L’impact de la crise a été très variable dans le temps et selon les secteurs, les entreprises et les catégories de main-d’œuvre. La production du secteur manufacturier est repartie rapidement en 2020, mais a récemment été interrompue en raison de pénuries d’approvisionnement, notamment dans l’automobile. Du fait de la longue durée des mesures de restriction, les conséquences économiques et les pertes d’emplois ont été plus marquées dans les secteurs des services et ont touché beaucoup plus fortement la main-d’œuvre peu qualifiée et les jeunes. À ce jour, l’emploi dans ces secteurs et catégories de main-d’œuvre demeure bien en deçà des niveaux d’avant la pandémie.

La reprise devrait s’accélérer (Tableau 1). La nouvelle vague de contaminations, un taux de vaccination relativement faible et les dysfonctionnements du côté de l’offre vont peser sur la consommation privée et la croissance des exportations à court terme. Selon les prévisions, la reprise devrait s’accélérer en 2022 et 2023, à la faveur d’une croissance solide de l’investissement prenant appui sur les ressources des Fonds structurels de l’UE et de la nouvelle Facilité de l’UE pour la reprise et la résilience. Les risques entourant les perspectives restent élevés.

Il conviendrait de surveiller attentivement les risques dans le secteur financier. Le niveau approprié des volants de fonds propres et de liquidités du système financier slovaque contribue à la stabilité. Pourtant, des défauts de paiement et des corrections de marché ne sont pas à exclure une fois que les dispositifs d’aide des pouvoirs publics auront été démantelés. Les déséquilibres ont continué de s’accumuler sur le marché du logement, en partie en tant qu’effet collatéral de la faiblesse des taux d’intérêt, faisant augmenter les risques.

Des mesures de soutien ciblées devraient être maintenues jusqu’à ce que la reprise soit bien engagée pour éviter que la pandémie ne laisse des séquelles durables. Les dépenses au titre des politiques actives du marché du travail sont faibles et insuffisamment axées sur les mesures de formation (Graphique 2). La montée en régime de la formation, y compris pour la main-d’œuvre en chômage partiel, est primordiale pour faciliter les transitions professionnelles et réduire le chômage de longue durée, un phénomène particulièrement marqué parmi la main-d’œuvre peu qualifiée et les Roms.

Les autorités ont soutenu la trésorerie des entreprises, mais nombre d’entre elles risquent de voir leur bilan se détériorer. La restructuration rapide des entreprises viables confrontées à des difficultés temporaires pourrait empêcher une liquidation injustifiée, et il conviendrait de rechercher des solutions extrajudiciaires. Une nouvelle simplification des procédures d’insolvabilité pourrait faciliter les ajustements économiques nécessaires.

Le gouvernement a mis en place un programme de relance ambitieux, mettant en exergue des réformes et des investissements dans l’éducation, la santé, une économie plus verte et l’innovation. Afin d’assurer la mise en place rapide et efficace de ce programme, de nouvelles initiatives seront nécessaires pour relever le taux d’absorption des fonds de l’UE chroniquement faible de la République slovaque en simplifiant les procédures de passation de marchés publics et en améliorant la gouvernance de l’investissement public.

L’assainissement des finances publiques devrait être progressif. À moyen terme, les plafonds de dépenses pluriannuels prévus, alliés à la règle du frein de la dette publique, pourraient aider à replacer les finances publiques sur une trajectoire plus durable, mais devraient être fixés de manière à éviter de faire sortir la reprise économique de ses rails. Une meilleure intégration des examens de dépenses dans le processus d’établissement du budget pourrait améliorer l’efficience de la dépense publique tout en préservant des investissements porteurs de croissance.

Le vieillissement rapide de la population va exacerber les enjeux budgétaires et peser sur la croissance à long terme. Pour remédier aux difficultés à venir, il va falloir réformer les retraites, la santé et la dépendance, et le marché du travail.

Le ratio de dépendance (retraités/population d’âge actif) va plus que doubler dans les 30 prochaines années. Si l’on maintient les politiques publiques actuelles, le vieillissement aura pour conséquence d’augmenter les dépenses de retraite, de santé et de dépendance de plus de 10 points de pourcentage, soit plus que partout ailleurs. Alliée à des pertes de recettes, cette augmentation va mettre en péril la viabilité budgétaire. Sans compter qu’une population d’âge actif qui diminue pèse sur la croissance.

L’âge effectif de départ à la retraite est parmi les plus bas des pays de l’OCDE (Graphique 3), ce qui s’explique par un âge de retraite légal précoce et par la multitude des voies conduisant à la retraite anticipée. L’allongement de la durée de vie active via l’indexation de l’âge futur de départ à la retraite sur les gains d’espérance de vie, comme le prévoit le gouvernement, permettrait d’améliorer la viabilité à long terme du système de retraite public et de garantir à l’avenir des niveaux de revenu adéquats à la retraite.

Le gouvernement devrait bloquer les voies d’accès à la retraite anticipée La possibilité donnée aux mères de famille de prendre une retraite anticipée devrait être supprimée. Les conditions d’accès à une pension d’invalidité devraient être durcies, y compris en actualisant les critères d’éligibilité.

Améliorer l’état sanitaire de la population est primordial pour prolonger la vie active. L’espérance de vie est de trois ans plus courte qu’en moyenne dans l’OCDE, signe d’un taux élevé de mortalité évitable. Les soins préventifs sont peu développés en raison du nombre insuffisant de médecins généralistes, de la limitation de leurs compétences et d’un système de rémunération inefficace. Le chevauchement des missions entre établissements hospitaliers de taille modeste concourt à des inefficiences, au surendettement récurrent des hôpitaux et à des performances en deçà du niveau optimal.

Le secteur des soins de longue durée est mal préparé à l’augmentation future de la demande. Le secteur est trop dépendant des soins informels et de la prise en charge en établissement. L’offre de services de soins de longue durée est morcelée entre le secteur de la santé et celui des services sociaux, et entre les différents échelons de l’administration, ce qui crée des inefficiences et en limite l’accès. Qui plus est, le système dans son ensemble manque d’une source de financement qui lui est propre et pérenne.

La main-d’œuvre senior se heurte à divers obstacles sur le marché du travail. Les seniors se trouvent en situation plus tendue que dans d’autres pays de l’OCDE au regard de l’emploi, en partie du fait de rigidités dans les modalités d’organisation du travail. De même, les seniors en activité bénéficient moins de possibilités de formation, alors même que le risque d’obsolescence de leurs compétences est à son maximum du fait du changement technologique.

Il est primordial d’augmenter les taux d’emploi des mères de jeunes enfants, de la main-d’œuvre peu qualifiée et des Roms, et celui des actifs seniors pour atténuer l’impact d’une population active qui diminue. Les projets du gouvernement visant à améliorer l’accès aux structures d’accueil préscolaire sont une bonne chose. Il faut revoir les prestations familiales pour qu’elles n’incitent pas les mères de jeunes enfants à rester à la maison. Le coin fiscal prélevé sur les bas salaires est élevé, ce qui réduit les possibilités d’emploi de la main-d’œuvre peu qualifiée. Enfin, des réponses intégrées s’imposent pour améliorer l’emploi des Roms.

Il est essentiel de préserver les gains de productivité, qui reposent historiquement dans une large mesure sur l’intégration dans les chaînes de valeur mondiales, pour relancer le processus de convergence économique et rehausser le niveau de vie dans une société slovaque vieillissante. Cela exigera que la République slovaque renforce ses propres capacités d’innovation et d’adoption des nouvelles technologies.

La croissance de la productivité et la convergence économique vers les pays de l’OCDE à revenu élevé se sont ralenties depuis la crise financière mondiale. Les gains de productivité importants réalisés par les entreprises des secteurs manufacturiers compétitifs ne se sont pas suffisamment diffusés aux petites entreprises nationales du secteur des services, reflet du dualisme qui caractérise l’économie slovaque. La crise a accéléré la transformation numérique, mais l’adoption des technologies numériques dans les entreprises est faible et inégale, ce qui limite le potentiel de croissance future de la productivité.

Améliorer les résultats du système d’enseignement et investir dans les compétences devraient être des priorités (Graphique 4). Renforcer le système d’éducation des jeunes enfants, améliorer la formation et la rémunération des enseignants et offrir de meilleures perspectives aux enfants issus de familles défavorisées sont des conditions essentielles à satisfaire pour améliorer les résultats du système d’enseignement et le rendre plus inclusif. Renforcer la capacité d’adaptation du système éducatif aux besoins du marché du travail et investir dans la formation des adultes permettraient de garantir l’adéquation des compétences dans une économie mondialisée et numérique, et de faire face à l’essor de l’automatisation, qui est plus marqué en République slovaque que dans les autres pays de l’OCDE.

Il faut renforcer les capacités de recherche et d’innovation. Les réformes prévues du système d’enseignement supérieur peuvent contribuer à améliorer la qualité de la recherche. Des aides à la recherche-développement (R-D) des entreprises plus importantes, plus pérennes et moins fragmentées peuvent contribuer à accélérer la diffusion des technologies. Il faut déployer davantage d’efforts pour attirer des travailleurs étrangers et slovaques hautement qualifiés vivant à l’étranger.

Il est essentiel de mettre en place des infrastructures numériques fiables et d’améliorer les services publics numériques pour permettre la transformation numérique de l’ensemble de l’économie et de la société. Pour améliorer l’accès aux réseaux à très haut débit, en particulier dans les zones rurales, il faudra sans doute engager des investissements publics supplémentaires. Les inquiétudes relatives à la sécurité des services publics numériques doivent être dissipées.

Améliorer encore l’environnement des entreprises peut renforcer leur dynamisme. Malgré les progrès accomplis en termes de réduction des charges administratives, la réglementation applicable dans un certain nombre de domaines, notamment en matière de création d’entreprises, demeure plus restrictive que dans d’autres pays de l’OCDE. Il faut poursuivre les réformes du système judiciaire pour lutter contre la corruption et renforcer l’efficience de ce système et la confiance qu’il inspire.

La réalisation des nouveaux objectifs climatiques ambitieux exigera de volumineux investissements et des réductions considérables des émissions. Les investissements prévus dans la rénovation de logements, notamment le remplacement des chaudières et dispositifs de chauffage inefficaces et fortement émetteurs de gaz à effet de serre, amélioreront l’efficacité énergétique et réduiront la pollution atmosphérique, qui demeure un grave problème sanitaire. Il est nécessaire d’assurer une tarification plus cohérente du carbone et des externalités des activités préjudiciables à l’environnement pour réduire les émissions de manière économiquement efficiente.