06/03/2024 - L’économie de la Hongrie s’est vigoureusement redressée après la pandémie de COVID-19, avant de basculer dans une récession modérée, tandis que la forte inflation érodait le pouvoir d’achat des ménages, et que les taux d’intérêt élevés et la confiance dégradée pesaient sur l’investissement, selon la dernière Étude économique de l’OCDE consacrée à la Hongrie, diffusée ce jour.
La croissance a maintenant redémarré et devrait rebondir de -0.9 % l’année dernière à 2.4 % en 2024 et 2.8 % en 2025. L’inflation continuera de diminuer nettement, refluant de 17.1 % en 2023 à 3.9 % cette année, puis à 3.4 % en 2025. Le rythme de la désinflation, l’évolution future des prix de l’énergie et le déblocage des fonds de l’Union européenne (UE) subordonné à la mise en œuvre de réformes concernant l’état de droit représentent des risques pour les perspectives.
Un renforcement de la concurrence, en particulier dans les secteurs du commerce de détail, de l’énergie, des transports, des télécommunications et des services professionnels, et de nouvelles réformes du cadre de l’insolvabilité destinées à faciliter la sortie du marché des entreprises non viables peuvent améliorer la dynamique des entreprises en Hongrie. Les récentes réformes notables concernant la lutte contre la corruption et l’intégrité du secteur public devraient être pleinement mises en œuvre, afin de rapprocher la Hongrie des normes de l’OCDE et de renforcer l’état de droit ainsi que la confiance des investisseurs.
Le taux de pauvreté, qui s’établit à 12 % en Hongrie, est faible par rapport à ceux observés dans d’autres pays de l’OCDE, grâce aux transferts sociaux, mais il faudrait mieux les cibler sur les catégories de population aux revenus les plus faibles, pour améliorer l’efficience économique de ces transferts. Par ailleurs, les Hongrois ont des difficultés à gravir l’échelle des revenus d’une génération à l’autre. Les pouvoirs publics pourraient améliorer la mobilité dans la distribution des revenus par le biais de réformes destinées à garantir l’égalité des chances face à l’éducation, en redéployant des dépenses publiques vers les établissements dont les élèves sont issus d’un milieu socioéconomique défavorisé. Améliorer l’accès à des services d’accueil des jeunes enfants de qualité, notamment aux structures d’accueil des jeunes enfants, pour les moins de 3 ans, tout en mettant en place des modalités de travail plus flexibles, aiderait les femmes hongroises à réduire les écarts de salaire et d’emploi qui les séparent des hommes.
« La Hongrie a été durement touchée par l’envolée des prix, mais les mesures décisives prises par la banque centrale ont contribué à faire baisser l’inflation et à stabiliser le taux de change. Il est opportun de poursuivre le resserrement monétaire progressif et modéré engagé l’année dernière, tout en restant vigilant face à l’éventualité d’un regain de tensions sur les prix », a déclaré le Secrétaire général de l’OCDE, Mathias Cormann, lors de la présentation de l’Étude aux côtés du ministre hongrois des Finances, Mihály Varga. « Réduire le déficit budgétaire et la dette publique, renforcer la productivité et l’activité du secteur des entreprises en mettant en place une réglementation plus intelligente et en stimulant la concurrence, et mieux cibler les aides sur les familles vulnérables sont des mesures nécessaires pour relancer durablement la croissance et préparer la Hongrie à relever les futurs défis liés au vieillissement démographique et au changement climatique. »
Une accélération du déploiement des capacités de production d’énergie renouvelable permettrait de réduire les émissions et d’améliorer la sécurité énergétique. Au-delà des règles et normes en vigueur destinées à faire avancer la transition écologique, il faudrait aussi élargir progressivement la portée de la tarification du carbone aux secteurs non couverts par le système d’échange de quotas d’émissions (SEQE) de l’UE, qui ne porte que sur 32 % des émissions. Une stratégie climatique globale destinée à réduire les émissions devrait intégrer une restructuration des aides énergétiques, consistant à remplacer le plafonnement des prix par des transferts en espèces ciblés sur les ménages vulnérables. Tout en protégeant les personnes les plus fragiles, cela renforcerait les incitations aux économies d’énergie et à l’amélioration de l’efficacité énergétique des logements, et réduirait l’exposition des finances publiques aux fluctuations des prix mondiaux de l’énergie.
Les projets actuels d’accroissement de la production d’énergie bas carbone sont axés sur le développement du nucléaire et de l’énergie solaire, mais il est également possible d’exploiter le potentiel de production d’énergie géothermique et éolienne, notamment en levant les restrictions réglementaires à l’installation des éoliennes. Étant donné que les besoins d’énergie de la Hongrie sont actuellement satisfaits à hauteur de 60 % environ par des importations, un développement accéléré des énergies renouvelables est nécessaire pour améliorer sa sécurité énergétique, mais il exigera des investissements massifs dans le réseau électrique, financés à la fois par des sources publiques et privées.
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