30/03/2023 - La guerre d’agression menée par la Russie contre l’Ukraine a perturbé la reprise consécutive à la pandémie en République tchèque, contribué à une flambée d’inflation et freiné sa convergence vers le niveau de revenu moyen des pays de l’OCDE, selon un nouveau rapport de l’OCDE.
La dernière Étude économique de l’OCDE consacrée à la République tchèque salue la générosité dont a fait preuve le gouvernement en accueillant environ 500 000 réfugiés ukrainiens, soit près de 5 % de la population du pays, et en leur offrant des services de base et d’éducation. D’après le rapport, la priorité économique immédiate devrait être de réduire l’inflation en continuant à mener une politique macroéconomique restrictive, tout en préservant la stabilité financière. À plus long terme, des réformes des retraites et de la fiscalité pourraient renforcer les finances publiques face aux coûts du vieillissement démographique qui s’annoncent, tandis que des réformes du marché du travail et du système d’enseignement permettraient de tirer vers le haut la croissance et les revenus.
« Nous tablons sur un redressement de la croissance l’année prochaine et un reflux de l’inflation, mais la République tchèque doit continuer de mener des réformes structurelles pour enclencher une croissance forte et durable », a déclaré le Secrétaire général de l’OCDE M. Mathias Cormann lors de la présentation de l’Étude à Prague, aux côtés du Premier ministre M. Petr Fiala. « Des progrès en matière de réforme des retraites et de la fiscalité renforceraient les finances publiques face à l’augmentation des besoins de dépenses. Amener davantage de personnes qualifiées sur le marché du travail et accroître parallèlement le taux d'activité des femmes aideraient à remédier aux pénuries chroniques de main-d’œuvre et de compétences qui pèsent sur la croissance. »
Dans le cadre des recommandations formulées pour soutenir la croissance à long terme, l’Étude indique qu’il sera crucial de rehausser le taux d’activité des personnes qualifiées pour remédier aux pénuries de main-d’œuvre qui constituent un obstacle majeur à la croissance. Elle recommande d’investir dans l’éducation et les compétences, d’allonger la durée de la vie active et de faire augmenter le taux d’activité, par exemple en incitant les mères à prendre un emploi. Pour ce faire, les autorités pourraient notamment améliorer l’offre de services d’accueil des jeunes enfants et ajuster le congé parental et les prestations familiales. Elles pourraient aussi améliorer l’orientation de la politique relative aux migrations de travail en vue d’attirer des travailleurs étrangers qualifiés.
Les fortes hausses des prix de l’énergie et des produits de base et les perturbations des importations de gaz et de pétrole en provenance de Russie sont à l’origine d’une crise du coût de la vie, accompagnée d’une inflation persistante qui freine la demande intérieure. La faiblesse de la croissance mondiale, les contraintes affectant les chaînes d’approvisionnement et la forte incertitude ont également pesé sur l’activité. Selon l’Étude, la croissance du PIB devrait cependant rebondir à 2.4 % en 2024, sur fond d’atténuation des perturbations des approvisionnements à l’échelle mondiale et d’amélioration des perspectives des partenaires commerciaux de la République tchèque.
D’après l’Étude économique, la crise énergétique actuelle peut être considérée comme une occasion, pour la République tchèque, de renforcer sa détermination à décarboner son économie, qui est encore fortement tributaire du charbon pour la production d’électricité et de chaleur. Une augmentation des financements publics et une amélioration du climat des affaires pourraient contribuer à renforcer les investissements nécessaires pour développer les sources d’énergie renouvelable et améliorer l’efficacité énergétique, en particulier dans le secteur du logement. Des politiques environnementales plus rigoureuses contribueraient également à réduire les émissions de gaz à effet de serre.
La transition vers la neutralité carbone s’accompagnera de la destruction de certains emplois, tandis que d’autres seront créés. Il sera important d’adopter des mesures garantissant une transition écologique juste, notamment en mettant en œuvre des programmes de reconversion et d’autres politiques actives du marché du travail destinés à aider les personnes dont l’emploi a été supprimé à retrouver rapidement du travail.
Pour parvenir à relever ces défis économiques et structurels, garantir des prestations optimales de services publics et renforcer la confiance dans les pouvoirs publics, il faudra moderniser l’administration publique et la rendre plus efficace, selon le dernier Examen de l’OCDE sur la gouvernance publique consacrée à la République tchèque, lancé en même temps que l’Étude. Il y est recommandé de veiller à ce que la stratégie de réforme de l’administration publique tchèque à l’horizon 2030 bénéficie d’un pilotage, d’un soutien et de ressources suffisants pour que sa mise en œuvre soit efficace, ainsi que de renforcer les capacités du Secrétariat général du gouvernement de manière à assurer la cohérence des objectifs stratégiques et à en garantir la réalisation, notamment en favorisant une élaboration des politiques publiques qui soit davantage fondée sur des données probantes.
Selon l’Examen, on pourrait aussi faire davantage pour renforcer l’attrait du service public, en embauchant des personnes talentueuses par la mise en œuvre de procédures de recrutement rationalisées. Les autorités nationales devraient également s’efforcer de favoriser une coopération et une planification plus poussées entre les communes, notamment par le biais d’incitations – y compris financières – et de nouveaux mécanismes de collaboration.
On trouvera ici une Synthèse de cette Étude économique ainsi que l’Examen sur la gouvernance publique (les deux en anglais), ainsi que leurs principales conclusions et graphiques clés (vous êtes invités à inclure ce lien dans vos articles).
Pour toute information complémentaire, les journalistes sont invités à contacter Catherine Bremer à la Division des médias de l’OCDE (+33 1 45 24 80 97).
Coopérant avec plus d’une centaine de pays, l’OCDE est un forum stratégique international qui s’emploie à promouvoir des politiques conçues pour préserver les libertés individuelles et améliorer le bien-être économique et social des populations dans le monde entier.