18/07/2023 - Alors que de nombreux pays à travers le monde ont intensifié leurs efforts pour s'attaquer aux obstacles cachés et profondément enracinés liés à l'autonomisation des femmes au cours des dernières années, des défis environnementaux, économiques et sociaux majeurs menacent de renverser la tendance.
Le rapport mondial 2023 sur l'indice Institutions sociales et égalité des genres (SIGI) : l'égalité des genres en temps de crise révèle la discrimination fondée sur le genre dans les institutions sociales au sein de 179 pays.
Entre 2019 et 2023, un nombre croissant de pays se sont attaqués aux institutions sociales discriminatoires, notamment par le biais de réformes juridiques visant à briser les schémas discriminatoires. Fait encourageant, les pays en développement comblent l'écart avec les pays développés. En 2023, 45 % des pays qui affichent de très faibles niveaux de discrimination dans les institutions sociales sont des pays non-membres de l'OCDE. Le rapport a été lancé aujourd'hui en marge de la Conférence Women Deliver 2023 à Kigali, au Rwanda, sur la base de l'ensemble des données SIGI 2023 publiées lors de la soixante-septième session de la Commission des Nations Unies sur la condition de la femme en mars dernier.
À sept ans seulement de l'échéance 2030 des Objectifs de Développement Durable (ODD), les progrès vers l'égalité de genre restent fragiles, trop lents et hétérogènes. Globalement, 40 % des femmes vivent dans des pays où la discrimination est élevée ou très élevée. Par exemple, la discrimination profondément enracinée au sein des institutions sociales a entraîné d'énormes disparités dans la répartition du pouvoir entre les hommes et les femmes sur le lieu de travail. Et alors que 93 pays ont établi des quotas politiques par sexe au niveau national, il y a encore trop peu de femmes dans les postes de haut niveau et les postes de dirigeants politiques. Les femmes ne dirigent que 15 % des entreprises dans le monde et n'occupent que 25 % des postes de direction.
C'est dans la sphère familiale que les discriminations restent les plus fortes. Par exemple, les femmes continuent de consacrer 2,6 fois plus d'heures que les hommes aux soins et au travail domestique non rémunérés. De même, en 2021, seulement 57 % des femmes prenaient leurs propres décisions concernant les relations sexuelles, l'utilisation de contraceptifs et la santé reproductive.
Dans un chapitre dédié, le rapport SIGI montre que la discrimination de genre entrave les efforts mondiaux pour lutter contre la crise climatique. L'accès inégal à l'utilisation des terres et à la propriété, la prise de décision déséquilibrée, les soins et le travail domestique non rémunérés, les stéréotypes sexistes et d'autres formes de discrimination sociale et institutionnelle empêchent les femmes de s'engager pleinement dans une agriculture résiliente au climat, la réduction des risques de catastrophes naturelles et les énergies renouvelables. Leur donner les moyens d'agir en tant qu'actrices du changement renforcerait la capacité du monde à s'adapter au changement climatique et en atténuer les effets.
Le rapport révèle également comment le changement climatique affecte de manière disproportionnée les femmes. En cas de catastrophe naturelle, les femmes et les enfants ont 14 fois plus de risques de mourir que les hommes. Ceux-ci sont également confrontés à de nombreuses menaces indirectes à la suite de catastrophes naturelles, telles que la violence sexuelle et sexiste, les mariages précoces et forcés, la perte de moyens de subsistance et leur accès à l'éducation. De plus, les événements climatiques tels que la sécheresse et la dégradation des terres ont un impact direct sur des millions de femmes travaillant dans l'agriculture et/ou dans les zones rurales, les obligeant à parcourir de plus longues distances pour aller chercher de l'eau ou de la biomasse à des fins énergétiques.
Enfin, l'expertise et les connaissances inexploitées des femmes autochtones en première ligne des initiatives environnementales et de conservation pourraient aider à trouver des solutions innovantes pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. De même, autonomiser les femmes travaillant dans l'agriculture et leur fournir un accès égal aux ressources pourrait accroître la capacité de production des exploitations agricoles - appartenant à des femmes de 20 à 30 % dans les pays en développement.
Dans ce contexte, le Rapport mondial SIGI 2023 formule des recommandations de politiques publiques concrètes pour les acteurs publics, privés, philanthropiques et de la société civile :
- Promulguer des lois en faveur de l'égalité des genres ; ou réformer et amender les lois qui contiennent des dispositions discriminatoires envers les femmes, y compris informelles et coutumières, tout en mettant davantage l'accent sur l'application de la loi.
- Transformer les normes sociales discriminatoires en normes équitables entre les sexes. Et inclure les hommes et les garçons dans la promotion de l'égalité des genres.
- Améliorer l'accès à l'information sur l'atténuation des risques de catastrophe. Et s'attaquer aux préjugés sexistes qui limitent les opportunités des femmes dans le secteur de l'énergie.
- Financer l'égalité des genres sur le long terme, y compris les acteurs de transformation clés tels que les mouvements féministes et les organisations travaillant au niveau communautaire.
- Favoriser une meilleure collecte de données pertinentes pour le genre et d’indicateurs ventilés par sexe et intersectionnels.
Les demandes des médias doivent être adressées au Service de presse du Centre de développement de l'OCDE : Bochra.Kriout@oecd.org ; tél. : +33 145 24 82 96.
À propos du SIGI :
Depuis 2009, le SIGI met en lumière les barrières structurelles et multiples affectant la vie des femmes et des filles dans les pays en développement et développés. Le SIGI est également l'une des sources de données officielles pour le suivi de l'indicateur 5.1.1. des objectifs de développement durable : « Présence ou absence d’un cadre juridique visant à promouvoir, faire respecter et suivre l’application des principes d’égalité des genres et de non-discrimination fondée sur le sexe ».