Une facilité d’investissement indépendante permet à Proparco de prendre davantage de risques dans son financement du secteur privé en Afrique. Sans que cela n’affecte son bilan, l’agence peut ainsi investir dans des secteurs, zones géographiques et produits plus risqués, afin de rechercher un impact plus grand. Une stratégie à long terme, l’accompagnement technique des clients et des ressources concessionnelles adéquates sont des facteurs clés pour parvenir à équilibrer risques et rendements.
Grâce à une facilité d’investissement indépendante, la France mobilise des financements à impact pour les TPE et PME africaines
Abstract
Défi
Les institutions de financement du développement ont des objectifs de rentabilité et des cadres de gestion de risques qui peuvent freiner leurs financements dans des marchés et secteurs difficiles. Pour répondre à cette contrainte, l’AFD a créé en 2009 la Facilité d’investissement et de soutien aux entreprises en Afrique (FISEA).
Approche
FISEA est une société indépendante détenue à 100 % par l’AFD et dont les investissements sont gérés par Proparco. Étant hors bilan de Proparco, elle n’affecte pas le ratio dette/capital et n’est pas soumise au même cadre de gestion des risques.
Le capital initial de FISEA, fourni par l’AFD, était de 250 millions EUR. Une nouvelle phase, FISEA+, a été lancée en 2021 et le capital porté à 360 millions EUR en 2023.
FISEA se concentre sur des prises de participation directes dans des fonds d’investissement et des entreprises à plus grand risque (sur une durée de vie plus longue ou de type capital-risque) mais à impact plus grand.
Les investissements de FISEA+ ciblent en priorité les très petites (TPE) et les petites et moyennes entreprises (PME), avec des objectifs chiffrés indicatifs également pour l’innovation numérique, l’entreprenariat social et les pays fragiles.
Une facilité d’assistance technique accompagne les clients directs et, via une délégation, leurs clients respectifs. Elle vise à renforcer leurs compétences en matière de développement durable dans leurs opérations et de gestion des risques environnementaux et sociaux.
Résultats
En 2019, une évaluation de la première phase de FISEA a constaté des résultats globalement probants :
les investissements ont contribué á la création d’emplois
l’assistance technique a amélioré la performance des clients, par exemple dans les processus opérationnels et des plans environnementaux et sociaux
FISEA a pu appuyer des secteurs ayant traditionnellement moins accès aux financements, tels l’agriculture, la microfinance, l’éducation et la santé.
Cependant, les zones géographiques à risque n’ont pas été au centre des investissements, qui n’ont bénéficié qu’à hauteur de 32 % aux pays à faible revenu et de 14% aux États fragiles.
L’équilibre entre appétence aux risques et rendement demeure un défi important.
Enseignements tirés
Les leçons tirées de la première phase ont contribué à des ajustements sous FISEA+ :
Préserver la complémentarité avec Proparco est primordial : FISEA doit continuer à cibler les zones géographiques, secteurs et produits à risque et impact plus grands.
Conserver une certaine flexibilité pour pouvoir ajuster l’approche, notamment en s’adaptant aux évolutions du marché du capital-investissement et en intégrant les leçons tirées des résultats financiers et extra-financiers.
Définir une stratégie à long-terme est essentiel : l’impact d’un fonds comme FISEA ne peut être visible en quelques années. Pour orienter les investissements et éviter la pression des résultats à court terme, il est essentiel que décideurs et gestionnaires adhèrent à des objectifs qui s’inscrivent dans la durée.
Investir dans le renforcement des capacités, notamment via l’accompagnement technique, est un complément essentiel aux investissements dans les marchés difficiles. Ainsi, le volet réservé à l’accompagnement technique est passé de 2 % des investissements sous la première phase à 10 % sous la deuxième. Un réseau et des appuis transversaux promeuvent l’échange entre les clients de FISEA et un écosystème de financeurs à risque.
Mobiliser les ressources concessionnelles adéquates est indispensable : les appuis du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères et ceux de l’Union européenne ont permis d’accroître l’assistance technique et de prendre davantage de risques pour attirer d’autres investisseurs.
Informations supplémentaires
Proparco, FISEA+, Plaquette d’information, https://choose-africa.com/download/389/resilience/3945/plaquette-fisea-version-francaise.pdf.
Proparco (2021), Soutenir les PME en Afrique – 10 ans d’impact de FISEA, https://www.proparco.fr/fr/ressources/soutenir-les-pme-en-afrique-10-ans-dimpact-de-fisea.
Océane Ronal (2021), « Les pratiques publiques de capital-investissement en faveur du développement », Revue de la régulation, 30, https://doi.org/10.4000/regulation.19065.
Ressources de l’OCDE
OECD (2024), Examens de l’OCDE sur la coopération pour le développement : France 2024, Examens par les pairs de la coopération pour le développement de l’OCDE, Éditions OCDE, Paris (à paraître).
OECD, Blended Finance, https://www.oecd.org/development/financing-sustainable-development/blended-finance-principles/.
OECD/UNCDF (2020), Blended Finance in the Least Developed Countries 2020: Supporting a Resilient COVID-19 Recovery, https://doi.org/10.1787/57620d04-en.
Pour en savoir plus sur la coopération au développement de la France, voir :
OCDE, « France », dans Profils de la coopération au développement, https://doi.org/10.1787/5cd4ba84-fr.
D’autres exemples En pratiques concernant la France, sont disponibles ici : https://www.oecd.org/development-cooperation-learning?tag-key+partner=france#search.
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