17/11/2022 - Comme dans de nombreux autres pays, la reprise économique consécutive à la pandémie s’essouffle au Luxembourg du fait de la guerre d’agression contre l’Ukraine menée par la Russie, qui tire l’inflation vers le haut et pèse sur l’activité économique, selon un nouveau rapport de l’OCDE.
La dernière Étude économique de l’OCDE consacrée au Luxembourg souligne que les mesures visant à protéger les ménages de la hausse des prix devraient être ciblées et temporaires, pour éviter d’accentuer les tensions inflationnistes et maintenir les incitations aux économies d’énergie. À un horizon plus lointain, soutenir un niveau de vie élevé dans le pays nécessitera des mesures permettant de relever la croissance de la productivité et de réformer le système de retraite pour allonger la vie active.
La hausse des prix à la consommation au Luxembourg a atteint 8,8 % en octobre, les prix élevés de l’énergie et un marché du travail tendu exerçant une pression à la hausse. Bien que son exposition directe à la Russie soit faible, le Luxembourg ressent les effets du ralentissement de l’activité économique en Europe de la guerre en Ukraine, des perturbations des chaînes d’approvisionnement et des fermetures d’entreprises liées au COVID-19 en Chine. D’après les prévisions figurant dans l’Étude, le PIB du Luxembourg devrait croître de 1,7 % en 2022 et de 1,5 % en 2023.
« Le défi le plus urgent pour le Luxembourg est de maîtriser les tensions inflationnistes, qui devraient perdurer. Les subventions aux investissements favorisant l’efficacité énergétique et les allocations en faveur des ménages défavorisés constituent des mesures préférables au plafonnement des prix, car mieux ciblées, et peuvent contribuer à réduire la demande d’énergie », a déclaré le Secrétaire général de l’OCDE, Mathias Cormann, lors de la présentation de l’Étude, en présence du ministre de l’Économie, Franz Fayot, de la ministre des Finances, Yuriko Backes et du ministre de l’Énergie, Claude Turmes. « À plus long terme, l’accent devrait être sur l’augmentation des investissements à faible intensité de carbone et sur le renforcement de la recherche et développement pour relever la croissance de la productivité, et à prendre des mesures visant à mieux aligner l’âge de la retraite sur l’allongement de l’espérance de vie. »
Le Luxembourg se caractérise par le PIB par habitant le plus élevé de l’OCDE, un bas niveau de chômage, un faible endettement public et d’amples actifs publics. Toutefois, la croissance du PIB par habitant ralentit, les gains de productivité sont faibles et, du fait du vieillissement de la population, les dépenses de retraite devraient sensiblement augmenter, ce qui pèsera sur les finances publiques.
Prendre des mesures destinées à allonger la vie active contribuerait à améliorer la viabilité de la croissance et des finances publiques. Sachant qu’un quart des hommes prennent leur retraite à 54 ans ou avant, et que le taux de dépendance des personnes âgées devrait plus que doubler d’ici à 2070 pour s’établir à plus de 56 % en l’absence de mesures nouvelles, l’Étude présente des recommandations de réformes visant à lier l’âge de la retraite à l’espérance de vie. Cela permettrait d’éviter que les nouvelles générations ne soient confrontées à une augmentation des impôts et à une diminution de leurs pensions.
Un accroissement de l’investissement du secteur privé dans la recherche-développement, qui est inférieur à l’investissement public et se traduit par des dépenses globales de R-D inférieures à la moyenne de l’OCDE en pourcentage du PIB, permettrait de stimuler la productivité et la croissance du PIB. Les pouvoirs publics pourraient s’employer plus activement à alléger les contraintes réglementaires pesantes, à assouplir les règles concernant l’obtention d’une autorisation pour les professions libérales et à aider les petites entreprises à adopter les technologies numériques. Améliorer les compétences des adultes en tenant mieux compte des besoins des employeurs permettrait également d’augmenter la productivité.
L’Étude souligne la nécessité d’accroître de toute urgence l’offre de logements pour faire face à la hausse rapide des prix de l’immobilier, qui ont grimpé de 9,7 % par an en moyenne au cours des cinq dernières années, contre 4,9 % en moyenne dans l’Union européenne. Elle salue la proposition du gouvernement de mettre en place des impôts nationaux sur les terrains non bâtis et les logements non utilisés, qui contribueront à lutter contre la rétention foncière.
Enfin, la transition vers une économie bas carbone offre l’occasion de soutenir une croissance plus forte et plus durable. Les progrès réalisés par le Luxembourg en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre ont faibli ces dernières années. La hausse des émissions imputables aux transports, qui est en partie liée à l’étalement urbain, a entraîné une augmentation des émissions totales depuis 2015. Il est important d’accélérer la progression vers zéro émission nette en gaz à effet de serre, comme le prévoit la Stratégie nationale à long terme en matière d’action climat à l’horizon 2050. Les politiques favorisant une meilleure efficacité énergétique des logements et la densification urbaine peuvent contribuer à réduire la consommation d’énergie et l’utilisation de la voiture. Les crédits d’impôt et les incitations financières en faveur des communes devraient encourager la construction de logements plus écologiques en conformité avec le Programme directeur d’aménagement du territoire. À moyen et à long terme, le Luxembourg devra continuer aussi à augmenter le prix du carbone pour envoyer des signaux clairs aux investisseurs et aider à atteindre son objectif de zéro émission nette en gaz à effet de serre.
Consulter une Synthèse de cette Étude économique reprenant ses principales conclusions et ses graphiques clés (vous êtes invités à inclure ce lien dans vos articles).
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