14/06/2022 - À l’heure où la guerre en Ukraine aggrave les difficultés économiques et budgétaires et fait peser des risques sur la reprise, la Belgique devrait intensifier ses réformes structurelles pour renforcer ses finances publiques et accroître son potentiel de croissance.
Selon la dernière Étude économique de la Belgique publiée par l’OCDE, l'accroissement des pénuries de main-d'œuvre dues à la pandémie, l’augmentation des tensions inflationnistes et la multiplication des goulets d’étranglement touchant de nombreux pays depuis le début de la guerre menée par la Russie contre l’Ukraine freinent la reprise post-COVID en Belgique. Une hausse du taux d'activité et une amélioration de l’efficience des dépenses publiques pourraient contribuer à plus de croissance et moins de chômage, ainsi qu’à rétablir la viabilité des finances publiques.
La mise en place d'une réforme fiscale sans incidence sur les recettes qui diminuerait la pression fiscale sur le travail, en particulier pour les bas salaires, pourrait aider à améliorer les incitations à travailler et à élargir la base d’imposition. La croissance de la productivité bénéficierait d'un accroissement de l’investissement public, d'une amélioration de la concurrence et d'une transition numérique plus poussée.
« Avant la pandémie, la Belgique enregistrait une croissance robuste et le taux de chômage y était faible. La reprise qui a suivi la pandémie a été un peu plus soutenue en Belgique que dans l’Union européenne dans son ensemble mais, comme dans bien d'autres pays de par le monde, la reprise y est maintenant affaiblie par les conséquences de la guerre menée par la Russie contre l’Ukraine », a déclaré le Secrétaire général de l’OCDE M. Mathias Cormann en présentant l’Étude à Bruxelles aux côtés du Premier ministre belge M. Alexander De Croo. « Il est d'autant plus urgent aujourd'hui de mener à bien des réformes pour augmenter le taux d’activité, les gains de productivité et la dynamique des entreprises, et garantir la solidité et la viabilité des finances publiques. »
L’économie belge a rebondi rapidement après la pandémie de COVID-19 et la croissance du PIB s’est établie à 6.2 % en 2021. Toutefois, la crise a eu des conséquences disproportionnellement marquées sur les travailleurs jeunes, peu qualifiés et immigrés, si bien que la reprise a été inégale. En outre, la guerre en Ukraine a alourdi les risques pesant sur les échanges et les chaînes de valeur, et porté un coup à la confiance des consommateurs et des entreprises. Le taux de vacance d’emploi était élevé à la fin de 2021 et l’inflation a atteint le pic de 9.9 % en mai. Selon l’Étude, le rythme de la croissance devrait ralentir pour descendre à 2.4 % en 2022 et 1 % en 2023, lorsque les conséquences de l’embargo de l’Union européenne sur le pétrole russe se concrétiseront. L’inflation sous-jacente devrait selon les projections rester proche de 5 % pendant toute l’année 2023 avant de s’atténuer.
Les auteurs de l’Étude recommandent d'améliorer l’égalité des chances pour les catégories défavorisées en termes d'éducation, de travail et de logement afin de promouvoir la mobilité sociale, ainsi que de développer les compétences des adultes et de faciliter le redéploiement de l'emploi grâce à une plus grande flexibilité des marchés du marché du travail et des marchés de produits. Les plans de redressement déjà établis par le gouvernement constituent un bon point de départ pour accélérer l’investissement et la croissance, mais des réformes supplémentaires sont nécessaires pour favoriser la hausse de la productivité et aider l’économie à s’adapter à la double transition numérique et écologique, par exemple via des mesures visant à rationaliser les permis de bâtir et les procédures environnementales, qui sont très strictement réglementés.
L’Étude recommande également d’engager une stratégie d’assainissement budgétaire à moyen terme fondée sur des examens des dépenses afin d'abaisser le ratio dette/PIB, qui ressortait à 108.4 % du PIB en 2021, en hausse de plus de 10 points de pourcentage par rapport à 2019. Avec des dépenses publiques qui, à près de 55 % du PIB en 2021, sont parmi les plus élevées de celles de tous les pays de l’OCDE, la Belgique pourrait aussi mettre en place une procédure de budgétisation pluriannuelle incluant une règle de dépenses. Le soutien budgétaire accordé aux ménages et aux entreprises subissant le contrecoup des prix élevés de l’énergie devrait être ciblé et temporaire.
La réforme des retraites envisagée, qui vise à maintenir davantage de seniors dans l’emploi pour plus longtemps, contribuera à alléger les tensions croissantes que le vieillissement de la population exerce sur les finances publiques. Sans réforme de la part des pouvoirs publics, les dépenses publiques de retraite de la Belgique vont passer de 12.2 % du PIB à 15 % du PIB en 2070, et dépasseront donc la moyenne de l’Union européenne de 12 % du PIB. En Belgique, le taux d’emploi est plus faible que dans des pays comparables, en particulier pour des groupes tels que les travailleurs peu qualifiés, les immigrés ou les personnes handicapées, et l’âge auquel on s'arrête de travailler est en moyenne de 60.5 ans, contre 63.1 ans dans l’OCDE.
Le gouvernement est par ailleurs en train de préparer une vaste réforme fiscale dont le principal objectif consiste à stimuler l’emploi et la croissance en abaissant les impôts sur le travail, qui restent élevés malgré les réformes passées. Toute réforme fiscale devrait aussi prévoir des prestations liées à l’exercice d'un emploi pour les parents isolés à faible revenu, que l’augmentation des impôts et la diminution des prestations en cas de prise d’emploi dissuadent de travailler. L’Étude aborde aussi les moyens d’introduire davantage de souplesse dans le mécanisme de négociation salariale de la Belgique de façon à stimuler la croissance de la productivité.
On trouvera ici une Synthèse de cette Étude économique reprenant ses principales conclusions et graphiques clés (vous êtes invités à inclure ce lien dans vos articles).
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