27/02/2023 - L’économie polonaise a connu un redressement rapide et vigoureux après la pandémie de COVID‑19, mais la croissance se trouve à présent freinée par la guerre d’agression menée par la Russie contre l’Ukraine, l’inflation s’établissant à son plus haut niveau depuis deux décennies.
Dans ce contexte difficile, les politiques macroéconomiques doivent être soigneusement équilibrées de façon à soutenir l’économie tout en réduisant l’inflation. La mise en œuvre de réformes structurelles permettant de mener à bien la transition écologique, en tirant parti de la transformation numérique et d’une consolidation des finances publiques, contribuera à améliorer encore le niveau de vie, selon un nouveau rapport de l’OCDE.
Dans sa dernière Étude économique consacrée à la Pologne, l’OCDE indique que les politiques monétaire et budgétaire devraient être finement équilibrées pour soutenir la croissance tout en évitant que les anticipations d’inflation élevées ne s’enracinent. Compte tenu du vieillissement de la population, il importe en outre à plus long terme de rehausser le taux d’activité et la productivité. L’élargissement de la base d’imposition, l’allongement de la durée de la vie active et l’amélioration de l’efficience des dépenses dans des domaines comme la santé et les infrastructures peuvent permettre à la fois d’accroître la productivité et d’atténuer les tensions budgétaires à long terme.
« La Pologne a réussi à relever de manière très impressionnante le niveau de vie, et malgré l’impact des incertitudes mondiales actuelles et de la guerre, les fondamentaux de l’économie polonaise demeurent solides », a déclaré le Secrétaire général de l’OCDE, M. Mathias Cormann, lors de la présentation l’Étude à Varsovie, aux côtés du Ministre polonais du développement économique et de la technologie Waldemar Buda. « Pour poser les jalons nécessaires à la croissance future, la Pologne doit accélérer le développement des énergies renouvelables, promouvoir plus largement le renforcement des compétences numériques et managériales et veiller à ce que les finances publiques suivent une trajectoire budgétaire viable dans l’avenir. »
Avant la pandémie de COVID-19 et la guerre en Ukraine, la Pologne faisait partie des économies d’Europe affichant la croissance la plus rapide. Son rythme de croissance annuel moyen était de 3.7 % au cours des années 2010, ce qui a porté le niveau de vie à environ 80 % de la moyenne de l’OCDE. Ces résultats sont essentiellement attribuables à des gains de productivité du travail et à des politiques macroéconomiques judicieuses. L’économie polonaise a également bénéficié d’importantes entrées d’investissement, d’une forte participation aux chaînes de valeur mondiales et d’une réorientation vers des activités à plus forte valeur ajoutée.
Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie il y a un an, la Pologne a fait preuve d’une générosité extraordinaire en accueillant et en intégrant plus d’un million de réfugiés ukrainiens, en leur fournissant des services publics, des places dans les établissements scolaires, ainsi que des possibilités d’emploi.
L’activité économique a retrouvé son niveau d’avant la pandémie au début de 2021, le taux de chômage étant tombé à son plus bas niveau depuis la transition de la Pologne vers une économie de marché. Compte tenu du niveau élevé des prix de l’énergie, de l’atonie de la demande intérieure et de l’incertitude qui règne à l’échelle mondiale, la croissance du PIB devrait rester faible tout au long du premier semestre de 2023. D’après les prévisions figurant dans l’Étude, elle devrait toutefois se redresser pour s’établir à 2.4 % en 2024, tandis que l’inflation devrait culminer au début de 2023, avant de refluer à 3.5 % d’ici la fin de 2024.
Dans l’immédiat, il importe de veiller à ce que les mesures de soutien liées à l’énergie destinées aux ménages et aux entreprises restent temporaires et n’accentuent pas les tensions inflationnistes. À plus long terme, bien que la Pologne affiche une dette relativement faible représentant 50 % de son PIB, ses finances publiques subiront des tensions croissantes liées au vieillissement de la population et à l’augmentation des dépenses de santé et de défense. Les auteurs de l’Étude recommandent de procéder à un examen complet des dépenses, d’améliorer l’efficience des dépenses et d’élargir la base d’imposition en supprimant certaines exonérations de taxe sur la valeur ajoutée et en augmentant l’impôt sur la propriété immobilière. Il est également essentiel d’allonger la durée de la vie active, notamment en harmonisant progressivement les âges de départ à la retraite des hommes et des femmes et en les relevant parallèlement aux gains d’espérance de vie en bonne santé.
La Pologne a réalisé des progrès considérables dans la transformation numérique de son économie, mais elle reste à la traîne des autres pays de l’Union européenne en matière de compétences numériques et d’adoption des technologies numériques par les entreprises. En vue d’accélérer la transition numérique et d’améliorer la croissance de la productivité, il serait utile de déployer des efforts supplémentaires pour aider les petites et moyennes entreprises à mettre en œuvre les nouvelles technologies, et de rendre plus flexible la formation des adultes tout au long de la vie.
La Pologne peut également faire fond sur les progrès considérables accomplis en matière de relèvement du niveau d’instruction, qui l’ont hissée au rang des dix premiers pays du Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA), pour fournir davantage de formations au numérique et mieux équiper les établissements scolaires.
Enfin, compte tenu de la dépendance continue de la Pologne vis-à-vis du charbon et de l’évolution des approvisionnements énergétiques, les auteurs de l’Étude recommandent aux autorités de procéder à la révision prévue de la stratégie nationale visant à mener à bien la transition vers la neutralité climatique via des changements dans l’approvisionnement énergétique. Pour assurer une transition juste vers la neutralité carbone, il conviendrait d’étendre le contrat social portant sur la fermeture des mines de charbon au secteur du lignite et de l’assortir de mesures complémentaires applicables à l’ensemble de la chaîne de valeur du charbon.
On trouvera ici une Synthèse de cette Étude économique reprenant ses principales conclusions et ses graphiques clés (vous êtes invités à inclure ce lien dans vos articles).
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