27/09/2021 - La Lituanie a considérablement développé l’utilisation des énergies renouvelables et le recours au recyclage des déchets mais elle doit mieux gérer les impacts environnementaux des transports et de l’agriculture. Le pays devra aussi fortement renforcer ses politiques pour atteindre ses objectifs climatiques en 2030 et au-delà, pour améliorer la situation de la biodiversité et faire progresser la qualité de l’eau, constate l’OCDE dans un nouveau rapport.
Selon le premier Examen environnemental de la Lituanie publié par l’OCDE, si la part des renouvelables dans les approvisionnements énergétiques du pays a plus que doublé entre 2005 et 2018 pour atteindre 22 %, soit deux fois la moyenne de l’OCDE, les émissions de gaz à effet de serre n’ont pas baissé depuis dix ans. Cela tient à la forte croissance du trafic de voitures et de poids lourds, qui a fait bondir de 38 % les émissions dues au transport routier depuis 2009. Étant donné que la route domine le transport de voyageurs et de marchandises en Lituanie, car la densité démographique est faible et les agglomérations sont dispersées, les émissions imputables aux transports devraient fortement augmenter au moins jusqu’en 2024 en l’absence de nouvelles mesures.
L’Examen aborde également les pressions exercées par l’agriculture sur la qualité de l’eau et la biodiversité, et constate que l’évolution vers des cultures intensives aggrave la pollution des cours d’eau et des eaux côtières par les engrais minéraux. Il préconise une limitation plus stricte de l’utilisation d’engrais et des initiatives de sensibilisation des agriculteurs.
« La Lituanie a vraiment bien progressé sur de nombreux fronts dans le domaine de l’environnement. Ses émissions par habitant sont également inférieures à la moyenne de l’OCDE. Cependant, elle doit faire plus pour atteindre ses objectifs climatiques, notamment celui de neutralité carbone à l’horizon 2050 », a déclaré le Secrétaire général de l’OCDE, M. Mathias Cormann, lors de la présentation de l’Examen à Vilnius, aux côtés de la Premier ministre, Mme Ingrida Šimonytė, et du ministre de l’Environnement, M. Simonas Gentvilas. « De nouvelles mesures sont nécessaires pour accélérer la transition vers plus de mobilités durables et rendre l’évolution du secteur des transports compatible avec l'ensemble des objectifs climatiques », a-t-il ajouté.
L’Examen valide le projet de la Lituanie d’utiliser les fonds de relance de l’UE pour accélérer les efforts visant à accroître la production et le stockage d’énergies renouvelables, développer les combustibles et carburants de substitution dans l’industrie et les transports, électrifier davantage le transport routier et le fret ferroviaire, et moderniser les bâtiments et les systèmes de chauffage.
Il appelle à redoubler d’efforts pour aligner la fiscalité énergétique sur les coûts environnementaux. La Lituanie continue d’améliorer les mesures fiscales visant les véhicules, mais les émissions de dioxyde de carbone (CO2) imputables à la consommation d’énergie sont peu taxées, en particulier dans le secteur routier. Elle applique des droits d’accise sur l’essence et le gazole parmi les plus faibles et impose nettement moins le second que la première. Elle devrait relever les taxes sur ces deux types de carburants pour encourager le recours à des véhicules plus respectueux de l’environnement, et imposer l’ensemble des énergies en fonction des émissions de CO2 qu’elles produisent. Le pays devrait aussi éliminer progressivement les subventions à la consommation de combustibles fossiles, qui ont augmenté depuis dix ans, tout en prenant des dispositions pour limiter le fardeau pesant sur les entreprises et les ménages qui en pâtiront le plus.
La Lituanie a réalisé des progrès remarquables en matière de gestion des déchets et doit poursuivre sur cette voie. En moins de dix ans, elle a cessé de mettre en décharge la quasi-totalité de ses déchets pour en recycler et en composter la plus grande partie. Elle devrait à présent s’employer à inverser la tendance à la hausse de la production de déchets municipaux par habitant, ainsi qu’à améliorer la productivité et la durée de vie des matières.
L’Examen formule entre autres les recommandations suivantes à l’intention de la Lituanie :
- Recenser et exploiter les synergies entre la politique climatique et les priorités en matière de développement des entreprises, de sécurité énergétique, de qualité de l’air et de l’eau, de qualité de vie et de logement. Élaborer une feuille de route cohérente pour la transition vers la neutralité carbone qui précise le rôle des transports.
- Optimiser l’utilisation des fonds de l’UE, à commencer par ceux destinés à favoriser la relance, pour accélérer la mise en œuvre et suivre l’avancement du Plan national énergie-climat et d’autres mesures pertinentes.
- Relever la fiscalité sur les véhicules thermiques en vue de gommer peu à peu l’écart de coût entre ceux-ci et les véhicules électriques. Étendre le réseau de stations de recharge, améliorer les conditions de circulation des piétons et des cyclistes, mettre progressivement fin à la gratuité du stationnement sur le lieu de travail et envisager d’inclure les services de transport public ou de vélopartage dans les avantages accordés aux travailleurs.
- Faire baisser les émissions d’ammoniac par la réglementation de l’épandage d’engrais minéraux et l’application de bonnes pratiques agricoles, comme la gestion intégrée des effluents d’élevage.
- Maintenir les importants progrès réalisés jusqu’à présent en matière de réutilisation et de valorisation des déchets en élargissant les programmes destinés à encourager l’évolution des comportements et à inciter les ménages à mieux trier leurs déchets. Encourager une conception des produits et des matériaux de construction prenant en compte tout le cycle de vie.
En savoir plus sur les Examens environnementaux de l’OCDE
Pour de plus amples informations ou pour organiser un entretien avec les auteurs de l’Examen, les journalistes sont invités à contacter Catherine Bremer de la Division des médias de l’OCDE (catherine.bremer@oecd.org ; +33 1 45 24 80 97.)
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