14/03/2023 – Dans un nouveau rapport, l’OCDE indique que la pénurie de compétences vertes dans les pays de l'OCDE freine la croissance des emplois du développement durable et risque de compromettre la course à la neutralité des émissions d’ici 2050.
Le rapport « Bridging the Great Green Divide » montre en effet que la part des travailleurs qui occupent des emplois impliquant la réalisation de tâches vertes, définis comme les emplois où au moins 10 % des tâches favorisent directement le développement durable, a progressé d’à peine 2 points de pourcentage dans 30 pays de l’OCDE ces dix dernières années, passant de 16 % en 2011 à 18 % en 2021, des écarts non négligeables étant observés au sein des pays. Faute de mesures urgentes pour stimuler les compétences, la transition verte pourrait creuser les inégalités et menacer les progrès vers la réalisation des objectifs de neutralité des émissions à l’horizon 2050.
Les capitales comme Paris, Stockholm et Vilnius concentrent généralement davantage de travailleurs hautement qualifiés, et la part des emplois verts peut y monter jusqu'à 30 %. En comparaison, ce chiffre peut tomber à 5 % dans les régions plus reculées. De tels écarts risquent d’exacerber la fracture sociale.
« La géographie de la transition verte est inégale dans la zone OCDE. Cette situation vient renforcer les convergences entre les pays mais accentuer les divergences au sein des pays pour ce qui concerne la création d’emplois verts », a déclaré le Secrétaire général adjoint de l’OCDE, M. Yoshiki Takeuchi. « Il sera essentiel de combler ces écarts si nous voulons atteindre la neutralité des émissions à l’horizon 2050. Le fait d'investir dans les compétences et de lutter contre les préjugés sexistes, étant donné que les femmes sont aussi sous-représentées dans les emplois verts, peut ouvrir la voie à une transition juste ».
La transition verte risque aussi de creuser le fossé entre les travailleurs. En effet, plus de la moitié des travailleurs occupant des emplois verts sont diplômés du supérieur, par rapport à environ un tiers des travailleurs occupant des emplois non verts, et ils perçoivent en comparaison des salaires majorés de 20 %. Les femmes n’occupent que 28 % des emplois verts, ce qui est à l’image de leur sous-représentation dans les disciplines essentielles ; en effet, moins de 25 % des diplômés en ingénierie et de 20 % en informatique sont des femmes.
Si les hommes sont majoritaires dans les emplois verts, ils représentent aussi 83 % des emplois dans les secteurs comptant la plus grande proportion d’activités polluantes, comme les industries extractives et manufacturières, où des transitions importantes seront nécessaires. Les individus qui occupent des emplois polluants sont moins susceptibles de bénéficier de formations qui leur permettraient d’accéder à des emplois verts.
Les gouvernements nationaux doivent être attentifs à ces différences, et soutenir les territoires et les travailleurs vulnérables en leur donnant les moyens de développer les compétences nécessaires pour réussir la transition verte. Ils devraient aussi mettre en place des aides ciblées pour les travailleurs menacés de licenciement, des services pour améliorer leur accès à de nouveaux emplois locaux et des mesures pour aider les entreprises à créer de nouveaux emplois verts ; de telles actions vont non seulement favoriser une transition juste mais accélérer aussi les efforts déployés à l’échelle mondiale pour atteindre la neutralité des émissions.
Pour en savoir plus sur les travaux de l’OCDE relatifs à l’emploi et au développement économique à l’échelon local, voir https://www.oecd.org/fr/emploi/leed/.
Lire la synthèse en français : Création d’emplois et développement économique local 2023 : Combler la fracture écologique.
Pour plus d’informations, les journalistes sont invités à prendre contact avec Shayne MACLACHLAN, Chef de la communication et des affaires publiques (Shayne.MACLACHLAN@oecd.org).
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