04/02/2021 - Le Chili a plongé dans la récession après le double choc causé par les manifestations de la fin 2019 et la crise provoquée par le COVID-19, qui n’est pas terminée. Grâce à des finances publiques saines, il lui a été possible de prendre des mesures énergiques de relance pour soutenir l’économie, mais des risques subsistent. Une fois la crise sanitaire maîtrisée et la reprise solidement engagée, les réformes devront viser en priorité à stimuler la création d'emplois et à mettre la croissance au service de tous : c’est ce qui ressort d'un nouveau rapport de l’OCDE.
Selon la dernière Étude économique du Chili, l’économie devrait se redresser progressivement au cours des deux prochaines années, l'activité retrouvant ses niveaux d'avant la pandémie vers la fin de 2022. D'après les prévisions figurant dans l’Étude, le PIB devrait s’inscrire en hausse de 4.2 % en 2021 et 3.0 % en 2022, après avoir chuté de 6.0 % en 2020, même s’il est précisé que l’évolution de la pandémie demeure un risque majeur. Toute résurgence des conflits sociaux pourrait aussi ralentir le rythme de la reprise, de même que les incertitudes politiques entourant les futures élections et que la révision constitutionnelle en cours.
Ces éléments laisseront des traces, avec des ménages et des entreprises dont la situation restera précaire pendant quelque temps à cause d'un chômage qui a atteint des niveaux inédits depuis la crise financière mondiale de 2008 et des bilans d’entreprises qui ont été sérieusement mis à mal. La persistance d’inégalités élevées constituait déjà un enjeu de taille pour le Chili où, malgré les progrès accomplis en matière de réduction de la pauvreté, 53 % des ménages sont considérés comme économiquement vulnérables, ce qui signifie qu’ils ne disposent d'aucun matelas de sécurité financier pour se protéger d'une baisse brutale de leur revenu, alors que ce chiffre s'établit en moyenne à 39 % pour l’OCDE. En outre, le système chilien de prélèvements et de transferts est bien moins efficace que dans la plupart des autres pays de l’OCDE pour réduire les inégalités de revenus.
« Grâce à ses institutions fortes et à ses finances publiques saines, le Chili est en mesure d’affronter la crise, mais les ménages qui connaissent de graves difficultés sont encore nombreux », a déclaré M. Alvaro Pereira, Directeur de la Branche des études nationales du Département des affaires économiques de l’OCDE en présentant l’Étude aux côtés du ministre chilien des Finances M. Rodrigo Cerda. « Ajuster le système de prélèvements et de transferts pourrait contribuer à réduire le nombre des ménages économiquement vulnérables, et investir dans l’éducation et les compétences permettrait de faire reculer les inégalités à long terme. La crise provoquée par le COVID-19 offre une occasion de générer un consensus sur les réformes pour garantir des services publics solides, un secteur des entreprises dynamique et une société plus équitable dans laquelle tous les Chiliens pourront se partager les fruits de la croissance économique. »
Il est recommandé dans l’Étude de poursuivre le soutien aux entreprises, notamment aux plus petites d’entre elles, et de continuer à verser des transferts monétaires aux familles vulnérables jusqu’à ce que la reprise soit bien engagée. Le train de mesures d'urgence sur deux ans comprenant un renforcement de l'aide au revenu pour les ménages aux revenus instables, des subventions à l’embauche et des mesures destinées à soutenir l’investissement public et à fournir des liquidités aux entreprises en difficulté est jugé bienvenu. Selon l’Étude, la protection temporaire dont bénéficient les nouveaux chômeurs pourrait être étendue, et il conviendrait de créer un centre unique de financement des soins de santé couvrant un ensemble de services commun à toute la population. Il est par ailleurs indispensable de créer un cadre permettant aux entreprises de taille moyenne de prospérer, afin qu’elles puissent alimenter la reprise et créer des emplois.
Pour mettre en place un système de prélèvements et de transferts plus efficace, le Chili pourrait commencer par élargir la base de l’impôt sur le revenu en abaissant les seuils des tranches inférieures et supérieures et par supprimer les exonérations fiscales inutiles. Une partie des recettes supplémentaires ainsi générées pourrait servir à financer un impôt négatif sur le revenu assurant à chaque ménage et à chaque citoyen une prestation de base, peut-on lire dans l’Étude.
Les dépenses publiques consacrées à l’enseignement primaire et secondaire, actuellement parmi les plus faibles de l’OCDE, devraient être augmentées. Au Chili, l’accès à une éducation de qualité dépend fortement du statut socio-économique, ce qui perpétue les inégalités. Améliorer le système d'enseignement pour tous serait un moyen de répondre en partie au mécontentement vis-à-vis des inégalités de revenu et de niveau de vie qui a été à l’origine des manifestations de 2019.
Dans le secteur des entreprises, améliorer la concurrence, encourager l’adoption des technologies numériques et réduire la complexité des procédures réglementaires permettrait d’engranger des gains de productivité et aiderait les entreprises à se développer. Le Chili est l'un des pays les plus performants d’Amérique latine en matière de numérique, mais il doit encore améliorer l’accès à l’internet à haut débit, notamment dans les zones rurales, accélérer l’adoption d'outils numériques dans les entreprises et accroître les compétences numériques de l’ensemble des travailleurs, pour permettre à tous les Chiliens de tirer profit de la transformation numérique.
La Synthèse de l’Étude économique 2021 du Chili réalisée par l’OCDE contient les principaux graphiques et conclusions de l’Étude (vous êtes invités à inclure ce lien dans vos articles).
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