Programme international pour l'action sur le climat

1. Dans quelle mesure les pays sont-ils en voie d’atteindre les objectifs d’atténuation nationaux et mondiaux ?

Dans l’Accord de Paris, l’objectif est fixé de limiter le réchauffement planétaire à bien moins de 2ºC et l’engagement est pris de s’efforcer de limiter la hausse des températures moyennes mondiales à 1.5ºC. Un autre objectif est d’atteindre la neutralité en émissions mondiales de GES ou la neutralité carbone mondiale pendant la seconde moitié de ce siècle (CCNUCC, 2016[1])1. L’Accord de Paris repose sur une approche ascendante dans le cadre de laquelle les pays prennent des engagements sous la forme de contributions déterminées au niveau national (CDN). Dans le cadre des CDN, les cibles en matière d’émissions de GES et les politiques climatiques nationales prennent la forme de déclarations en faveur d’une réduction progressive des émissions de GES, d’une amélioration des capacités d’adaptation au changement climatique et, dans certains cas, d’une gestion des pertes et préjudices imputables aux événements météorologiques extrêmes.

En exploitant les données de la CCNUCC, de l’AIE et de l’OCDE, ainsi que les indicateurs mis au point par l’IPAC, le présent chapitre passe en revue les engagements des pays et l’évolution de leurs émissions de GES. Il met en lumière les différences entre groupes de pays, évalue les tendances suivies par les émissions à partir des indicateurs d’intensité d’émission et approfondit la question des sources d’émission et des déterminants structurels.

L’Accord de Paris est pour beaucoup dans la révision à la hausse du niveau d’ambition affiché en matière d’atténuation du changement climatique. Des engagements en faveur de l’atténuation des émissions de GES ont été transmis par 196 Parties au travers des CDN et, en septembre 2023, 105 pays s’étaient engagés à viser la neutralité carbone, dont 90 ambitionnaient d’atteindre l’objectif d’ici 2050 (https://www.oecd.org/climate-action/ipac/).

La mise en œuvre de ces déclarations a permis de revoir à la baisse le niveau des émissions mondiales de GES par rapport aux projections précédentes (CCNUCC, 2023[2]). Ces efforts ne suffisent pourtant pas en raison d’un « déficit d’ambition ». Si les CDN présentées en 2022 étaient pleinement mises en œuvre, on estime que la hausse moyenne des températures serait de 2.4ºC d’ici à la fin du siècle, en tenant compte des engagements inconditionnels et conditionnels, et de 2.6ºC si l’on ne tient compte que des engagements inconditionnels (PNUE, 2022[3]). De plus, les engagements nationaux mis à jour depuis la COP26 (mars 2023) n’ont qu’un effet négligeable sur les prévisions d’émissions à l’horizon 2030 (PNUE, 2022[3])2.

Afin d’atteindre l’objectif de température à long terme inscrit dans l’Accord de Paris, les pays doivent accélérer leurs efforts d'atténuation et se montrer nettement plus ambitieux. Pour maintenir le cap des 1.5ºC, il convient de limiter les émissions mondiales de GES à 33 Gt éq. CO2 d’ici 2030 et à 8 Gt éq. CO2 d’ici 2050. Cependant, les prévisions montrent actuellement que les émissions mondiales atteindront 58 Gt éq. CO2 d’ici 2030 si l’on s’en tient aux politiques mises en œuvres et évaluées en 2022 (PNUE, 2022[3]).

 Cibles d'émission de GES

Pour être efficace, les mesures relatives à la lutte contre les changements climatiques doivent reposer sur des cibles claires d’émission de GES et sur la mise en œuvre d’une stratégie d’atténuation efficace. Bien que les objectifs climatiques doivent être réalisés à l’échelle mondiale, les cibles définies dans le cadre de l’Accord de Paris et les mesures prises pour les atteindre relèvent de l’initiative des autorités nationales.

L’Accord de Paris couvre 196 pays qui, ensemble, produisent environ 94 % des émissions mondiales de GES3. En 2020, les pays de l’OCDE ont contribué pour près d’un tiers aux émissions mondiales et les pays du G20 y ont contribué à hauteur d’environ 70 %. La même année, les pays couverts par l’IPAC (c.-à-d., outre les pays de l’OCDE et du G20, les pays candidats à l’adhésion à l’OCDE et Malte) étaient responsables d’environ 74 % des émissions mondiales.4 Ainsi, le suivi des groupes de pays de l’IPAC, appelés collectivement pays de l’OCDE et pays partenaires de l’OCDE, constitue un baromètre représentatif de l’action climatique mondiale.

Les CDN présentent des objectifs d’atténuation qui reposent sur des approches et des périmètres différents, lesquels reflètent les responsabilités communes mais différenciées des pays et leurs capacités respectives, ce dont tenait compte l’Accord de Paris. Les objectifs sont souvent exprimés en pourcentage d’évolution par rapport au niveau d’émission observé pendant une année de référence ou par rapport à un scénario de statu quo ; il est ainsi difficile de comparer les objectifs reposant sur des années de référence et scénarios différents. Par ailleurs, les pays mettent à jour leurs engagements et les objectifs sont ajustés, ce qui complique le suivi harmonisé des avancées et l’évaluation des conséquences pour l’objectif de température à long terme fixé dans l’Accord de Paris.

Pour analyser plus facilement et rendre plus comparables les cibles d’atténuation des pays, l’OCDE a mis au point une méthodologie dans laquelle les objectifs d’atténuation revendiqués dans les CDN à l’horizon 2030 sont convertis en quantités physiques d’émissions de GES, puis comparés aux émissions passées ; cette opération permet d’exprimer les différences entre l’objectif annoncé et le niveau d’émission actuel de chaque pays sous une forme comparable (OCDE, à paraître[4]).

Le total estimé des objectifs inconditionnels d’émissions de GES physiques à l’horizon 2030 pour les pays de l’OCDE et partenaires de l’OCDE s’élève à 29 900 Mt éq. CO2, si l’on tient compte des CDN soumises à la CCNUCC au 30 juin 2023. Ce chiffre correspond à un engagement de réduction des émissions de 4 600 Mt éq. CO2 entre 2020 et 2030, soit une baisse de 13% par rapport à 2020 (17 % par rapport à 2019) ; les pays de l’OCDE se sont engagés à réduire leurs émissions de 28 % et les pays partenaires de l’OCDE de 5 %56.

Pour atteindre l’objectif de l’Accord de Paris, il convient de réduire les émissions mondiales de 43 % d’ici 2030 par rapport au niveau de 2019 (GIEC, 2023[5]). Ensemble, les pays de l’OCDE et pays partenaires, avec leurs objectifs nationaux, sont encore au moins 9 315 Mt éq. CO2 en-deçà du volume de réduction nécessaire estimé (Graphique 2). Pour combler le « déficit d’ambition »7, ces pays devraient donc réduire d’environ un tiers supplémentaire leurs objectifs d’émissions agrégés pour passer de 29 900 à 20 580 Mt éq. CO2, s’ils entendent atteindre la réduction d’émissions que le GIEC estime nécessaire pour respecter l’objectif de température énoncé dans l’Accord de Paris. Le déficit d’ambition s’exprime en comparant les émissions de GES maximales pouvant être émises si l’on entend suivre le chemin des 1.5ºC aux cibles inconditionnelles prévues dans les CDN.8

En termes de contribution à la réduction des émissions mondiales, les engagements des pays de l’OCDE et pays partenaires à l’horizon 2030 représentent une baisse des émissions mondiales de 12.5 % par rapport à 2019, soit une infime amélioration par rapport aux 12 % relevés dans l’Observateur de l’action climatique 2022 (OCDE, à paraître[4] ; Climate Watch, 2023[6]).

Pire encore, même ces engagements pourraient ne pas être remplis. Les mesures actuellement en place ne permettront pas d’atteindre les objectifs énoncés, c’est-à-dire qu’il y a une « marge de mise en œuvre ». Les trajectoires estimées pour les émissions mondiales totales suggèrent que les objectifs ne seront pas atteints (nous ne disposons pas d’estimations officielles des prévisions pour les pays de l’OCDE et pays partenaires). En effet, les émissions mondiales devraient s’accroître de plus de 10 % d’ici 2030 par rapport au niveau de 2010 (PNUE, 2022[3])9. Cela signifie que les émissions mondiales dépasseront d’environ 24 300 Mt éq. CO2 le volume maximum estimé qui peut, d’après le sixième Rapport d'évaluation du GIEC, être émis d’ici 2030 si l’on entend rester sur la trajectoire d’atténuation qui permet d’atteindre la cible de 1.5ºC énoncée dans l’Accord de Paris sans ou avec très peu de dépassement (ci-après la cible de l’Accord de Paris).

 
Graphique 2. Les pays de l’OCDE et partenaires de l’OCDE ne sont pas sur la trajectoire de neutralité carbone
Émissions totales, dont UTCATF (1990-2020), objectifs des CDN et cibles que le GIEC estime compatibles avec la cible de l’Accord de Paris, pays de l’OCDE et partenaires de l’OCDE, en Mt éq. CO2

Note : On a estimé les données manquantes relatives aux pays partenaires de l’OCDE en s’appuyant sur une moyenne pondérée des tendances en matière d’émissions de CO2 liées à la combustion d’énergie et à la croissance du PIB, en prenant en compte les données officielles validées par les pays. L’IPAC a uniquement recours à des données officielles pour réaliser ces estimations (par exemple, des inventaires nationaux et des rapports biennaux actualisés soumis à la CCNUCC). Les cibles de l’Accord de Paris sont calculées à partir des estimations fournies dans le sixième Rapport d’évaluation du GIEC.

Source : (OCDE, 2023[7]), (OCDE, 2023[8]), (OCDE, 2023[9]) et rapports officiels soumis par les pays à la CCNUCC, https://unfccc.int/reports.

Quelques pays se sont engagés en faveur d’objectifs d’émissions de GES à l’horizon 2030 plus élevés que leurs niveaux d’émissions actuels. Par exemple, l’Inde, le Mexique, le Pérou et la République de Türkiye, qui ensemble sont responsables de 12 % des émissions de GES des pays de l’OCDE et pays partenaires, ont fixé des objectifs qui impliquent une hausse des émissions de GES par rapport à 2020 d’un volume équivalent à 3 % des émissions des pays de l’OCDE et pays partenaires. Certes, il convient de tenir compte des différents niveaux de développement et des différentes situations des pays, néanmoins l’objectif de température à long terme énoncé dans l’Accord de Paris ne sera atteint que si tous les pays se montrent plus ambitieux (Graphique 3).

 
Graphique 3. Les CDN représentent une hausse des émissions dans certains pays à l’horizon 2030
Différence en pourcentage entre les niveaux d’émission en 2020 et les objectifs à l’horizon 2030, pour les pays de l’OCDE et pays partenaires

Note : On a estimé les données manquantes relatives aux pays partenaires de l’OCDE en s’appuyant sur une moyenne pondérée des tendances en matière d’émissions de CO2 liées à la combustion d’énergie et à la croissance du PIB, en prenant en compte les données officielles validées par les pays. L’IPAC a uniquement recours à des données officielles pour réaliser ces estimations. Il présente des estimations préliminaires et travaille actuellement à mettre au point des méthodes statistiques pour combler les manques de données.

Source : Calculs de l’OCDE à partir de (OCDE, à paraître[4]).

En dehors des objectifs à l’horizon 2030, de plus en plus de pays et d’autorités infranationales se sont engagés à avancer vers la neutralité carbone10. En septembre 2023, l’IPAC a identifié 105 pays qui ont adopté ou proposé des cibles de neutralité carbone, notamment l’Union européenne, et qui représentent environ 83 % des émissions mondiales de GES11. Cependant, seuls 26 pays plus l’UE12, responsables d’environ 16 % des émissions mondiales de GES, ont inscrit leur objectif de neutralité carbone dans une loi (Graphique 4). Les autres se sont engagés à atteindre la neutralité carbone soit dans leur stratégie à long terme, soit dans les CDN, soit à l’occasion de déclarations prononcées dans des réunions à haut niveau comme la Conférence des Parties (COP) sur le changement climatique13. Des engagements juridiquement contraignants garantissent une action à long terme en faveur de l’atténuation et de l’objectif de température énoncé dans l’Accord de Paris.

 
Graphique 4. 105 pays et territoires dont l’UE ont pris ou envisagé des engagements de neutralité carbone, mais seuls 27 d’entre eux responsables de 16 % des émissions de GES les ont inscrits dans une loi
Nombre de pays ayant pris des engagements en faveur de la neutralité carbone, par catégorie, et leur part, en pourcentage, dans les émissions mondiales

Note : Les objectifs de neutralité carbone, de neutralité climatique, de neutralité GES et de zéro émission nette sont tous considérés comme des engagements à aller vers la neutralité GES. L’UE vise à atteindre la neutralité GES de façon globale sur son territoire d’ici à 2050. Afin qu’elles ne soient pas comptabilisées deux fois, les émissions de chaque pays de l’UE engagé sur la voie de la neutralité carbone ne sont pas prises en compte, mais figurent dans les émissions totales de l’UE représentées dans la barre intitulée « inscrit dans la loi ».

Source : OCDE (2023), Tableau de bord de l’IPAC,https://www.oecd.org/climate-action/ipac/dashboard.

 
Encadré 2. Le déficit d’ambition et la marge de mise en œuvre

Les pays ont considérablement accru leurs engagements en faveur de l’atténuation, néanmoins un écart appelé « déficit d’ambition » persiste entre les objectifs d’émission et la réduction des émissions nécessaire pour atteindre l’objectif de température énoncé dans l’Accord de Paris. Dans son sixième Rapport d’évaluation, le GIEC estime qu’une réduction supplémentaire des émissions de 43 % est nécessaire entre 2019 et 2030 si l’on veut atteindre l’objectif de température énoncé dans l’Accord de Paris. Les estimations du déficit d’ambition s’expriment par rapport aux émissions de GES maximales pouvant être émises si l’on entend suivre le chemin des 1.5ºC et tiennent compte des CDN inconditionnelles.

Par ailleurs, il est possible que même les objectifs de réduction des émissions présentés dans les CDN ne soient pas atteints, car les mesures en place sont insuffisantes pour ce faire : c’est la marge de mise en œuvre. Pour estimer cette marge, il faut évaluer les trajectoires d’émissions des pays et l’efficacité des diverses approches en matière d’atténuation. L’OCDE s’est engagée dans une initiative conséquente visant à évaluer l’efficacité des mesures envisagées et à déterminer les trajectoires d’émissions des pays participants (voir https://www.oecd.org/climate-change/inclusive-forum-on-carbon-mitigation-approaches/).

 Nouveaux engagements des secteurs du transport aérien international et du transport maritime

Deux secteurs mondiaux ont connu des évolutions importantes : le secteur du transport aérien international a adopté en 2022 un objectif de neutralité carbone d’ici 2050 applicable aux vols internationaux, et en 2023 le secteur maritime international s’est fixé l’objectif d’atteindre les émissions nettes égales à zéro « d’ici ou vers 2050 »14 15. Ainsi, les deux principales sources internationales d’émissions ont maintenant un objectif de neutralité carbone. Les deux secteurs ensemble représentent environ 4 % à 5 % des émissions mondiales de GES et chacun d’entre eux est responsable de 2 % des émissions mondiales de CO2 liées à l’énergie (AIE, 2023[10]).

Les États membres de l’Organisation maritime internationale (OMI) ont révisé leurs objectifs d’émissions de GES en 2022 afin de réduire collectivement leurs émissions d’au moins 20 % d’ici 2030 (en visant les 30 %) et d’au moins 70 % d’ici 2040 (en visant les 80 %). Les membres de l’Oganisation de l’Aviation Civile Internationale (OACI) ont révisé à la baisse la référence des émissions (de 100 % à 85 % du niveau de 2019) du régime de compensation et de réduction du carbone pour l’aviation internationale (CORSIA) – le plus important instrument mondial de marché visant à réduire les émissions dues au transport aérien international. Depuis 2022, 42 pays de l’OCDE et pays partenaires participent au régime CORSIA. Ces avancées sont importantes, car elles permettent de travailler à réduire les émissions mondiales en-dehors du périmètre des CDN et dans un cadre qui dépasse les juridictions de chaque pays. Néanmoins, les émissions de GES liées à l’aviation ont repris de plus belle après la pandémie de COVID-19 (OCDE, s.d.[11]). Le 6 juillet 2023 a d’ailleurs connu la plus forte activité de l’aviation commerciale jamais enregistrée16.

 Tendances des émissions de GES

Les émissions nettes de GES des pays de l’OCDE (en tenant compte du secteur UTCATF) sont en baisse progressive après avoir connu un pic en 2007 (Graphique 2). Les émissions nettes des pays de l’OCDE ont diminué de 15 % entre 2007 et 2021 et de 10 % depuis 2010, pour atteindre 13 600 Mt éq. CO2 en 2021. Cette diminution s’explique en partie par le ralentissement de l’activité économique qui a suivi la crise de 2008 mais aussi par le renforcement des politiques climatiques (OCDE, 2023[12]).

Les progrès sont très variables d’un pays à un autre. Entre 2010 et 2021, les émissions nettes des grands émetteurs de l’OCDE comme les États-Unis, l’Union européenne et le Japon ont baissé respectivement de 11 %, 15 % et 9 % (par rapport à la dernière édition de l’Observateur de l’action climatique dans laquelle les réductions d’émissions sur la période 2010-20 étaient respectivement de 17 %, 20 % et 11 %)17. Cependant, pour atteindre leurs objectifs respectifs d’émission, ces trois acteurs doivent accélérer la mise en place de mesures relatives à la lutte contre les changements climatiques et réduire leurs émissions de 42 %, 35 % et 32 % respectivement par rapport à 2021.

Dans le même temps, 14 pays ont vu augmenter leurs émissions nettes (en tenant compte de l’UTCATF) entre 2010 et 2020. Dans des pays fortement émetteurs, comme le Brésil, la République populaire de Chine (ci-après « la Chine »), l’Indonésie et l’Inde, les émissions continuent de progresser et n’ont pas encore atteint leur pic. La hausse des émissions en 2020 devrait être de 34 % en Chine et 37 % en Inde par rapport aux niveaux de 201018. Les pays devront réduire considérablement leurs émissions dans les dix prochaines années pour réaliser les objectifs de l’Accord de Paris (Graphique 5). Pour consulter les données par pays, voir le Tableau de bord de l’IPAC.

 
Graphique 5. Les pays de l’OCDE doivent réduire leurs émissions d’ici 2030, mais les émissions mondiales devraient augmenter
Émissions totales 2000-20 et objectif à l’horizon 2030, en Mt éq. CO2

Note : Dans (CCNUCC, 2022[13]) les émissions mondiales sont estimées en partant de l’hypothèse que les objectifs des CDN représentent 53 700 Mt éq. CO2 d’émissions d’ici 2030. L’OCDE estime les émissions 2030 en partant des CDN mises à jour en 2023 qui abaissent l’objectif d’émissions à 52 870 Mt éq. CO2.

Source : Climate Watch (2023) Washington DC : World Resources Institute, https://www.climatewatchdata.org/ghg-emissions.

 Intensité d’émission de GES par habitant et par unité de PIB

Un élément essentiel de l’atténuation à long terme est le découplage entre les émissions et la croissance économique et démographique, celui-ci étant exprimé par la relation entre l’intensité d’émission et l’évolution de la croissance économique. Les chiffres globaux des émissions de GES ne tiennent pas compte de l’économie et de la population des pays. Deux indicateurs complémentaires sont utilisés pour comparer l’intensité d’émission entre les pays : l’intensité d’émission de CO2 liée à l’énergie par habitant, et l’intensité d’émission de GES par unité de PIB19.

Par rapport au milieu des années 2000, les pays de l’OCDE sont parvenus à réduire les émissions de CO2 liées à l’énergie à 7.9 tonnes par habitant en 2021 (OCDE, 2023[8]). En revanche les pays partenaires de l’OCDE ont vu leurs émissions par habitant augmenter constamment depuis le début des années 2000, bien qu’elles restent inférieures aux émissions des pays de l’OCDE (Graphique 6).

 
Graphique 6. Les émissions par habitant ont diminué dans les pays de l’OCDE, mais augmenté dans les pays partenaires de l’OCDE
Intensité en CO2, émissions par habitant de CO2 liées à l’énergie, en tonnes, 1990-2021

Source : OCDE (2023), « Indicateurs de croissance verte », Statistiques de l’OCDE sur l’environnement (base de données), https://doi.org/10.1787/data-00665-fr.

L’intensité d’émission de GES par unité de PIB a connu une forte baisse depuis 1990, tant dans les pays de l’OCDE que dans les pays partenaires. Dans les pays partenaires de l’OCDE, elle est cependant plus de deux fois supérieure à celle des pays de l’OCDE (Graphique 7)20. Si ces pays partenaires réduisaient l’intensité d’émission de leur économie au niveau de celle des pays de l’OCDE en 2020, les émissions totales mondiales diminueraient d’un cinquième.

 
Graphique 7. L’intensité d’émission des pays de l’OCDE et des pays partenaires a diminué
Intensité GES totale (tenant compte de l’UTCATF) par unité de PIB, en kilogrammes par USD, à prix constants et parité de pouvoir d’achat, 1990-2020

Source : OCDE (2023), « Air et climat : Émissions de gaz à effet de serre par source », Statistiques de l’OCDE sur l’environnement (base de données), https://doi.org/10.1787/data-00594-fr. « Indicateurs de croissance verte », Statistiques de l’OCDE sur l’environnement (base de données), https://doi.org/10.1787/data-00665-fr. Rapports officiels soumis par les pays à la CCNUCC.

 Émissions imputables à la consommation et à la production

Dans une économie mondialisée, il est impossible d’évaluer pleinement la contribution de chaque pays au réchauffement planétaire sans examiner l’incidence des échanges commerciaux sur les émissions. Cette incidence apparaît lorsque l’on examine le type de produits consommés et plus particulièrement leur contenu en carbone. Pour atteindre l’objectif de température énoncé dans l’Accord de Paris tout en garantissant la croissance économique à long terme, une transition énergétique est nécessaire qui réduira l’empreinte carbone tant de la production économique que de la consommation individuelle. Ceci apparaît clairement dans les indicateurs qui représentent les émissions imputables à la consommation et à la production.

Les objectifs et les mesures de réduction des émissions de GES de chaque pays sont au cœur de l’Accord de Paris. Cela dit, cet accord ambitionne de faire reculer les émissions à l’échelle mondiale. Ainsi, les pays peuvent remplir leurs objectifs tout en faisant l’acquisition de produits et de services à forte intensité de carbone auprès d’autres pays, ce qui accroît les émissions mondiales dans l’ensemble. Les efforts consentis par les pays de l’OCDE pour faire baisser les émissions mondiales pourraient obtenir davantage de résultats si les émissions étaient considérées du point de vue de la demande finale.

Étant donné que les inventaires des émissions de GES sont dressés à partir des territoires nationaux et des sources de production, les pays sous-estiment leur part dans le total des émissions en ne comptabilisant pas leur demande de biens et services en provenance d’autres pays. Une des raisons pour lesquelles les pays de l’OCDE ont atteint une baisse de leur intensité d’émission de GES est que les émissions nationales ont été délocalisées en augmentant la consommation de produits importés à forte intensité de carbone. Ainsi, la plupart des pays de l’OCDE externalisent la production de leurs biens à forte intensité de carbone vers d’autres pays, or cela conduit indirectement à une augmentation des émissions mondiales de GES. Ce phénomène de délocalisation est une forme de fuite de carbone qui peut compromettre les effets des politiques environnementales et climatiques, si ces pays producteurs disposent de technologies moins sobres en carbone et de normes environnementales moins strictes. Pour cette raison, la pression pour mettre en œuvre des mécanismes d’ajustement carbone aux frontières s’est accrue (par exemple celui de l’UE) (Commission européenne, 2021[14]).

Dans la zone OCDE, l’empreinte carbone globale (émissions imputables à la demande), qui correspond à la totalité du CO2 émis partout dans le monde pour répondre à la demande finale intérieure, est généralement supérieure aux émissions imputables à la production intérieure.

Les émissions imputables à la consommation et à la production ont atteint un pic en 2007 dans les pays de l’OCDE et sont en baisse depuis lors. Cependant, dans ces pays, les émissions imputables à la consommation sont significativement plus élevées que celles imputables à la production. Les importations à forte intensité de carbone depuis des pays partenaires de l’OCDE expliquent en partie cette différence (Graphique 8). En revanche, dans ces pays partenaires, les émissions imputables à la production sont supérieures que celles imputables à la consommation et les deux catégories connaissent une hausse continue.

 
Graphique 8. Via leurs importations, les pays de l’OCDE externalisent leurs émissions vers des pays partenaires de l’OCDE
Émissions de CO2 imputables à la production et à la consommation, en millions de tonnes

Source : OCDE, « Indicateurs de croissance verte », Statistiques de l’OCDE sur l’environnement (base de données), https://doi.org/10.1787/data-00665-fr, d’après des données OCDE et AIE.

 Les déterminants des émissions de GES

 Sources d’émission

Identifier les sources d’émission peut contribuer à la conception de stratégies d’atténuation du changement climatique plus ciblées. Les sources d’émission varient considérablement d’un pays à un autre en fonction de leur niveau de développement, de leur environnement naturel (par exemple le climat, les ressources disponibles et l’éloignement des marchés), mais aussi de leurs secteurs économiques prédominants, de leurs sources d’énergie et de l’utilisation des terres.

Les profils d’émission des pays de l’OCDE et des pays partenaires sont légèrement différents, ce qui suggère que des démarches différentes s’avèrent nécessaires. La production d’électricité et de chauffage contribue aux émissions à hauteur de 32 % dans les pays de l’OCDE, contre près de 39 % dans les pays partenaires. De même, le secteur des transports est responsable de 24 % des émissions dans les pays de l’OCDE, contre 18 % dans les pays partenaires (Graphique 9 et Graphique 10). La principale raison qui explique le poids de ces secteurs est leur dépendance aux combustibles fossiles pour la production d’électricité. Les secteurs qui arrivent en deuxième position sont l’agriculture et les procédés industriels, chacun étant responsable d’environ 20 % des émissions totales.

 
Graphique 9. La plupart des émissions de GES dans les pays de l’OCDE sont imputables au secteur de l’énergie
Pourcentage, pays de l’OCDE, 2020

Note : La classification des sources d’émission du GIEC regroupe les secteurs électricité/chauffage, transport, activités de fabrication/construction et autre énergie dans la catégorie « 1. Énergie ».

Source : Climate Watch (2023) Washington DC : World Resources Institute, https://www.climatewatchdata.org/ghg-emissions.

 
Graphique 10. La plupart des émissions de GES dans les pays partenaires de l’OCDE sont imputables au secteur de l’énergie et au secteur agricole
Pourcentage, pays partenaires de l’OCDE, 2020

Note : La classification des sources d’émission du GIEC regroupe les secteurs électricité/chauffage, transport, activités de fabrication/construction et autre énergie dans la catégorie « 1. Énergie ».

Source : Climate Watch (2023) Washington DC : World Resources Institute, https://www.climatewatchdata.org/ghg-emissions.

La part des énergies fossiles dans les approvisionnements totaux en énergie a baissé dans les pays de l’OCDE et dans les pays partenaires depuis 2011, mais reste élevée (Graphique 11). Les pays de l’OCDE ont réduit leur part d’utilisation de combustibles fossiles de 84 % à 78 % entre 1990 et 2020, tandis que dans le monde cette part est restée quasiment constante, passant de 81 % en 1990 à un pic de 83 % en 2011, puis à 80 % en 2021. Après avoir atteint un pic à 86 % en 2012, les pays partenaires de l’OCDE ont vu cette part diminuer très légèrement pour atteindre 84 % en 2021. Davantage d’investissements dans les sources d’énergie bas carbone et dans les mesures d’efficience énergétique sont nécessaires pour décarboner le secteur de l’énergie.

 
Graphique 11. L’approvisionnement en énergie repose toujours sur les combustibles fossiles, mais la part de ces combustibles diminue à l’échelle mondiale
Part mondiale des combustibles fossiles dans les approvisionnements totaux en énergie, en pourcentage, pays de l’OCDE et partenaires de l’OCDE, 1990-2021

Source : Calculs de l’OCDE à partir de (AIE, 2023[15]).

Dans le secteur des transports, les émissions des pays de l’OCDE et partenaires n’ont cessé d’augmenter entre 1990 et 2022, à l’exception d’une courte baisse en 2020 en raison du COVID-19. Le transport routier représente plus de 70 % de ces émissions21. Faire diminuer les émissions imputables au secteur des transports nécessite de réduire à la fois le nombre de véhicules particuliers et l’utilisation de véhicules à moteur thermique. Dans le monde, le nombre de voitures particulières vendues reste élevé, soit plus de 75 millions de véhicules en 2022. La part des véhicules électriques (VE) est en hausse, elle représentait plus de 14 % des ventes totales de véhicules particuliers en 2022 (Graphique 12). Bien que la flotte de véhicules devienne progressivement plus écologique, les émissions liées au transport ont constamment augmenté et restent élevées, il faut donc mettre en œuvre une transition vers la mobilité et le transport de marchandises durables.

 
Graphique 12. Les ventes mondiales de véhicules particuliers ont atteint un sommet en 2016 et les ventes de VE sont en hausse
Ventes mondiales de véhicules particuliers, en millions de véhicules, 2010-2022

Source : Ventes de véhicules particuliers, 2010-22, AIE, Paris, https://www.iea.org/data-and-statistics/charts/passenger-car-sales-2010-2022.

Les changements d’affectation des terres et la foresterie (CATF) ont provoqué des émissions nettes à l’échelon mondial, cependant il existe des différences notables entre les régions22. En 2020, le secteur CATF était responsable d’environ 3 % des émissions mondiales de GES (sans compter les CATF), mais on observait de grandes variations d’un pays à un autre (Climate Watch, 2023[6]). Ces émissions sont causées principalement par la déforestation, le changement d’affectation des terres (par exemple, la transformation d’aires naturelles en terrains agricoles ou construits) et les modes de gestion non pérennes. Pour atteindre l’objectif de neutralité carbone, mais aussi les objectifs en faveur de l’environnement comme la protection de la biodiversité, il faudra lutter contre la déforestation dans les pays riches en ressources et cela doit être une préoccupation mondiale (Graphique 13).

 
Graphique 13. Lutter contre la déforestation est primordial pour atteindre les objectifs énoncés dans l’Accord de Paris
Disparition annuelle de forêts primaires dans les 10 pays de l’OCDE et pays partenaires dont les superficies boisées diminuent le plus, en hectares, 2001-22

Source : Université du Maryland et World Resources Institute, Diminution mondiale des forêts primaires (Global Primary Forest Loss), www.globalforestwatch.org.

Bien que la consommation d’énergie, le transport et la déforestation soient les principales sources d’émissions de GES à l’échelle mondiale, leur contribution relative est très variable d’un pays à l’autre. Par conséquent, les priorités et approches doivent être différentes si l’on entend atteindre les objectifs d’atténuation dans chaque pays. Ainsi, pour atteindre leurs objectifs climatiques, les pays ne doivent pas forcément agir en priorité sur les secteurs déterminants au niveau mondial ni réduire les émissions de la même manière dans tous les secteurs, au contraire ils doivent choisir des actions pertinentes au vu de leur situation particulière (Graphique 14). Comme indiqué plus en détail dans le chapitre 3, il existe des tendances générales et des facteurs communs, mais aucune mesure universelle ne peut s’appliquer à tous les pays.

 
Graphique 14. Les sources d’émission varient considérablement d’un pays à un autre
Émissions de GES par source, en pourcentage, 2021

Source : OCDE (2023), « Air et climat : Émissions de gaz à effet de serre par source », Statistiques de l’OCDE sur l’environnement (base de données), https://doi.org/10.1787/data-00594-fr.

 Autres déterminants des émissions de GES

Il ne suffit pas d’agir sur les sources d’émission individuelles pour réduire les émissions de GES, car la croissance économique et démographique est souvent plus puissante que les gains d’efficacité obtenus et que les avancées en matière de découplage des émissions et de l’activité productive. À long terme, pour atteindre l’objectif d’atténuation et défendre le bien-être des personnes, il faudra réduire la demande matérielle et énergétique dans tous les secteurs. La plupart des pays de l’OCDE sont parvenus à découpler leurs émissions de GES de la croissance de leur PIB. En moyenne, le PIB par habitant a augmenté de 44 % entre 1990 et 2020, quand sur la même période les émissions de GES par habitant ont diminué de 27 % (Graphique 15). Les pays partenaires de l’OCDE ont atteint un découplage partiel : le PIB par habitant s’est accru de 215 % entre 1990 et 2020 (même s’il restait en-deçà du PIB moyen par habitant dans les pays de l’OCDE en 2020) et les émissions ont augmenté de 60 % sur la même période (Graphique 16).

Pour que la croissance économique soit pérenne, les pays doivent pouvoir accroître leur PIB tout en réduisant progressivement leurs émissions de GES. Cependant, l’amélioration de l’efficience énergétique seule ne suffira pas à placer les pays partenaires de l’OCDE sur la voie permettant d’atteindre les objectifs globaux de neutralité carbone, il faut impérativement qu’ils progressent dans la transition énergétique s’ils veulent atteindre leurs objectifs d’atténuation (OCDE, 2023[9]).

 
Graphique 15. Dans l’OCDE, la croissance du PIB par habitant est découplée des émissions de GES par habitant
1990-2020, pays de l’OCDE, indice 1990 = 1

Source : OCDE (2023), « Air et climat : Émissions de gaz à effet de serre par source », Statistiques de l’OCDE sur l’environnement (base de données), https://doi.org/10.1787/data-00594-fr. OCDE, « Indicateurs de croissance verte », Statistiques de l’OCDE sur l’environnement (base de données), https://doi.org/10.1787/data-00665-fr.

 
Graphique 16. Le PIB et les émissions par habitant ont augmenté dans les pays partenaires de l’OCDE, mais sont partiellement découplés
1990-2020, pays partenaires de l’OCDE, indice 1990 = 1

Source : OCDE (2023), « Air et climat : Émissions de gaz à effet de serre par source », Statistiques de l’OCDE sur l’environnement (base de données), https://doi.org/10.1787/data-00594-fr. OCDE, « Indicateurs de croissance verte », Statistiques de l’OCDE sur l’environnement (base de données), https://doi.org/10.1787/data-00665-fr.

Il faut réduire la consommation de matériaux et accroître leur utilisation circulaire si l’on entend réduire les émissions de GES. Les prévisions indiquent que, si l’on s’en tient au statu quo, l’extraction de matériaux dépassera 111 Gt en 2030 et 167 Gt en 2060, soit près du double comparé aux 89 Gt extraites en 2017 (OCDE, 2019[16]). Entre la COP21 et la COP26, plus de 500 milliards de tonnes de matières premières vierges ont été consommées. Les matériaux extraits en volume toujours plus grands sont ensuite immobilisés sur une longue durée, car il sont utilisés par exemple dans le bâtiment ou les machines, ce qui signifie qu’ils sont à plus de 90 % mis au rebut, perdus ou indisponibles à la réutilisation pendant des années (Circle Economy, 2023[17]). Si l’on entend atteindre les objectifs de l’Accord de Paris, développer une économie plus circulaire s’impose, en réduisant l’empreinte matières qui est en définitive la principale source d’émissions de GES.

 
Graphique 17. Pour obtenir une réduction sensible et structurelle des émissions de GES, les pays de l’OCDE doivent réduire leur consommation de matières et favoriser l’économie circulaire
Consommation nationale de matières, pays de l’OCDE et reste du monde, en milliers de tonnes

Source : OCDE (2023), « Ressources matérielles », Statistiques de l’OCDE sur l’environnement (base de données), https://doi.org/10.1787/data-00695-fr.

Notes

1.

L’engagement explicite consiste à parvenir à un « équilibre entre les émissions anthropiques par les sources et les absorptions anthropiques par les puits de gaz à effet de serre (GES) au cours de la deuxième moitié du siècle » . Les pays ont interprété cet engagement pour fixer leurs cibles de neutralité GES d’ici 2050.

2.

Les chiffres seront mis à jour pour tenir compte de l’édition 2023 à venir du rapport du PNUE sur l’excédent d’émissions.

3.

Il y a 198 Parties à la CCNUCC, 196 d’entre elles ont signé l’Accord de Paris et tous les signataires sauf la Côte d’Ivoire ont soumis leurs contributions déterminées au niveau national.

4.

Estimations du Secrétariat de l’OCDE reposant sur les données 2020 de Climate Watch. Les données d’émissions physiques présentées dans le texte proviennent de l’OCDE, sauf indication contraire.

5.

Les pays de l’OCDE et partenaires ont mis à jour les objectifs de leurs CDN jusqu’au 30 juin 2023, dans lesquels ils se sont engagés à réduire leurs émissions de GES de 900 Mt éq. CO2 supplémentaires à l’horizon 2030, par rapport aux objectifs qui avaient été soumis à la CCNUCC en août 2022 (360 Mt éq. CO2 dans les pays de l’OCDE et 540 Mt éq. CO2 dans les pays partenaires de l’OCDE, soit une réduction respective de 4 % et 3 % de leurs émissions estimées à l’horizon 2030) ; cette ambition accrue est principalement celle de l’Inde, du Mexique et de la République de Türkiye. Dans ses nouvelles CDN de 2022 soumises à la CCNUCC, l’Inde a rehaussé son ambition en s’engageant à réduire l’intensité d’émission de son PIB de 45 % d’ici 2030 par rapport à 2005, tandis que la baisse à laquelle le pays s’était précédemment engagé était de 33-35 %. Le Mexique c’est engagé à réduire ses émissions de 35-51 % (contre 22 % précédemment) dans ses CDN 2022 ; quant à la République de Türkiye, précédemment elle s’était fixé un objectif de réduction des émissions de 21 % par rapport au scénario de statu quo, objectif qui a été rehaussé à 41 % dans ses CDN mises à jour en 2023. D’autres pays ont également accru leurs ambitions : l’Indonésie est passée d’une cible de 29 % à 31.89 % dans ses CDN mises à jour en 2022 et la Norvège s’est engagée à réduire ses émissions de 55 % dans ses CDN 2022, contre un objectif précédent de 50-55 %.

6.

Les inventaires d’émissions de GES sont dressés par territoire et reposent sur les émissions basées sur la production. Pour la plupart des pays, les émissions de GES comptabilisées ne comprennent donc pas les émissions dues au transport international. Les émissions liées à la consommation de produits fabriqués sur d’autres territoires et les émissions causées par le transport de ces produits ne sont pas comptabilisées non plus.

7.

Le déficit d’ambition fait référence à la différence entre les émissions de GES nécessaires pour atteindre l’objectif de 1,5°C et l’objectif NDC.

8.

Notez que l’estimation de 43 % de réduction des émissions fait référence aux réductions mondiales des émissions de GES ; elle n’implique pas que les pays individuels devraient réduire ce montant. Pour cette raison, ce document n’a estimé que le déficit d’ambition en matière d’émissions globales pour tous les pays couverts.

9.

Projection des émissions effectuée par le PNUE en tenant compte des politiques actuellement mises en œuvre.

10.

Le concept de « zéro émission nette » est défini comme l’équilibre entre les émissions de GES d’origine anthropique et les absorptions de GES par l’UTCATF. Cependant, la terminologie employée pour aborder les stratégies à long terme d’équilibrage des émissions et des absorptions varie en fonction des documents consultés et des sources. On parle par exemple de « neutralité carbone » ou de « zéro carbone ». Les définitions de ces termes ne sont pas toujours claires ni cohérentes.

11.

Pourcentages calculés à l’aide des données de la plateforme Climate Watch (Climate Watch, 2022[171]).

12.

Allemagne, Australie, Canada, Chili, Colombie, Corée, Danemark, Espagne, Fidji, Finlande, France, Grèce, Hongrie, Irlande, Islande, Japon, Liechtenstein, Luxembourg, Maldives, Nigéria, Norvège, Nouvelle‑Zélande, Portugal, Royaume‑Uni, Suède, Suisse et UE (27).

13.

Le nombre de pays est différent dans les autres bases de données qui cherchent à dénombrer les pays qui se sont engagés en faveur d’objectifs de neutralité GES. Par exemple, la base de données non officielle de l’AIE diffère pour certains pays, en particulier le Brunei, les Comores, la Croatie, le Ghana, les Îles Cook, le Kirghizistan, le Koweït, le Liechtenstein, le Paraguay, le Pérou, le Suriname, la Tunisie, les Tuvalu, le Vanuatu, le Vatican (que l’AIE ne couvre pas) et Maurice et le Maroc (que l’IPAC ne couvre pas).

14.

OMI (2023), « Adoption d'une stratégie révisée concernant la réduction des émissions de GES pour les transports maritimes mondiaux », Organisation maritime internationale, https://www.imo.org/fr/MediaCentre/PressBriefings/pages/Revised-GHG-reduction-strategy-for-global-shipping-adopted-.aspx.

15.

Souvent, les cibles des CDN des pays ne couvrent pas le transport international. Ces objectifs viennent donc compléter les engagements pris dans le cadre des CDN.

17.

Les pourcentages d’évolution sont calculés suivant la méthodologie consultable dans (OCDE, 2023[7]).

18.

Les données sont fournies par Climate Watch. Les données d’émissions physiques présentées dans le texte proviennent de l’OCDE, sauf indication contraire.

19.

Le premier indicateur, bien que centré sur les émissions de CO2 liées à l’énergie, fournit une mesure de l’intensité d’émission en fonction de la population totale ; le second, qui est centré sur les émissions de GES, renseigne sur le degré de décarbonation de l’économie. Les deux mesures aident à comprendre d’où viennent les émissions d’un pays et à évaluer sa trajectoire d’émissions à long terme.

20.

Les données sont fournies par Climate Watch. Les données d’émissions physiques présentées dans le texte proviennent de l’OCDE, sauf indication contraire.

21.

Émissions mondiales de CO2 imputables aux transports par sous-secteur vers un scénario de neutralité GES, 2000-2030, AIE, Paris, https://www.iea.org/data-and-statistics/charts/global-co2-emissions-from-transport-by-sub-sector-in-the-net-zero-scenario-2000-2030-2. Licence : CC BY 4.0

22.

Ce paragraphe ne concerne que les CATF et non l’UTCATF, car les auteurs ont utilisé les estimations mondiales disponibles.

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