Éradiquer la fistule obstétricale en Sierra Leone : le partenariat porteur de transformations de l’Islande avec le FNUAP

Défi

La Sierra Leone présente l’un des taux de risque de mortalité et de morbidité liées à la grossesse les plus élevés, notamment s’agissant de la fistule obstétricale. Touchant les femmes et les filles les plus vulnérables, cette pathologie les rend incontinentes, et les condamne souvent à des problèmes médicaux chroniques, à la dépression, à l’isolement social et à une aggravation de la pauvreté. Dans la mesure où il est possible dans presque tous les cas d’éviter la survenue d’une fistule, l’éradication de cette pathologie en Sierra Leone nécessite une approche complète et porteuse de transformations, qui s’attaque à ses causes profondes et les élimine. En tant que donneur de dimension modeste, l’Islande était en quête de solutions pour renforcer son impact en matière d’égalité des genres et d’autonomisation des femmes, et pour cibler les racines structurelles de l’inégalité des genres en Sierra Leone.

Approche

Depuis longtemps, l’Islande apporte un soutien au gouvernement sierra‑léonais et à la Campagne mondiale pour l’élimination de la fistule obstétricale du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), qui vise à améliorer l’accès à des services de santé maternelle de qualité afin de prévenir et prendre en charge la fistule obstétricale. Dans le prolongement de sa coopération fructueuse avec le FNUAP, et de la recommandation formulée à l’issue d’une évaluation réalisée en 2021, qui visait à renforcer les liens entre les secteurs de l’éducation, de la santé et de la question du genre au niveau national, l’Islande a signé en 2022 un accord de projet quinquennal, d’un montant de 7 millions USD, en vue d’amplifier son soutien en faveur de l’élimination de la fistule en Sierra Leone – pays où l’Islande élargit actuellement sa coopération bilatérale. Le projet intégré d’élimination de la fistule, mené en partenariat avec le FNUAP et le ministère de la Santé et de l’Assainissement, a été officiellement lancé en mai 2022. Il est articulé autour des six piliers ci-dessous :

1. 1.

   Informer les adolescentes et les femmes, et les principaux acteurs au sein des communautés, sur la santé et les droits sexuels et reproductifs, dans l’optique de prévenir les cas de fistule obstétricale.

2. 2.

   Identifier les survivantes de fistule obstétricale et leur donner accès à des soins.

3. 3.

   Fournir des services de réadaptation et de réinsertion sociale aux femmes ayant survécu, avant et après le traitement chirurgical.

4. 4.

   Renforcer les capacités des hôpitaux ciblés vers lesquels sont orientées les patientes afin de proposer des réparations chirurgicales de fistule et d’autres soins chirurgicaux d’ordre gynécologique dans le cadre de leurs prestations habituelles de services de santé reproductive et de santé de la mère, du nouveau-né, de l’enfant et de l’adolescent.

5. 5.

   Renforcer les centres de soins ciblés afin de proposer des services de qualité pour la prévention dans le domaine de la santé reproductive et de la santé de la mère, du nouveau-né, de l’enfant et de l’adolescent.

6. 6.

   Mettre en place un système de gestion des connaissances en appui au programme consacré à la fistule obstétricale dans le pays.

Ce projet s’appuiera sur :

• Un groupe de travail national qui sera l’élément ressource en termes de leadership, d’orientation technique et de coordination des programmes.

• Le recours à de multiples partenaires, tant au sein de l’administration que des organisations de la société civile (OSC), telles que la Fondation Haikal et le Centre pour femmes d’Aberdeen, qui soutiennent le projet en mobilisant les communautés et en offrant des soins médicaux.

• Une approche axée sur les résultats invitant à utiliser les éléments probants obtenus grâce aux programmes pour nourrir la modélisation et la conception d’outils, au service d’une efficacité optimisée.

Résultats

Lors de la première année du projet, une première cartographie des ressources a permis de recenser les structures de soutien au sein des communautés. Les efforts de sensibilisation au travers de différents canaux, dont les annonces à la radio diffusées dans les langues locales, des débats radiophoniques et des évènements ouverts au public.

Parmi les premiers résultats obtenus en 2022, nous pouvons mentionner :

• Engagement politique. Une Stratégie nationale d’élimination de la fistule est en cours de rédaction. Des activités stratégiques ont été intégrées aux programmes de travail des principaux ministères et des principales OSC, et la fistule obstétricale constitue désormais un domaine prioritaire majeur de la stratégie nationale en matière de santé reproductive et de nutrition ciblant les mères, les nouveau-nés, les enfants et les adolescents. Un groupe de travail multipartite consacré à l’élimination de la fistule a été mis en place pour superviser le programme national axé sur cette cause ; il est composé de représentants du ministère de la Santé et de l’Assainissement et d’autres ministères sectoriels, des OSC, du monde universitaire et des associations professionnelles.

• Prévention. Des campagnes de sensibilisation sur la fistule ont touché 360 femmes et filles, et 120 ambassadeurs et champions, originaires de l’ensemble des 16 districts du pays, ont été formés à la prévention, à savoir la détection de la fistule et l’orientation médicale des femmes touchées par cette pathologie.

• Soins médicaux et réinsertion sociale. 104 femmes et filles ont été examinées à des fins de dépistage, 42 femmes vivant avec une fistule obstétricale ont bénéficié d’une chirurgie réparatrice avec un taux de succès de 100 %, et 54 survivantes de la fistule ont suivi un processus de réadaptation et de réinsertion sociale.

• Renforcement des capacités. Les actions de formation ont touché 78 prestataires de santé et 38 prestataires de soins obstétricaux d’urgence et de soins du nouveau-né.