04/04/2023 - Les progrès économiques réguliers de la Bulgarie et sa reprise consécutive à la pandémie ont été perturbés par la crise énergétique mondiale provoquée par la guerre d’agression que mène la Russie contre l’Ukraine. De nouvelles réformes contribueraient à renforcer la croissance et à accélérer la convergence de la Bulgarie vers le revenu moyen des pays de l’OCDE.
D’après la dernière Étude économique de l’OCDE consacrée à la Bulgarie, il sera aussi nécessaire de durcir l’orientation de la politique budgétaire pour contribuer à lutter contre l’inflation. Il faudrait par ailleurs que les aides accordées actuellement pour alléger le coût élevé de l’énergie soient plus soigneusement ciblées pour réduire au minimum les tensions inflationnistes. Améliorer le système d’imposition et réduire l’emploi informel contribueraient à consolider les finances publiques, tandis que l’instauration d’un climat des affaires et de l’investissement plus porteur permettrait de tirer vers le haut la croissance et le niveau de vie.
« La Bulgarie a enregistré deux décennies de solides progrès économiques, puisque son revenu par habitant s’est hissé de 30 % de la moyenne de l’OCDE en 2000 à plus de 50 % aujourd’hui », a déclaré le Secrétaire général de l’OCDE, Mathias Cormann, lors de la présentation de l’Étude à Sofia, aux côtés du Premier ministre Galab Donev. « Alors que la Bulgarie s’efforce de faire face aux répercussions de la crise énergétique mondiale, des réformes ambitieuses s’imposent pour renforcer la productivité, qui a été le principal moteur de la croissance ces dernières années, ainsi que pour améliorer la situation des finances publiques, afin de garantir à ses citoyens les services essentiels nécessaires dans l’avenir et de permettre de relever les défis liés à la diminution et au vieillissement de la main-d’œuvre. »
La Bulgarie est engagée dans un processus d’adhésion à l’OCDE, dont l’objectif général est de promouvoir la convergence vers les normes et les meilleures pratiques de l’Organisation en matière de politiques publiques. Cela facilitera également sa convergence vers le revenu moyen des pays de l’OCDE.
La flambée mondiale des prix de l’énergie et des produits alimentaires a hissé l’inflation à des niveaux qui n’avaient pas été observés depuis la fin des années 1990 en Bulgarie, compliquant son calendrier d’adoption de l’euro. Mesurée par l’indice des prix à la consommation harmonisé, l’inflation a culminé à 15.6 % en septembre 2022, en raison des effets indirects de l’augmentation des prix des produits alimentaires et de l’énergie, de la vigueur de la consommation privée et de la forte croissance des salaires, mais elle commence à refluer progressivement et devrait être de 8.2 % en 2023 et de 4.4 % en 2024. Selon l’Étude, la croissance du PIB devrait ralentir quelque peu cette année pour s’établir à 1.9 %, avant de rebondir à 3.2 % en 2024.
En vue d’accroître les recettes publiques, il est recommandé dans le rapport d’améliorer l’efficience du recouvrement des impôts et la discipline fiscale, ainsi que de revoir à la hausse les taxes environnementales, les impôts sur le patrimoine et les droits de succession. Réduire l’ampleur de l’emploi informel, dématérialiser les transactions et renforcer les incitations à déclarer les salaires devraient être des priorités. Parallèlement, une remise à plat du système de protection sociale pourrait contribuer à améliorer les aides sociales dans un pays où la moitié de l’ensemble des contribuables déclare des revenus d’activité correspondant au salaire minimum.
La diminution de la main-d’œuvre due au vieillissement de la population bulgare, la faiblesse du taux de natalité, le taux de mortalité élevé et la forte émigration entament le potentiel de croissance du pays. Le marché du travail se caractérise en outre par des déséquilibres importants, sachant que le taux d’emploi est supérieur à 90 % parmi les travailleurs diplômés de l’enseignement supérieur, mais s’établit à 42 % seulement parmi ceux qui ont au mieux achevé le premier cycle de l’enseignement secondaire. Il est recommandé dans l’Étude d’améliorer la qualité des résultats du système d’enseignement et des compétences des adultes, notamment via un renforcement de la formation professionnelle en entreprise, de rehausser la qualité des emplois, de mieux promouvoir l’immigration et d’accroître l’offre de services d’accueil des jeunes enfants tout en améliorant leur qualité.
La croissance est également limitée par la faiblesse de l’investissement. L’investissement public, qui représente 3.4 % du PIB, est certes comparable à la moyenne de l’OCDE, mais le niveau global de l’investissement en Bulgarie est relativement faible, puisqu’il s’établit à 20 % du produit intérieur brut. Rationaliser les procédures de création et de dissolution des entreprises contribuerait à attirer des capitaux privés. Les autorités pourraient aussi apporter une pierre à l’édifice en intensifiant les efforts de lutte contre la corruption, par exemple en mettant en place des systèmes plus rigoureux de détection et d’enquête.
La Bulgarie étant fortement dépendante des combustibles fossiles, le niveau élevé de ses émissions de gaz à effet de serre n’a pas changé depuis vingt ans. Bien que la consommation de charbon ait nettement reculé, il reste une source d’énergie essentielle et aucune feuille de route n’a été établie à ce jour en vue de son abandon progressif. Les autorités bulgares sont appelées dans l’Étude à adopter une stratégie ambitieuse pour ramener à zéro les émissions nettes de gaz à effet de serre, et exhortées à réaliser de nouveaux investissements dans les énergies renouvelables, dans la modernisation du réseau électrique et dans le développement des capacités de stockage d’énergie.
Note aux responsables de publication :
L’OCDE est une organisation internationale qui a son siège à Paris et dont la mission consiste à promouvoir des politiques visant à améliorer le bien-être économique et social des populations du monde entier. Travaillant avec ses pays membres et partenaires, elle offre aux pouvoirs publics une enceinte où ils peuvent conjuguer leurs efforts en vue de partager leurs expériences et de rechercher des solutions aux problèmes économiques, sociaux et de gouvernance auxquels ils sont confrontés.
Les 38 pays membres de l’OCDE sont : l’Allemagne, l’Australie, l’Autriche, la Belgique, le Canada, le Chili, la Colombie, la Corée, le Costa Rica, le Danemark, l’Espagne, l’Estonie, les États-Unis, la Finlande, la France, la Grèce, la Hongrie, l’Irlande, l’Islande, Israël, l’Italie, le Japon, la Lettonie, la Lituanie, le Luxembourg, le Mexique, la Norvège, la Nouvelle-Zélande, les Pays-Bas, la Pologne, le Portugal, la République slovaque, la République tchèque, le Royaume-Uni, la Slovénie, la Suède, la Suisse et la Türkiye.
Le 25 janvier 2022, le Conseil de l’OCDE, qui est son organe directeur, a décidé d’ouvrir des discussions d’adhésion avec la Bulgarie et cinq autres pays (l’Argentine, le Brésil, la Croatie, le Pérou et la Roumanie). Le 10 juin 2022, le Conseil réuni au niveau des Ministres a adopté la Feuille de route concernant le processus d’adhésion à l’OCDE de la Bulgarie, qui définit les modalités, les conditions et le processus devant lui permettre de rejoindre l’Organisation. Conformément à cette Feuille de route, 25 comités techniques de l’OCDE, composés d’experts de l’action publique représentant chacun des 38 pays membres de l’Organisation, réaliseront une évaluation approfondie de la législation, des politiques et des pratiques de la Bulgarie au regard des instruments juridiques de l’OCDE ainsi que de ses meilleures politiques et pratiques, couvrant de multiples domaines de l’action publique, notamment la politique économique, mais aussi les politiques sociales, du marché du travail, de l’éducation et de la santé.
L’objectif général de ce processus d’adhésion est de promouvoir la convergence de la Bulgarie vers les normes et les meilleures politiques et pratiques de l’OCDE, ce qui se traduira par de meilleurs résultats pour les membres de l’Organisation ainsi que pour la Bulgarie et ses citoyens. Tout au long du processus d’adhésion, l’OCDE travaillera en étroite collaboration avec la Bulgarie pour favoriser l’adoption de réformes pérennes dans cette optique. La Bulgarie participe par ailleurs activement au Programme régional de l’OCDE pour l’Europe du Sud-Est, et est partie prenante à des systèmes de notification et d’information statistiques, à des exercices d’évaluation comparative, ainsi qu’à l’élaboration de publications et d’examens des politiques publiques.
Cette Étude a été examinée lors de la réunion du Comité d’examen des situations économiques et des problèmes de développement (Comité EDR) qui s’est tenue le 7 mars 2023. Les données utilisées dans ce rapport ont été collectées jusqu’à la date du 24 mars 2023. La publication de l’Étude, ainsi que les analyses et les recommandations qu’elle contient, ne préjuge en rien des résultats de l’examen de la Bulgarie par le Comité EDR dans le cadre de son processus d’adhésion à l’OCDE.
Vous trouverez de plus amples informations concernant les travaux de l’OCDE relatifs à la Bulgarie sur la page www.oecd.org/fr/pays/bulgarie/.
Vous pouvez consulter la Feuille de route concernant le processus d’adhésion à l’OCDE de la Bulgarie.
Vous trouverez ici une Synthèse de cette Étude économique reprenant ses principales conclusions et ses graphiques clés (vous êtes invités à inclure ce lien dans vos articles).
Pour toute information complémentaire, les journalistes sont invités à contacter Catherine Bremer à la Division des médias de l’OCDE (+33 1 45 24 80 97).
Coopérant avec plus d’une centaine de pays, l’OCDE est un forum stratégique international qui s’emploie à promouvoir des politiques conçues pour préserver les libertés individuelles et améliorer le bien-être économique et social des populations dans le monde entier.