Lancé en 2017 et géré par l’Agence française de développement (AFD), le fonds Minka met en œuvre une approche territoriale pour prévenir les conflits et consolider la paix. Il finance des projets de moyen et long terme visant à s’attaquer aux facteurs et conséquences des crises et conflits, tout en répondant aux besoins des populations touchées. De 2017 à 2023, l’AFD a investi plus de 1,2 milliards EUR en faveur de 175 opérations Minka dans quatre zones de crise prioritaires : la région du Sahel, la région du lac Tchad, la République centrafricaine et le Moyen-Orient.
France : le fonds Minka, un instrument pour la paix et la résilience
Abstract
Défi
L’année 2023 a été marquée par une forte augmentation des conflits armés de haute intensité dans un contexte de défis politiques et sécuritaires croissants. La crise climatique exacerbe en outre les vulnérabilités et les inégalités existantes, ce qui a des répercussions négatives sur la paix et la sécurité dans le monde entier. La fragilité est largement reconnue comme un défi pour le développement, rendant d’autant plus nécessaire de fournir une aide à long terme aux situations de crise et de conflit afin de s’attaquer efficacement aux facteurs de fragilité. Forte de son expérience, l’AFD a décidé de renouveler en 2024 le mandat du Fonds Paix et résilience Minka (qui signifie « phénix » en langue aborigène) pour poursuivre les efforts de renforcement de la résilience et de prévention des conflits dans les contextes fragiles.
Approche
Le groupe AFD a fait de la pérennisation de la paix une priorité essentielle de sa stratégie, prenant en compte le climat et la cohésion sociale. Conformément à cet engagement, le fonds Minka pour la paix et la résilience a été lancé en 2017 pour s’attaquer aux facteurs et aux conséquences des crises prolongées tout en répondant aux besoins des populations touchées par les conflits.
Géré par l’AFD, cet instrument apporte un soutien financier à moyen et long terme à des projets dans quatre zones de crise : le Sahel, la région du lac Tchad, la République centrafricaine et le Moyen-Orient.
Minka contribue à traiter les facteurs et les conséquences des conflits afin de consolider la paix avant, pendant et après les crises, en adoptant une approche d’articulation entre humanitaire, développement et recherche de la paix (HDP) qui appelle à une plus grande coopération entre les acteurs de l’humanitaire, du développement et de la paix à l’échelle des territoires. Cet instrument vise également à accroître l’efficacité des projets grâce à des procédures souples et des processus de gestion de projet permettant une réponse rapide.
Cette approche a permis à l’AFD de continuer à intervenir tout en faisant face à des défis tels que l’instabilité politique, la détérioration des situations sécuritaires, les catastrophes naturelles et le changement climatique. Pour faire face à ces crises multidimensionnelles, l’AFD a fait du financement de projets renforçant la résilience des populations vulnérables (groupes marginalisés, femmes, jeunes, personnes déplacées de force et communautés hôtes) une priorité pour 2024.
Résultats
L’adoption d’une approche régionale de la gestion des crises a permis à Minka de mieux répondre à la dynamique des crises et des conflits transfrontaliers, tout en favorisant une analyse régulière du contexte communautaire.
Depuis sa création, Minka a joué un rôle proactif dans la promotion et l’intégration de la sensibilité aux conflits, et ce grâce à des efforts soutenus visant à encourager le partage des connaissances et l’appropriation dans tous les projets de l’AFD mis en œuvre dans les zones de crise et de conflit.
La mise en œuvre de l’agenda Femmes, Paix et Sécurité (FPS) est une priorité essentielle pour Minka. L’AFD soutient les organisations locales qui protègent les droits des femmes et des enfants dans les zones de conflit. L’AFD soutient ainsi le projet NENGO, qui permet aux victimes de violences sexuelles et sexistes en République centrafricaine d’avoir accès à des soins médicaux, psychologiques, juridiques, sociaux et financiers.
Les projets Minka ont contribué de manière significative à garantir l’égalité d’accès aux services essentiels afin d’atténuer les tensions sociales entre les populations déplacées et les communautés d’accueil et de contribuer à la cohésion sociale. Une évaluation externe des projets Minka au Liban (2022) a souligné que l’adoption d’une approche HDP dans le secteur de la santé a permis aux projets Minka de répondre aux besoins urgents des populations vulnérables tout en renforçant simultanément les capacités des autorités sanitaires nationales afin de les doter des outils nécessaires pour faire face aux conséquences de la crise syrienne. Par exemple, le projet SAQIRH, mis en œuvre par un consortium d’ONG humanitaires locales et françaises, a permis aux communautés d’accueil et aux réfugiés vivant au Liban de disposer d’un accès équitable à des soins de santé élémentaires de qualité grâce à un système de santé national plus résilient, inclusif et sensible aux conflits, contribuant ainsi à la construction d’une communauté à long terme.
Enseignements tirés
Le travail sur les conflits et en situations de crise exige une plus grande flexibilité : si l’approche régionale de la gestion des crises s’est avérée efficace, le débordement de la crise sahélienne dans le golfe de Guinée ainsi que les récents développements en Afrique de l’Est et au Moyen-Orient soulignent la nécessité de prendre en compte de nouvelles zones de crise et de conflit.
Améliorer la coordination et la complémentarité au sein de l’articulation HDP pour un plus grand impact sur le développement : les situations de crise et de conflit nécessitent une coopération accrue entre les acteurs humanitaires, de développement et du maintien de la paix afin de développer une compréhension commune du contexte (analyse conjointe), de définir des résultats collectifs et d’encourager une programmation efficace.
Le renforcement des capacités des acteurs locaux est la clé de la durabilité des projets : les projets Minka permettent de renforcer les capacités des organisations de la société civile et des autorités locales. Cet engagement est essentiel pour créer un environnement propice à un plus grand impact sur le développement, à la durabilité des projets et à leur appropriation.
Les partenariats avec les instituts de recherche permettent d’affiner les résultats souhaités des projets : chacune des quatre initiatives Minka (Figure 1) comprend un partenariat avec un institut de recherche, ce qui permet à toutes les parties prenantes de partager l’analyse du contexte, les bonnes pratiques existantes, et de soutenir les systèmes d’alerte précoce afin de mieux affiner les interventions de Minka.
Plus d'informations
AFD (2022), Évaluation du Fonds Minka (2017-2020), https://www.afd.fr/fr/ressources/evaluation-du-fonds-minka-2017-2020.
Ressources de l’OCDE
OCDE (2024), Examens par les pairs de la coopération pour le développement de l’OCDE : France 2024, Examens par les pairs de la coopération pour le développement de l'OCDE, Éditions OCDE, Paris (à paraître).
OCDE (2021), France Mid-term Review 2021, https://one.oecd.org/document/DCD/DAC/AR (2024)3/8/en/pdf?sessionId=1714398427318.
OCDE, « S'engager dans des contextes fragiles », Principes fondamentaux de la coopération au développement, https://read.oecd-ilibrary.org/view/?ref=1154_1154188-e83x8ymqam&title=Engaging-in-fragile-contexts.
Pour en savoir plus sur la coopération au développement de la France, voir :
OCDE, « France », dans Profils de la coopération au développement, https://doi.org/10.1787/5cd4ba84-fr.
D'autres exemples En pratiques concernant la France, sont disponibles ici : https://www.oecd.org/development-cooperation-learning?tag-key+partner=france#search.
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