Bridés par le climat d’incertitude, un niveau d’endettement élevé et un accès insuffisant au financement par capitaux propres, les taux d’investissement figurent parmi les plus faibles de la zone OCDE. L’augmentation de l’investissement public financé par les ressources de « Next Generation EU », alliée à des incitations fiscales généreuses, pourrait attirer les investisseurs privés sous réserve que les niveaux d’endettement ne réduisent pas la prise de risque des entreprises. Une amélioration de la qualité de l’administration publique et des mesures permettant d’abaisser les niveaux de corruption perçue réduiraient la nécessité de recourir à des incitations fiscales, tout en soutenant l’investissement. Le déploiement plus rapide du haut débit concourrait à la transformation numérique du secteur privé et à l’utilisation accrue de la palette grandissante de services publics accessibles en ligne.
La stagnation des gains de productivité depuis deux décennies est imputable à une productivité à la traîne dans le secteur des services. La productivité dans le secteur manufacturier est en hausse en raison de l’augmentation des investissements et de la sortie d’entreprises peu productives. En revanche, les obstacles réglementaires, notamment ceux qui sont en contradiction avec les recommandations de l’autorité de la concurrence, entravent fortement l’entrée de nouvelles entreprises dans le commerce de détail ainsi que dans les services professionnels. Cela pèse ensuite sur la concurrence et l’innovation.
La création d’emplois plus nombreux et de meilleure qualité passe par un ajustement des prélèvements sur le travail. Le dispositif de chômage partiel et l’interdiction des licenciements ont permis de limiter les destructions d’emplois. Cela étant, les jeunes et les femmes, mais aussi les habitants du sud du pays, généralement embauchés dans le cadre de contrats temporaires ou à durée déterminée, ont été moins protégés. Les baisses temporaires de cotisations de sécurité sociale contribueront à faciliter le redressement de l’économie, mais le coin fiscal élevé sur le travail demeure un obstacle de taille. Le taux d’activité des femmes reste très bas, le soutien limité apporté par l’État en matière d’accueil des jeunes enfants, ainsi que le niveau élevé des taux marginaux d’imposition effectifs appliqués aux seconds apporteurs de revenu, aggravant la situation.
Il faut renforcer quantitativement et qualitativement les compétences pour combler les lacunes observées en matière de culture numérique et de formation continue des adultes. Le soutien à l’emploi est principalement axé sur les incitations à l’embauche. En dépit des pénuries de compétences, le recours aux fonds pour la formation des travailleurs est faible, en particulier dans les petites entreprises. Enfin, des difficultés subsistent dans la prestation des services publics de l’emploi, même si le gouvernement met actuellement en place une nouvelle approche pour la formation des chômeurs.
Des réformes fiscales peuvent améliorer la situation en termes de croissance et d’équité, étant donné l’ampleur des prélèvements et de la fraude fiscale en Italie. Le nombre de postes de dépenses fiscales est élevé et constitue une source de complexité. Les prélèvements sur le travail constituent une part des recettes supérieure à la moyenne de l’OCDE, tandis que les impôts sur la consommation et les droits de succession en représentent une part inférieure. La faible proportion des recettes fiscales représentée par la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) s’explique en partie par le manque de respect des obligations fiscales. Le seuil d’exonération de la TVA est élevé. Un recours plus large aux paiements numériques et par carte devrait améliorer le respect des obligations fiscales et les contrôles. Les projets destinés à améliorer l’équité de l’impôt sur le revenu devraient prendre en compte l’incidence des dépenses fiscales et de la fiscalité du patrimoine, notamment des droits de succession et des impôts sur la propriété immobilière.