12/10/2022 Après une reprise rapide consécutive à la pandémie, les États-Unis sont confrontés à des difficultés économiques considérables du fait de l’envolée de l’inflation et du ralentissement de l’activité économique, selon un nouveau rapport de l’OCDE.
La croissance devrait refluer à 1.5 % en 2022 puis à 0.5 % en 2023, l’inflation et les conditions financières restrictives pesant sur les dépenses. Les tensions inflationnistes – alimentées par la vigueur de la demande, les contraintes affectant l’offre et l’augmentation des cours de produits de base consécutive à la guerre d’agression menée par la Russie contre l’Ukraine – se sont généralisées, la hausse des prix des services s’accélérant maintenant. Ces tensions inflationnistes pourraient s’avérer persistantes, ce qui provoquerait un nouveau resserrement monétaire.
Au-delà de la gestion des évolutions économiques immédiates, la dernière Étude économique de l’OCDE consacrée aux États-Unis indique que se préparer aux coûts budgétaires du vieillissement démographique et atténuer les pressions financières exercées sur les ménages de la classe moyenne devraient être des priorités essentielles. L’Étude attire l’attention sur le fait que la distribution des revenus et celle du patrimoine se sont polarisées ces dernières années, dans la mesure où la classe moyenne américaine a vu son revenu disponible augmenter moins vite que ceux des ménages aux revenus plus élevés et plus faibles, et s’est contractée tout en étant confrontée à une hausse du coût de la vie.
« Comme de nombreux autres pays, les États-Unis font face aux conséquences négatives du ralentissement de la croissance mondiale et de la hausse de l’inflation résultant de la guerre d’agression non provoquée, injustifiable et illégale menée par la Russie contre l’Ukraine, tout en continuant de gérer certaines des retombées économiques de la pandémie », a déclaré le Secrétaire général de l’OCDE, Mathias Cormann, lors de la présentation de l’Étude à Washington. « Le gouvernement des États-Unis se focalise à juste titre sur la réduction des disparités de revenu et sur l’investissement dans les infrastructures et la transition verte. Compte tenu de la flexibilité et de la capacité d’innovation qui caractérisent leur économie, les États-Unis sont bien placés pour relever ces défis et s’atteler à ces priorités, en tirant parti des transformations structurelles en cours. »
Les ménages de la classe moyenne, qui jouent un rôle clé pour la croissance économique et la stabilité sociale, ressentaient déjà depuis un certain nombre d’années les effets de la hausse des coûts du logement, de l’éducation, des soins de santé et des services d’accueil des jeunes enfants. Cette augmentation des coûts, conjuguée à la faible croissance des revenus, a entraîné une montée de l’endettement des ménages. Pour atténuer en partie ces pressions, il est recommandé dans l’Étude d’accroître les financements publics consacrés à l’accueil des jeunes enfants, d’élargir l’accès aux programmes publics en relevant les seuils de revenu à partir desquels il est possible d’en bénéficier, de fixer des normes fédérales minimales en matière de services d’accueil des jeunes enfants, et de mettre en place un système de notation de la qualité de ces services cohérent entre les États.
Il faudrait également soutenir les ménages à revenus moyens ou faibles en adoptant des mesures garantissant qu’ils puissent bénéficier des investissements dans l’efficacité énergétique, et qu’ils soient protégés des hausses des prix de l’énergie. Dans le cadre des efforts plus vastes déployés pour faire avancer la transition vers la neutralité carbone, il faudrait élargir aux ménages à revenus moyens le champ d’application des aides financières et des prêts à conditions préférentielles accordés au titre de la réhabilitation thermique et de la rénovation des logements, tandis que les États sont incités à actualiser leurs normes d’efficacité énergétique des bâtiments.
À plus long terme, les États-Unis devront s’attaquer aux problèmes budgétaires découlant des dépenses liées au vieillissement, qui devraient augmenter de plus de 8 points de PIB d’ici à 2060 en l’absence de réformes, tout en déployant davantage d’efforts pour renforcer leur système de protection sociale et assurer la transition climatique. Pour stabiliser le ratio dette/PIB, il faudra accroître les recettes fiscales et améliorer l’efficience des dépenses dans des domaines comme la santé et les infrastructures, où les coûts sont élevés par rapport aux niveaux observés dans d’autres pays de l’OCDE.
Pour élargir la base d’imposition, une priorité devrait être de réduire les distorsions fiscales qui provoquent une érosion des recettes et ont des conséquences économiques indésirables.Dans le cadre des réformes adoptées,il faudrait notamment supprimer la déductibilité fiscale des intérêts d’emprunt hypothécaire et éliminer progressivement la possibilité de déduire les impôts prélevés par les États et les collectivités locales des sommes à payer au titre de l’impôt fédéral sur le revenu. On pourrait renforcer les efforts de lutte contre la fraude fiscale en augmentant les effectifs de l’administration fiscale américaine pour les rapprocher de la moyenne de l’OCDE, et les financements supplémentaires annoncés dans la récente loi sur la réduction de l’inflation constituent un pas dans la bonne direction.
Consultez une Synthèse de cette Étude économique reprenant ses principales conclusions et ses graphiques clés (vous êtes invités à inclure ce lien dans vos articles).
Pour toute information complémentaire ou demande, les journalistes sont invités à contacter Catherine Bremer à la Division des médias de l’OCDE ou Miguel Gorman au Centre de l’OCDE de Washington.
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