Alors que l’Europe bat des records de températures, elle est aussi en proie à de violents feux de forêt. En France, la Gironde a vu partir en fumée plus de 20 800 hectares en juillet, et plus de 36 000 personnes ont dû être évacuées de leur domicile ou de leur lieu de vacances. Des feux massifs ont ensuite à nouveau repris en août en Gironde et dans les Landes. Dans tout l’Hexagone, de nombreux feux ont fait rage pendant l’été, de la Bretagne à la région Grand Est en passant par l’Occitanie.
En Espagne, plus d’une vingtaine de feux de forêt estivaux étaient hors de contrôle d’après les autorités, tandis qu’au Portugal, de très importants dégâts ont été signalés – y compris aux habitations – dans le Nord, le Centre et l’Algarve. Même les pays d’Europe du Nord ne sont pas épargnés cette année, car à l’hiver sec a succédé un été plus sec encore et les températures s’emballent sur tout le continent.
Les incendies surviennent naturellement dans beaucoup d’écosystèmes et peuvent être bénéfiques dans certains cas. Il n’en est pas de même des incendies extrêmes qui causent des dommages irréversibles à certaines espèces, à leur habitat et aux services écosystémiques – au point de laisser derrière eux des terrains où la forêt ne repartira pas et qui seront gagnés par la désertification. Ces incendies sont difficiles à éteindre et compliquent beaucoup la protection des personnes, des habitations, des entreprises et des infrastructures.
“Dans le cadre d’un scénario de réchauffement de 2 °C, la superficie dévastée par les feux de forêt dans le monde augmenterait de 35 % par rapport à aujourd’hui.” (6e rapport d’évaluation du GIEC, 2022)
Feux de forêt actifs et zones brûlées depuis le 13 juillet 2022 dans toute l’Europe, d’après le “Current Situation Viewer” sur les feux de forêt du service de gestion des urgences COPERNICUS. Source : COPERNICUS
Comme l’a souligné la conférence organisée par l’OCDE sur le thème « Adaptation au changement climatique dans la gestion des feux de forêt », le changement climatique va rendre les risques de feux de forêt plus extrêmes et plus difficiles à gérer. Avec des températures mondiales en hausse et des sécheresses plus marquées, la saison des incendies de forêt s’allonge et gagne en intensité.
Il est possible de mieux contenir les pertes et les dommages causés par les feux de forêt, mais cela suppose de changer de cap en se concentrant moins sur l’extinction des incendies et nettement plus sur la réduction des risques d’incendie en amont. Il faut pour cela :
- Cerner l’effet du changement climatique sur les risques de feux de forêt à l’avenir – réaliser des projections, produire des projections à plus petite échelle pour guider les décisions d’adaptation ;
- Durcir les mesures à respecter par les propriétaires de maisons, de bâtiments et d’infrastructures dans les zones à risque ;
- Limiter les nouveaux aménagements dans les zones à risque connues et réduire ainsi les points de rencontre entre espaces naturels et urbains ;
- Gérer activement les combustibles morts et développer les coupe-feux ;
- Adapter la gestion forestière à l’évolution du climat (essences cultivées, par exemple) ;
- Gérer activement la restauration et la régénération des sols après un feu de forêt pour renforcer la résilience aux incendies.
De nombreuses bonnes pratiques apparaissent continuellement un peu partout dans le monde. L’OCDE collabore avec les pays pour recenser les problèmes persistants et les solutions nouvelles. Nous en présenterons bientôt les résultats afin que ces précieuses informations soient accessibles à tous.