23/02/2024 - De nouveaux efforts de réforme visant à stimuler l’activité et l’investissement du secteur privé contribueraient à dynamiser la croissance, qui ralentit actuellement sur fond de forte inflation intérieure, et favoriseraient la création d’emplois de qualité plus nombreux, selon un nouveau rapport de l’OCDE.
D’après la première Étude économique de l’OCDE consacrée à l’Égypte, la croissance du PIB devrait refluer à 3.2 % au cours de l’exercice budgétaire 2023/24, avant de se redresser progressivement pour atteindre 5.1 % d’ici à l’exercice 2025/26. La croissance devrait être tirée par la hausse de la consommation, pour autant que l’inflation s’atténue, et malgré le démantèlement progressif des mesures de soutien budgétaire. L’investissement devrait rester faible tant que les conditions de financement demeureront restrictives dans le contexte de la poursuite de la lutte contre l’inflation. La croissance des exportations devrait se redresser si les tensions géopolitiques s’atténuent dans la région.
Jusqu’à une date récente, la croissance avait mieux résisté en Égypte que dans les pays voisins face à la pandémie de COVID-19 et à la flambée des prix mondiaux des denrées alimentaires. Toutefois, l’inflation intérieure, qui a atteint un niveau record de 40.4 % en septembre 2023 (contre 15.3 % un an plus tôt), a pesé sur la consommation, affaibli la monnaie nationale et l’investissement, et entraîné une diminution de la croissance. Les aides budgétaires, notamment l’élargissement des programmes ciblés de transferts en espèces, ont contribué à soutenir les personnes qui en avaient le plus besoin. L’activité des entreprises a cependant fléchi du fait d’un accès limité aux devises et de la hausse des taux d’intérêt consécutive au resserrement de la politique monétaire. L’inflation a commencé à refluer progressivement pour atteindre 31.2 % en janvier 2024.
L’État a d’importants besoins de financement à court terme. Même si le budget initial de 2023/24 visait à porter l’excédent primaire à 2.5 % du PIB, le déficit budgétaire global restera conséquent et s’établira à -7.5 %, compte tenu de l’ampleur des dépenses liées aux charges d’intérêt. Par ailleurs, les financements obtenus sur les marchés internationaux sont limités depuis le début de 2022, la volatilité accrue des marchés financiers mondiaux ayant entraîné des sorties massives de capitaux. Il est indispensable de rétablir la confiance des investisseurs dans les finances publiques pour attirer des capitaux internationaux et alléger le coût du service de la dette.
« La croissance économique a remarquablement bien résisté tout au long de la pandémie de COVID-19 puis face aux chocs liés au renchérissement des produits alimentaires et de l’énergie. Il est à présent primordial, à un horizon de court terme, de maîtriser l’inflation pour stimuler la consommation et renforcer la croissance. La politique monétaire doit rester restrictive jusqu’à ce que l’inflation reflue vers l’objectif », a déclaré le Secrétaire général de l’OCDE, Mathias Cormann, lors de la présentation de l’Étude aux côtés de la ministre de la Planification et du Développement économique, Hala El-Saïd. « Une stratégie d’assainissement globale s’impose pour améliorer la confiance des investisseurs dans les finances publiques et assouplir les conditions de financement. Afin de doper la productivité et la croissance à long terme, il conviendra d’intensifier les efforts de réforme structurelle, en s’appuyant sur les réformes antérieures, pour redynamiser l’activité et l’investissement du secteur privé, tout en supprimant les obstacles administratifs, en harmonisant les règles du jeu entre les entreprises publiques et privées et en luttant contre la corruption. »
L’investissement public a considérablement augmenté depuis le début des années 2010. L’Étude souligne qu’il faudrait déployer davantage d’efforts pour limiter les nouveaux projets, en examinant l’efficience des projets d’investissement public en cours. Les coupes dans les dépenses qui en résulteront permettront de dégager des marges de manœuvre budgétaires pour financer des mesures prioritaires, notamment dans les secteurs de la santé et de l’enseignement. Pour améliorer le recouvrement des impôts, le gouvernement devrait réduire les coûteuses exonérations fiscales, comme celles inhérentes au régime de taxe sur la valeur ajoutée (TVA), et renforcer le respect de la législation fiscale, notamment en mettant en place des régimes d’imposition simplifiés pour les petites et moyennes entreprises (PME).
D’après l’Étude, l’Égypte dispose de marges de manœuvre considérables pour renforcer l’activité et la productivité du secteur privé. Réduire les obstacles réglementaires, notamment en matière d’entrée sur le marché, et limiter le champ du secteur des entreprises publiques permettraient d’atténuer les distorsions de marché et d’instaurer des conditions de concurrence plus équitables. Les autorités devraient mettre intégralement à exécution le programme annoncé de cession d’actifs pour réduire l’empreinte de l’État dans le secteur des entreprises, en indiquant clairement son calendrier. Le processus de privatisation exigera une plus grande transparence concernant le choix des entreprises à céder, le calendrier des cessions et l’évaluation des actifs.
Dans le cadre des réformes visant à libérer l’activité dans le secteur privé, les pouvoirs publics devraient s’efforcer de renforcer la flexibilité du marché du travail, en réduisant la rigidité de la législation sur la protection de l’emploi et en allégeant la fiscalité du travail, afin de favoriser la création d’emplois plus nombreux et de meilleure qualité. Il faudrait réduire les taux élevés des cotisations de sécurité sociale, dans la mesure où ils constituent un déterminant essentiel de l’activité informelle, qui laisse les travailleurs sans protection sociale. Le taux d’emploi des femmes est très bas, puisqu’il s’établit à 12.7 %, car elles quittent souvent le marché du travail pour assumer des responsabilités familiales. Permettre une meilleure conciliation entre vie professionnelle et vie familiale en développant les structures d’accueil des jeunes enfants contribuerait à rehausser le taux d’activité des femmes.
L’Égypte est très vulnérable face aux conséquences du changement climatique, notamment à la hausse des températures et aux pénuries d’eau. Il faudrait redoubler d’efforts pour accélérer les initiatives prises en vue d’atténuer le réchauffement planétaire et de s’y adapter. Une diminution progressive des subventions énergétiques non ciblées contribuerait à réduire à la fois les émissions et le déficit budgétaire. L’investissement privé et le soutien des partenaires au développement devraient jouer un rôle essentiel dans la promotion des financements liés au climat et l’accélération de la transition écologique, en permettant un meilleur usage des instruments de financement, notamment des obligations vertes et des prêts aidés.
On trouvera ici une Synthèse de l’Étude économique de l’Égypte reprenant ses principales conclusions et ses graphiques clés (vous êtes invités à inclure ce lien dans vos articles).
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