Les 32 membres du Comité d'aide au développement (CAD) de l'OCDE ont atteint en 2022 un niveau record en termes de financement du développement en faveur de la biodiversité, depuis que le CAD a commencé à rendre compte de ces flux dans son cadre statistique en 1998, selon la nouvelle analyse de l'OCDE intitulée Biodiversité et financement du développement : contribution à l'objectif 19 du Cadre mondial de la biodiversité de Kunming à Montréal.
Le rapport montre que le financement spécifique à la biodiversité, qui reflète une approche que de nombreux membres du CAD utilisent pour rendre compte à la Convention des Nations Unies sur la diversité biologique (CDB), est passé de 6,6 milliards USD en 2015 à 7,1 milliards USD en 2022, ce qui représente une augmentation de 8 % sur cette période.
La nature est à la base de toute activité économique et du bien-être humain. Pourtant, la biodiversité - la composante vivante de la nature - diminue à un rythme sans précédent. Le coût est particulièrement élevé pour les pays en développement, en raison de leur capacité limitée à lutter contre ce déclin et du fait qu’ils dépendent souvent de la nature de manière disproportionnée. Le financement du développement a un rôle clé à jouer pour aider les pays partenaires à conserver et utiliser leur biodiversité de manière soutenable.
Un nouvel élan a été donné à ces questions avec l'accord sur le Cadre mondial pour la biodiversité Kunming-Montréal (GBF) par les Parties de la CDB lors de la quinzième réunion de la Conférence des Parties (COP15) en décembre 2022. Ce Cadre prévoit de mobiliser 200 milliards de dollars par an auprès de toutes les sources (publiques et privées) (objectif 19), y compris le financement du développement, qui doit atteindre au moins 20 milliards de dollars par an d'ici à 2025 et au moins 30 milliards de dollars par an d'ici à 2030 (objectif 19a).
« Les donateurs de l'OCDE respectent leurs engagements, à la fois par leurs activités directes en faveur de la biodiversité et en soutenant la réforme du système multilatéral. C' est une indication claire que l'on prend conscience de l'importance de la biodiversité pour le développement durable : le financement du développement a un rôle important à jouer pour soutenir les besoins fondamentaux des populations et faire face à la triple crise planétaire, qui comprend également le changement climatique et la pollution », a déclaré Pilar Garrido, Directrice de la coopération pour le développement à l'OCDE.
Financement officiel du développement par les membres du CAD pour la biodiversité
2015-2022, milliards d'USD, estimations avec coefficients
Note: ODF = financement officiel du développement. L'analyse reflète une méthodologie qui applique un coefficient (40%) aux activités ciblant la biodiversité en tant qu'objectif secondaire (« significant »).
Source: Estimation des auteurs à partir des statistiques de la base de données du Système de notification des pays créanciers (2024).
L'analyse révèle également qu’au total, le financement du développement en faveur de la biodiversité provenant de diverses sources a augmenté de 112 % entre 2015 et 2022, passant de 7,3 milliards d'USD en 2015 à 15,4 milliards d'USD en 2022 (9,4 milliards d'USD en moyenne annuelle au cours de la période). L'augmentation du financement du développement spécifique à la biodiversité a été principalement tirée par les institutions multilatérales. En termes absolus, ces dernières ont contribué 28 % du total des contributions publiques en moyenne sur la période, tandis que les donateurs bilatéraux du CAD, représentaient 72 %. Dans l'ensemble, ces efforts comprennent des contributions des membres du CAD, mais aussi d'autres fournisseurs de coopération bilatérale et Sud-Sud, de banques multilatérales de développement, de fonds environnementaux, de fondations philanthropiques privées et de financements privés mobilisés par le biais de financements publics, ce qui démontre que la réalisation du GBF nécessite une approche commune à l'ensemble du gouvernement et de la société.
« Les pays développés doivent continuer à intensifier leurs efforts dans le sens du cadre de référence », a ajouté Mme Garrido.
« En collaboration avec les acteurs multilatéraux, tous les donateurs devraient examiner d'urgence les moyens d'accroître les sources de financement de la biodiversité au-delà de l'aide publique au développement, par exemple en mobilisant davantage de fonds privés et en explorant de nouveaux partenariats avec la philanthropie privée et les donateurs n'appartenant pas au CAD. »
Pour les donateurs du CAD, les flux de financement du développement en faveur de la biodiversité ont représenté 4 % du financement total du développement en moyenne sur la période 2015-22. Cette part est restée relativement stable dans un contexte d’augmentation du financement officiel du développement par les membres du CAD. En outre, malgré cette tendance à la hausse, la part des activités ayant pour objectif principal –et non secondaire– la biodiversité a diminué de 17 % entre 2015 et 2022 (de 4,6 milliards d'USD à 3,8 milliards d'USD, respectivement). Pour garantir la durabilité à long terme des effets des activités liées à la biodiversité, il sera essentiel de maintenir et d'accroître le financement du développement en faveur de la biodiversité en tant qu'objectif principal.
Télécharger le rapport : https://www.oecd.org/en/publications/biodiversity-and-development-finance-2015-2022_d26526ad-en.html
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