inclusive et durable compte tenu des effets d’une crise qui aggrave les inégalités économiques et sociales ? Quels outils et approches faudra-t-il utiliser pour débattre des priorités stratégiques et dégager un consensus à leur sujet tout en arbitrant efficacement entre des objectifs politiques contradictoires ?

  • Quelles nouvelles leçons les centres de gouvernement ont-ils tirées de la crise en ce qui concerne la nécessité de bâtir des dispositifs de gouvernance anticipatrice, d’institutionnaliser la gestion des risques et de mieux intégrer les approches de la prospective stratégique ?

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[28] United Kingdom Government (2020), New government structures to coordinate response to coronavirus - GOV.UK, https://www.gov.uk/government/news/new-government-structures-to-coordinate-response-to-coronavirus (consulté le 5 mai 2020).

[51] University of Erfurt (2020), COVID-19 Snapshot Monitoring (COSMO), https://projekte.uni-erfurt.de/cosmo2020/cosmo-analysis.html#2_hinweise_zur_datenerhebung_und_interpretation_der_daten.

[65] Ville de Stockholm (2020), Covid-19: Information in other languages - Stockholms stad, https://start.stockholm/aktuellt/nyheter/2020/03/information-in-other-languages-regarding-the-coronavirus/ (consulté le 29 juillet 2020).

 Remerciements

Cette note a été rédigée sous la supervision de Stéphane Jacobzone, Chef d’Unité, Évaluation et Suivi des Politiques fondées sur les preuves, et de Adam Ostry, Chef d’Unité, Examens de la Gouvernance publique, par une équipe de la Direction de la gouvernance publique de l’OCDE composée de Iván Stola, Johannes Klein, Karine Badr, Emma Phillips et Lizeth Fuquene, avec contributions de Meghan Hennessy, Paulina López Ramos, Patricia Marcelino, Lukasz Lech et Raquel Páramo. Ce document a bénéficié de commentaires de Dorothée Alain-Dupre, Tunyan Bagrat, Charles Baubion, Pauline Bertrand, Duncan Cass-Beggs, Francesca Colombo, Pinar Guven, Klas Klaas, Edwin Lau, Timo Ligi, Luca Lorenzoni, Maria Varinia Michalun, Caroline Penn, Joshua Polchar, Jack Radisch, Carthage Smith, et Andrea Uhrhammer, tous de l’OCDE. Les auteurs souhaitent également remercier les experts de divers pays membres et non-membres qui ont bien voulu commenter le texte, y compris ceux et celles qui ont participé au webinaire organisé le 9 juillet 2020 sur les « Centres de gouvernement en première ligne du COVID-19: Maintenir la confiance dans la prise de décision gouvernementale par le leadership, la coordination et les preuves » qui a rassemblé 29 pays.

Contact

Stéphane JACOBZONE (✉ stephane.jacobzone@oecd.org)

Adam OSTRY (✉ adam.ostry@oecd.org)

Ivan STOLA (✉ ivan.stola@oecd.org)

Johannes KLEIN (✉ johannes.klein@oecd.org)

Karine BADR (✉ karine.badr@oecd.org)

Emma Phillips (✉ emma.phillips@oecd.org)

Lizeth Fuquesne (✉ lizeth.fuquesne@oecd.org)

Note

1.

En fait, le Secrétariat de l’OCDE a procédé à un examen sommaire des dispositifs institutionnels que l’on peut trouver à l’adresse www.oecd.org/gov/Cog/Covid. Sous réserve de l’examen du Réseau des hauts responsables des centres de gouvernement de l’OCDE.

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