L’édition 2022 des Grandes mutations qui transforment l’éducation examine les grandes tendances qui façonnent l’avenir de l’éducation, depuis la petite enfance jusqu’à l’apprentissage tout au long de la vie. Dans chacun de ses chapitres, elle analyse d’abord les conséquences de la pandémie de COVID-19, puis les différentes tendances et leurs implications pour l’éducation.
Le chapitre 1, Croissance, montre comment la croissance économique a permis de sortir des millions de personnes de la pauvreté et d’améliorer les conditions de vie dans le monde entier. Toutefois, malgré l’augmentation des niveaux de richesse, les inégalités socio-économiques se creusent, et l’utilisation non durable des ressources met notre environnement à rude épreuve. Alors que nous sommes en quête constante de nouvelles opportunités économiques, au-delà même des frontières de notre planète, des pressions de plus en plus fortes, telles que le vieillissement rapide des populations, rendent plus urgente que jamais la nécessité de repenser les modèles de croissance afin de concilier prospérité partagée et durabilité.
L’éducation contribue depuis toujours à la croissance économique en permettant la mobilité sociale et en dotant les individus des compétences nécessaires à leur participation à l’économie. L’offre d’une éducation de qualité, tout au long de la vie et dans tous les domaines, est essentielle pour permettre à l’ensemble des citoyens, quel que soit leur âge, d’acquérir les compétences requises pour contribuer à la société. Elle joue en outre un rôle clé dans la sensibilisation aux questions environnementales et le développement des compétences techniques et de l’esprit critique, indispensables à l’avènement d’un avenir durable, tant ici, sur notre planète, qu’ailleurs.
Concilier croissance et durabilité implique également de repenser notre Vie professionnelle et privée. Ce 2e chapitre met en évidence la réduction constante du temps de travail depuis un siècle, ainsi que l’essor de la flexibilité dans le monde professionnel, avec notamment le travail à temps partiel ou le télétravail. Les technologies numériques nous assistent par ailleurs de plus en plus dans la gestion de notre vie privée, du décompte de nos pas jusqu’à l’organisation de notre agenda. Les structures familiales poursuivent quant à elles leur évolution, progressant lentement mais sûrement vers une plus grande égalité des sexes. Certains défis persistent toutefois, comme la sécurité des communautés et l’accès au logement.
L’éducation peut contribuer à bâtir des communautés dont tous les membres soient pris en charge, en leur apportant un soutien qu’ils ne trouveraient peut-être pas ailleurs. Des systèmes performants d’apprentissage tout au long de la vie peuvent permettre de renforcer les capacités d’adaptation et de résilience indispensables dans le monde du travail de demain. Ces tendances soulèvent toutefois également certaines questions : quel est le rôle de l’éducation pour préparer à la vie en dehors du cadre professionnel ? À l’apprentissage continu hors du cadre éducatif formel ? Comment les systèmes d’éducation peuvent-ils mieux reconnaître et mettre à profit les acquis réalisés hors du cadre scolaire ?
Dans ce contexte de grandes mutations, le chapitre 3 se consacre aux liens entre Connaissance et pouvoir. Les technologies numériques donnent accès à des données et informations quasi infinies, offrant ainsi autant de nouveaux outils puissants de prise de décision et de résolution de problèmes. De nouvelles problématiques se font toutefois jour, notamment comment gérer cette quantité d’informations, parfois erronées ou trompeuses, dans un contexte en constante évolution, et comment mobiliser au mieux notre intelligence collective. Dans le monde d’aujourd’hui, le foisonnement des informations et des connaissances s’accompagne d’une plus grande incertitude. Une gestion efficace des connaissances s’avère donc capitale, tant sur le plan individuel que collectif.
La diffusion des recherches pertinentes et la généralisation des innovations fructueuses sont certes essentielles pour améliorer la qualité de l’éducation, mais la facilité d’accès à tout cet univers d’informations ne va pas sans poser question, à l’instar des puissants algorithmes et des problématiques d’éthique, de transparence et de responsabilité qu’ils soulèvent. Comment permettre à tous non seulement d’accéder à l’information, mais aussi de savoir quoi en faire une fois qu’ils en disposent ? Peut-on développer une gouvernance plus inclusive, améliorer l’utilisation et la qualité des données, et renforcer le niveau de confiance ?
Le chapitre 4, Identité et appartenance, explore l’importance de comprendre qui nous sommes et quelle place nous occupons. À l’heure de la mondialisation et de la transformation numérique, les principes d’individualisation et de choix régissent de plus en plus nos vies, et les forces cohésives traditionnelles, telles que la religion et la nation, tombent en désuétude dans de nombreux pays. Le monde virtuel facilite l’exploration des identités selon des modalités totalement inédites, offrant aux individus et aux groupes de nouveaux moyens d’expression et permettant de nouvelles formes d’appartenance. Et pourtant, les sociétés sont de plus en plus fragmentées et de nombreuses formes de désavantages et de discriminations subsistent.
L’éducation doit répondre aux besoins de ses apprenants dans toute leur diversité, mais aussi cultiver les compétences globales du XXIe siècle. Elle peut contribuer à la socialisation des élèves en les dotant de normes et de valeurs communes, tout en encourageant les identités positives et l’autonomie nécessaires aux apprentissages et à l’épanouissement de chacun. L’identification et la réduction des discriminations et des désavantages constituent à cet égard une première étape essentielle pour garantir l’offre d’une éduction accessible, adaptable et abordable pour tous.
Les mesures de confinement et de distanciation sociale imposées par la pandémie nous ont poussés à questionner notre relation aux autres, à la nature et à nous-mêmes. Le chapitre 5, Notre nature changeante, met en lumière le faisceau de processus sociétaux et environnementaux sous-tendant le bien-être humain, depuis la production et l’alimentation jusqu’aux communications et relations, tant virtuelles que présentielles. Il nous appartient d’inventer une nouvelle relation entre innovation et progrès, entre potentiels technologiques et besoins sociétaux et planétaires. Le changement climatique nous met face à l’impératif d’agir ; les progrès continus en matière d’amélioration des capacités physiques, cognitives et émotionnelles soulèvent quant à eux d’autres questions fondamentales sur la signification de l’humain.
L’éducation peut nous permettre d’entretenir des relations harmonieuses avec notre esprit, notre corps, les autres et le monde qui nous entoure. Elle est essentielle pour nous aider à réfléchir aux nouveaux défis sociaux et éthiques, tout en tenant compte du bien-être individuel, collectif et planétaire.