Nanaia Mahuta, ministre des Affaires étrangères, est accueillie au sein du Te Marae o Te Ui Ariki – Chambre des chefs traditionnels – à Arorangi, marquant le début de sa première visite officielle dans les Îles Cook. © Ministère des Affaires étrangères et du Commerce, Nouvelle-Zélande

En pratique

Intégrer les visions du monde et les connaissances autochtones dans la politique étrangère de la Nouvelle-Zélande

Messages clés

Dans le cadre de l’engagement du gouvernement néo-zélandais en faveur des relations entre la Couronne et les Maoris, et pour renforcer la qualité de ses partenariats et de ses politiques publiques dans le Pacifique, le ministère des Affaires étrangères et du Commerce souhaite mieux intégrer les valeurs et les connaissances autochtones maories dans la politique étrangère de la Nouvelle-Zélande et dans ses actions de coopération au développement.

Mot-clésPartenariats, Pauvreté et inégalité, Ressources humaines, Stratégie et orientations

Partenaire cléNouvelle-Zélande

Dernière mise à jour24 juillet 2023

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Défi

La Nouvelle-Zélande a une longue histoire de leadership indépendant du peuple maori et de travail sur les questions et les droits des peuples autochtones au niveau international. Le Te Tiriti o Waitangi (Traité de Waitangi) constitue le fondement de la coopération internationale de la Nouvelle-Zélande et impose la consultation, la participation et la protection des intérêts des Maoris. Néanmoins, la question de savoir si le niveau et les formes de participation des Maoris à la formulation et à l’application de la politique étrangère par le gouvernement sont suffisants est controversée. Par ailleurs, il est reconnu que le gouvernement a beaucoup à faire en vue d’assurer une « transition vers le monde maori », si ce n’est pour comprendre les valeurs et le savoir maoris afin de les intégrer sur un pied d’égalité au niveau des institutions et des politiques néo-zélandaises.

Approche

Le ministère des Affaires étrangères et du Commerce (MAFT) a récemment intégré les visions du monde des Maoris et le mātauranga Māori (savoir maori) à la politique étrangère et à la coopération au développement par les actions suivantes :

  • L’actualisation du cadre de la politique : La politique néo-zélandaise pour le Pacifique, la Résilience du Pacifique (2021), est guidée par des concepts maoris qui reconnaissent les liens entre les Maoris et d’autres cultures autochtones de la région. Cela consiste à reconnaître la mana (autorité) de chaque nation et à renforcer la whanaungatanga (les affinités) de la Nouvelle-Zélande avec l’ensemble de la région du Pacifique. Cinq principes orientent l’engagement international de la Nouvelle-Zélande : le Tātai Hono (la reconnaissance des liens ancestraux profonds et durables) ; le Tātou Tātou ( « tous ensemble ») ; le Whāia te Taumata Ōhanga (le chemin vers une économie circulaire) ; le Turou Hawaiiki (« naviguer ensemble ») ; et le Arongia ki Rangiātea (l’accent mis sur l’excellence). Ces principes sont intégrés dans les politiques publiques, les accords bilatéraux, les orientations pour le personnel et les partenaires, ainsi que dans les communications officielles.

  • L’amélioration des compétences du personnel en matière de connaissances maories : le développement des compétences du personnel, notamment par le biais des formations linguistiques, est l’une des priorités des Intentions stratégiques organisationnelles du MAFT pour 2021-2025. D’autres initiatives comprennent la formation du personnel du MFAT, tant sur le Te Tiriti o Waitang que sur l’histoire des relations entre la Couronne et les Maoris, et l’actualisation des orientations du personnel concernant l’intégration des obligations au titre du Traité dans les processus d’élaboration des politiques publiques.

  • La mise en place de structures formelles : cet axe de travail est tout récent et sa mise en œuvre demande du temps. Par exemple, le Te Taumata, un conseil consultatif maori ayant vocation à formaliser la collaboration du MFAT avec les Maoris sur les questions de commerce international, a été instauré en 2009. La création d’un groupe de partenariats avec les Maoris sur des questions plus générales de politique extérieure est toutefois récente, puisqu’il a été instauré en novembre 2022.

  • Le recours aux méthodes de recherche basées sur le Pacifique : l’étude financée par le MFAT sur l’importance du contexte éducatif dans le Pacifique a été guidée par des cadres de recherche et de collecte de données dans la région, sur la base du cadre de recherche (Research Framework) avalisé par les ministres de l’Éducation du Pacifique en avril 2021. Le MFAT s’appuie sur les résultats de cette étude dans la conception de projets ultérieurs.

  • La mise en valeur du savoir autochtone dans les instances multilatérales : par exemple, la Nouvelle-Zélande a donné aux peuples autochtones la possibilité de se faire entendre dans le cadre du programme 2021 de la Coopération économique Asie-Pacifique (APEC) et a impliqué les Maoris dans les travaux de l’APEC.

Résultats

Les principaux résultats ont été les suivants :

  • Des partenariats plus solides, fondés sur des valeurs communes et sur un pied d’égalité. L’intégration des valeurs autochtones dans l’approche des partenariats du MFAT a renforcé la compréhension mutuelle avec les îles du Pacifique partenaires de la Nouvelle-Zélande.

  • La stratégie Tolovae Ane Le Upenga en matière de tourisme axée sur le patrimoine culturel, élaborée et lancée dans le cadre du partenariat entre New Zealand Māori Tourism (NZMT) et le MFAT piloté aux Samoa. Cette stratégie (couvrant la période 2021-2026) a été adoptée par l’Autorité samoane du tourisme et fait partie de sa stratégie-cadre en tant que pays de destination, aux côtés des programmes de travail consacrés au développement de produits et de l’expérience touristique.

  • Un engagement sur 20 ans des pays de l’APEC à coopérer pour l’inclusion économique des autochtones, comme le prévoit le Plan d’action 2040 d’Aotearoa. La collaboration avec les Maoris dans le cadre des négociations portant sur les récents accords de libre-échange avec le Royaume-Uni et l’Union européenne a permis de prioriser les intérêts économiques et commerciaux des Maoris, et d’intégrer l’exception du Traité de Waitangi.

  • L’ouverture à d’autres parties prenantes pour progresser et pour une collaboration internationale renouvelée. Par exemple, l’arrangement portant sur la collaboration autochtone signé en 2022 entre le Canada et la Nouvelle-Zélande vise à assurer la participation des peuples autochtones dans les relations internationales.

Enseignements tirés

  • Le leadership et la volonté politiques sont essentiels. Accroître la participation, l’engagement et l’influence des peuples autochtones en matière de politique étrangère nécessite un leadership au plus haut niveau. La représentation croissante des Maoris et d’autres peuples du Pacifique à des postes de haut niveau au sein du gouvernement néo-zélandais valorise fortement les savoirs et les perspectives autochtones auprès du MFAT, des autres membres du gouvernement et des parties prenantes.

  • Mobiliser d’abord au niveau national. Il existe un risque élevé de voir les « politiques étrangères autochtones » être considérées comme un moyen d’exploiter les compétences diplomatiques des peuples autochtones plutôt que d’instaurer une répartition équitable du pouvoir et un respect mutuel. Toute mobilisation des savoirs autochtones en matière de politique étrangère doit par conséquent s’appuyer sur la participation et l’adhésion effectives de ces peuples au niveau national.

  • Réserver du temps pour permettre au personnel d’acquérir des compétences. Même si cela semble ambitieux, il est essentiel de dégager du temps pour permettre aux agents ministériels d’acquérir des compétences linguistiques et culturelles. De plus, le changement ne doit pas se limiter aux documents de politiques et aux communications écrites, mais imprégner l’ensemble de l’organisation.

  • Envisager l’intégration des visions et des cadres non occidentaux comme une invitation, et non comme une menace. La mise en pratique des approches non occidentales vise en partie à comprendre qu’elle permet de renforcer les capacités. En s’intéressant à des systèmes et des cadres susceptibles de faire évoluer les méthodes de travail et les comportements dans la coopération au développement, il est possible d’obtenir des résultats plus innovants et plus efficaces. L’intégration des savoirs maoris a ouvert de nouvelles voies de compréhension, et a permis de créer et de renforcer les partenariats, ainsi que les relations et les réflexions stratégiques.

Informations supplémentaires

Ardern, J. (2020), Ardern calls for efforts to get the basics right for Maori (enregistrement radio), Radio New Zealand, https://www.rnz.co.nz/national/programmes/waitangiday/audio/2018732981/ardern-calls-for-efforts-to-get-the-basics-right-for-maori.

Bargh, M. (2021), « Indigenous Peoples and Foreign Policy: The New Zealand Experience », Te Tai Haruru Journal of Māori and Indigenous Issues, vol. 3, https://cdn.auckland.ac.nz/assets/law/Documents/ 2021/our-research/Te-tai-haruru-journal/Vol3/Te%20Tai%20Haruru%20Journal%203%20(2010)%2089 %20Bargh.pdf.

Gouvernement du Canada (2022), Le Canada et Aotearoa-Nouvelle-Zélande signent un arrangement portant sur la collaboration autochtone (Déclaration), https://www.canada.ca/fr/services-autochtones-canada/nouvelles/2022/08/le-canada-et-aotearoa-nouvelle-zelande-signent-un-arrangement-portant-sur-la-collaboration-autochtone.html.

MFAT (2022), Engagement with Māori (site web), Ministère des Affaires étrangères et du Commerce de la Nouvelle-Zélande, https://www.mfat.govt.nz/en/about-us/who-we-work-with/engagement-with-maori.

MFAT (2022), Annual Report 2021-22, Ministère des Affaires étrangères et du Commerce de la Nouvelle-Zélande, https://www.mfat.govt.nz/assets/About-us-Corporate/MFAT-corporate-publications/MFAT-Annual-Report-2021-22.pdf.

MFAT (2021), Putting Indigenous on the APEC agenda (site web), Ministère des Affaires étrangères et du Commerce de la Nouvelle-Zélande, https ://www.mfat.govt.nz/en/trade/our-work-with-apec/putting-indigenous-on-the-apec-agenda.

Samoa Observer (2022), Savai'i has more to offer the world, says hotelier, https://www.samoaobserver. ws/category/samoa/97526?utm_content=buffere8699&utm_medium=social&utm_source=facebook.com&utm_campaign=buffer.

Samoa Observer (2021), Tourism operators back cultural shift, https://www.samoaobserver.ws/category/ samoa/95309?utm_content=buffer66460&utm_medium=social&utm_source=facebook.com&utm_campaign=buffer.

Ressources de l’OCDE

OECD (2023), Examens de l'OCDE sur la coopération pour le développement : Nouvelle-Zélande 2023, Examens de l'OCDE sur la coopération pour le développement, OECD Publishing, Paris, https://doi.org/10.1787/7f5c91cc-fr.

OCDE (2023), Coopération pour le développement 2023 : Quel système d’aide pour demain ? https://doi.org/10.1787/83b806cb-fr.

OCDE (2018), Coopération pour le développement 2018 : Agir ensemble pour n'oublier personne, https://doi.org/10.1787/dcr-2018-fr.

Pour en savoir plus sur la coopération pour le développement mise en œuvre par la Nouvelle-Zélande, voir :

OCDE, « New Zealand », Development Co-operation Profiles, OECD Publishing, Paris, https://doi.org/10.1787/2dcf1367-en (anglais uniquement).

D’autres exemples En pratique concernant la Nouvelle-Zélande sont disponibles ici : https://www.oecd.org/cooperation-developpement-apprentissage?tag-partenaire+clé=nouvelle-zélande#search.

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