22/01/2024 - L’économie italienne a bien résisté aux crises récentes, mais la croissance est maintenant en train de ralentir, sur fond de durcissement des conditions financières. Pour s’assurer une croissance forte et durable à long terme, l’Italie devrait s’attacher en priorité à améliorer l’environnement des entreprises et à stimuler la concurrence, à renforcer ses finances publiques et à promouvoir la transition écologique.
Selon les projections figurant dans la dernière Étude économique de l’OCDE consacrée à l’Italie, la croissance économique devrait s’établir à 0.7 % cette année comme en 2023, puis atteindre 1.2 % en 2025. L’inflation globale devrait diminuer progressivement, revenant de 5.9 % en 2023 à 2.6 % en 2024 et 2.3 % en 2025, parallèlement à l’inflation sous-jacente qui devrait s’établir à 2.5 % en 2025. L’investissement public est orienté à la hausse et devrait continuer de soutenir l’économie pendant les années à venir.
La dette publique, à quelque 140 % du PIB, est la troisième plus élevée de la zone OCDE. Exprimées en pourcentage du PIB, les dépenses publiques liées au coût du vieillissement démographique et à celui du service de la dette devraient augmenter d’environ 4.5 points entre 2023 et 2040. Des réformes de la fiscalité et des dépenses sont nécessaires pour contribuer à placer la dette publique sur une trajectoire plus prudente. La politique budgétaire doit avoir pour priorité de produire un assainissement régulier sur plusieurs années, dès 2025, de façon à réduire durablement la dette publique. La croissance des dépenses doit être contenue, mais il faut en même temps préserver l’investissement public de façon à minimiser les effets secondaires négatifs sur la croissance.
Il est nécessaire de réforme le système de retraite, surtout pour réduire les tensions sur les dépenses liées aux retraités aisés. Il faut continuer d’améliorer l’efficacité de l’administration pour générer des économies et mettre parallèlement en œuvre les réformes visant à accroître la qualité des services publics en poursuivant la transformation numérique de l’administration publique et des systèmes de passation des marchés. Les revues de dépenses en cours devraient être plus ambitieuses. S’agissant des recettes, transférer la charge fiscale du travail vers les impôts sur le patrimoine et la consommation permettrait de protéger les recettes fiscales tout en rendant le système plus propice à la croissance.
Il faut aussi relancer la hausse de la productivité, qui stagne depuis une décennie, de façon à étayer la croissance à long terme. Les réformes en cours de la justice civile et de l’administration publique contribueront à faire augmenter l’investissement des entreprises et la productivité et à accélérer la mise en œuvre des plans d’investissement public en améliorant l’efficience du système judiciaire. Les obstacles réglementaires à la concurrence dans les services devraient être réduits pour faciliter l’entrée de nouvelles entreprises sur le marché et stimuler la concurrence.
Il est indispensable de développer l’emploi de façon à ce que la croissance puisse mieux profiter à tous. De fait, en Italie, le taux d’emploi est parmi les plus faibles de la zone OCDE, en raison de l’important chômage des jeunes et du faible taux d’activité des femmes. Renforcer l’enseignement technique et le système de formation permettrait à davantage de jeunes et de personnes vulnérables d’accéder au marché du travail. Il faut accroître le taux d’activité des femmes en élargissant l’accès à des structures publiques d’enseignement préélémentaire. Il serait également utile de promouvoir davantage le congé paternité, notamment en mettant en place un « quota paternel » dans le droit au congé parental commun.
Grâce à la faible intensité énergétique de son économie et à l’abondance de ses ressources solaires, l’Italie est bien placée pour réussir sa transition climatique, mais le rythme de réduction des émissions a ralenti ces dix dernières années. Les pouvoirs publics doivent redoubler d’efforts pour accélérer la réduction des émissions et promouvoir l’adaptation au changement climatique : il faudrait relever chaque fois que possible les droits d’accise sur les produits énergétiques et mieux les aligner sur le contenu en émissions des combustibles fossiles, comme prévu depuis peu. Il faut par ailleurs simplifier les procédures d’autorisation complexes qui freinent l’installation de capacités de production d’énergie à partir de sources renouvelables pour pouvoir atteindre les objectifs annuels en la matière. On pourrait accélérer la décarbonation des transports en investissant dans le réseau ferroviaire, en mettant fin au traitement fiscal plus favorable du gazole par rapport à l’essence et en favorisant le développement des véhicules électriques grâce à une augmentation du nombre de bornes de recharge.
On trouvera ici une Synthèse de l’Étude économique de l’Italie reprenant ses principales conclusions et ses graphiques clés (vous êtes invités à inclure ce lien dans vos articles).
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