Quality Early Childhood Education and Care for Children Under Age 3

Résumé

Pendant les trois premières années de leur vie, les enfants grandissent et apprennent à un rythme plus soutenu qu’à tout autre moment de la vie. De plus en plus, les enfants passent au moins une partie de cette période de développement dans des structures d’éducation et d’accueil des jeunes enfants (EAJE). Offrir des services d’EAJE de qualité à tous les enfants peut être un moyen efficace de promouvoir l’apprentissage, le développement et le bien-être des jeunes enfants, mais aussi de favoriser l’activité des parents. Toutefois, le secteur de l’EAJE pour les moins de 3 ans varie considérablement d’un pays à l’autre en termes de taux de fréquentation, de structure, d’investissement et de gouvernance. Au sein des pays, l’expérience des enfants de moins de 3 ans est également différente selon le type de structure qu'ils fréquentent et le personnel qui y travaille.

L’Enquête internationale de l'OCDE sur l'enseignement et l'apprentissage TALIS Petite enfance interroge le personnel et les responsables des structures d’EAJE pour les moins de 3 ans sur leur expérience et sur la structure. Le présent rapport examine de multiples facteurs connus comme déterminant la qualité de l’EAJE pour les enfants de moins de 3 ans dans chacun des quatre pays participants (Allemagne, Danemark, Israël et Norvège).

Un secteur complexe en pleine expansion

Les quatre pays participant à TALIS Petite enfance pour les structures dédiées aux moins de 3 ans affichent des taux de fréquentation parmi les plus élevés des pays de l'OCDE pour les enfants de 2 ans, allant de 67 % en Allemagne à environ 90 % au Danemark et en Norvège. Toutefois, en Allemagne, au Danemark et en Norvège, le nombre d’enfants de moins d’un an qui sont inscrits dans des structures d’EAJE est faible, alors qu’en Israël, le taux est d’environ 30 %.

Le secteur de l’EAJE pour les moins de 3 ans se développe rapidement, mais une majorité de responsables de structure dans ces quatre pays déclarent tenir des listes d’attente pour les enfants n’ayant pas encore pu s’inscrire. En outre, à l’exception de la Norvège, les responsables des structures d’EAJE indiquent que les pénuries de personnel et les absences sont des obstacles importants à leur efficacité. Ces résultats mettent en évidence la demande croissante de services d’EAJE pour les moins de 3 ans et les difficultés liées au développement d’une main-d’œuvre et de structures à même de répondre à cette demande de manière adéquate.

Dans trois pays, un ministère national supervise les services d’EAJE pour les enfants à partir de la naissance ou de l’âge d’un an jusqu’à leur entrée à l’école primaire. En Israël, les structures d’EAJE relèvent de ministères différents selon qu’elles accueillent des enfants de moins de 3 ans ou des enfants de 3 ans et plus. Dans les quatre pays, le secteur de l’EAJE dédié aux moins de 3 ans offre des services à domicile et en établissement. En Allemagne, on compte davantage de structures privées (par rapport aux structures publiques) et les comités de direction sont plus impliqués dans la gestion des structures que dans les autres pays participants. Ces différentes approches de la gouvernance et de l’organisation sont caractéristiques du secteur et peuvent expliquer en partie la qualité variable de l’EAJE pour les enfants de moins de 3 ans.

Les caractéristiques des structures et du personnel varient considérablement, mais le personnel est très largement dévoué à la petite enfance

En Allemagne, au Danemark et en Norvège, la plupart des enfants de moins de 3 ans sont inscrits dans une structure d’EAJE intégrée qui accueille également des enfants âgés de plus de 3 ans. En Allemagne, les structures, qui accueillent en moyenne 60 enfants, sont plus grandes qu’en Norvège ; elles reçoivent toutefois moins d’enfants de moins de 3 ans que les structures norvégiennes. En Israël, où les structures n’accueillent que les enfants de moins de 3 ans, la taille moyenne des structures est similaire à celle des structures allemandes.

La formation et les fonctions des agents au sein des structures d’EAJE varient. En Allemagne, les enseignants sont légèrement plus susceptibles que les assistants de posséder au moins une licence ou équivalent, mais les enseignants et les assistants passent autant de temps à travailler directement auprès des enfants. En Norvège, presque tous les enseignants sont au moins titulaires d’une licence ou équivalent, alors que seule une minorité d’assistants le sont, et les assistants exécutent rarement des tâches n’impliquant pas les enfants (par exemple, documenter le développement des enfants). Il n’y a pas d’assistants en Israël ; la majorité du personnel est titulaire d’un diplôme post-secondaire qui est différent de la licence (niveau 4 ou 5 de la CITE). Au Danemark, en Israël et en Norvège, dans les structures d’accueil en établissement, une minorité non négligeable (25-30 %) d’agents n’ont reçu aucune formation spécifique pour travailler avec des enfants dans le cadre de leur formation initiale.

Plus de 95 % des agents dans les quatre pays apprécient de travailler dans leur structure d’EAJE, mais moins de 60 % se sentent valorisés par la société et environ 30 % ou moins sont satisfaits de leur salaire. Dans tous les pays, le personnel estime que le manque de ressources est une source importante de stress. En Allemagne, le personnel pointe aussi souvent comme source de stress les tâches supplémentaires à effectuer en cas d’absence des collègues et la lourde charge de travail que représente la documentation des progrès des enfants, tandis qu’en Norvège, c'est le nombre d’enfants par salle de classe/de jeux qui est le facteur de stress le plus fréquemment cité. En Allemagne et en Israël, le personnel des structures d’accueil à domicile a tendance à effectuer plus d’heures par semaine que le personnel en établissement.

Le personnel privilégie les pratiques pour faciliter le langage oral et le développement socioémotionnel des enfants

Dans les quatre pays participants, le personnel estime que le développement de compétences de langage oral est important pour préparer les enfants à l’avenir. Cette idée se retrouve dans les pratiques que les agents mentionnent dans leurs structures comme facilitant l’acquisition du langage oral par les enfants. En outre, le personnel des quatre pays indique avoir souvent recours à des pratiques pour favoriser le comportement prosocial (par exemple, encourager les enfants à se réconforter mutuellement) et le développement émotionnel (par exemple, serrer les enfants dans les bras). Les agents indiquent que les pratiques spécialement axées sur le développement de la lecture, de l’écriture et du calcul sont utilisées dans leurs structures de façon moins fréquente.

Dans tous les pays, plus de la moitié du personnel indique que les pratiques qui facilitent la communication avec les parents au sujet des activités menées avec leurs enfants et du développement des enfants s’appliquent très bien à leurs structures. Les agents sont cependant moins nombreux à déclarer que leur structure encourage les parents à réaliser des activités d’apprentissage avec leurs enfants à la maison. Le personnel indique également mettre en œuvre des pratiques adaptées aux besoins et aux intérêts des enfants dans différents domaines, mais le fait d’adapter les activités aux différences culturelles des enfants est moins fréquent.

Priorités d’action pour l’éducation et l’accueil des enfants de moins de 3 ans

Les conclusions présentées dans ce rapport indiquent plusieurs priorités d’action pour les pouvoirs publics en vue d’offrir des services d’EAJE de qualité :

• Mettre l’accent sur les fondements de l’EAJE pour les enfants de moins de 3 ans : La demande croissante dans ce secteur doit être satisfaite grâce à des investissements destinés à accroître l’offre d’EAJE tout en assurant des services de qualité élevée.

• Concevoir des politiques efficaces compte tenu de l’organisation complexe du secteur : Les agents d’EAJE doivent être prêts à s’adapter à l’évolution rapide du secteur pour les moins de 3 ans, qu’ils travaillent en établissement ou à domicile ; un processus de suivi devrait favoriser l’amélioration de la qualité de l’offre dans son ensemble.

• Reconnaître les agents de l’EAJE en tant que professionnels : Il est essentiel de veiller à ce que tous les agents se perfectionnent tout au long de leur carrière par le biais de formations formelles et informelles, afin de créer une main-d’œuvre prête à offrir des services d’EAJE de qualité aux enfants de moins de 3 ans.

• Attirer et retenir une main-d’œuvre de qualité : Pour ce faire, il faut notamment revaloriser le statut de la profession, ce qui passe par des salaires suffisants, une diminution des sources de stress et des possibilités d’évolution de carrière.