06/03/2023 - L’économie du Canada s’est entièrement redressée après la crise du COVID-19, mais elle doit à présent faire face aux risques découlant de la forte inflation et des incertitudes économiques mondiales liées à la guerre d’agression menée par la Russie contre l’Ukraine, selon un nouveau rapport de l’OCDE.
D’après la dernière Étude économique de l’OCDE consacrée au Canada, les pouvoirs publics devront, pour accélérer le relèvement du niveau de vie, renforcer l’environnement des entreprises afin de porter les faibles taux de croissance de la productivité et de l’investissement du Canada au niveau de ceux des économies de tête de l’OCDE. Des réformes visant à améliorer l’efficience de la fiscalité et des dépenses permettraient aux administrations fédérale et provinciales de continuer à financer leurs importants engagements sans mettre sous tension les budgets.
La production économique du Canada est revenue à son niveau antérieur à la pandémie au début de 2022. Depuis, les tensions mondiales sur les prix ont fait grimper l’inflation, mais dans une moindre mesure que dans de nombreux autres pays de l’OCDE. Le Canada étant une économie ouverte, il sera, dans les temps à venir, vulnérable face à toute décélération rapide de la demande mondiale et à la volatilité des marchés de produits de base et de capitaux résultant de la guerre en Ukraine.
« À l’instar de nombreuses économies, le Canada doit relever un redoutable défi qui consiste à juguler l’inflation sans affaiblir l’activité économique », a déclaré le Chef économiste par intérim de l’OCDE, M. Alvaro Pereira, en présentant l’Étude lors d’une manifestation organisée à Ottawa par l’Association canadienne de science économique des affaires et l’Association des économistes d’Ottawa. « Les politiques monétaire et budgétaire doivent œuvrer ensemble à l’atténuation des tensions inflationnistes pendant que les pouvoirs publics s’attachent à renforcer les finances publiques. Parallèlement, le Canada doit consentir des efforts supplémentaires pour accroître la productivité en levant les obstacles aux échanges intérieurs et à la concurrence. »
Les auteurs de l’Étude saluent les mesures prises par le gouvernement fédéral pour atténuer les difficultés liées au coût de la vie, notamment celles destinées à améliorer l’accès à des services de garde d’enfants abordables et à réduire le coût du logement pour les ménages à faible revenu. À court terme, à mesure que la hausse du coût de la vie érodera les revenus réels, il sera également essentiel de continuer à apporter un soutien ciblé aux ménages vulnérables, en privilégiant des aides au revenu à des mesures généralisées de réduction du coût de l’énergie.
D’après les prévisions actualisées présentées dans l’Étude, le PIB du Canada progressera de 1.3 % en 2023 et de 1.5 % en 2024. Le durcissement de l’orientation de la politique monétaire au cours de l’année écoulée contribuera à ramener l’inflation vers 2 % d’ici à la fin de 2024. Les finances publiques devraient en outre s’être améliorées en 2022, en partie grâce à la hausse des recettes due au renchérissement des produits de base. Selon les estimations, le déficit budgétaire consolidé de tous les niveaux d’administration a reflué à 0.6 % du PIB en 2022, après avoir culminé à 11.4 % en 2020.
La révision en cours de la Loi sur la concurrence constitue une mesure bienvenue pour renforcer le climat des affaires. Les auteurs de l’Étude recommandent aux pouvoirs publics canadiens de s’attacher en priorité à alléger les restrictions applicables aux prises de participation étrangères dans les secteurs concernés et à adapter le droit de la concurrence pour faire face aux défis liés aux géants de la technologie. Il s’agit notamment de remédier aux obstacles liés à l’accès aux données qui entravent l’entrée des entreprises sur le marché, aux pratiques abusives et aux comportements d’exclusion, ainsi qu’au phénomène de consommateurs captifs (particuliers ou entreprises) vis-à-vis de certains fournisseurs de services. Il est en outre possible de faire davantage pour réduire les obstacles aux échanges entre provinces et alléger les contraintes réglementaires pesant sur les entreprises.
L’Étude met par ailleurs en évidence les difficultés auxquelles le Canada se heurte pour atteindre ses objectifs climatiques. En tant que gros producteur de pétrole brut lourd et de gaz naturel, le Canada émet davantage de gaz à effet de serre par habitant que la plupart des autres pays de l’OCDE. Ses caractéristiques météorologiques et géographiques expliquent en partie l’ampleur de ses besoins énergétiques pour chauffer les logements et transporter des personnes et des marchandises sur de grandes distances, ce qui tire également vers le haut l’intensité d’émission de ses activités économiques.
Les pouvoirs publics ont mis en place de nombreuses mesures de décarbonation de l’économie, mais pour atteindre ses objectifs climatiques et parvenir à la neutralité carbone d’ici à 2050, le Canada devra réaliser des économies d’énergie considérables et prendre des mesures de grande envergure afin de remplacer les combustibles fossiles par des énergies propres. Les administrations fédérale et infranationales devront unir leurs efforts pour mettre en œuvre des politiques climatiques complémentaires qui incitent fortement à produire de façon plus écologique, sans nuire considérablement à l’économie.
On trouvera ici une Synthèse de cette Étude économique reprenant ses principales conclusions et ses graphiques clés (vous êtes invités à inclure ce lien dans vos articles).
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