Des inégalités sociales et économiques persistent entre les genres dans les pays de l’OCDE. Les femmes jeunes atteignent souvent un niveau d’études supérieur à celui de leurs homologues masculins, mais restent sous-représentées dans les secteurs offrant les rémunérations les plus élevées. Les femmes consacrent plus de temps au travail non rémunéré, sont fortement pénalisées lorsqu’elles ont des enfants, se heurtent à des obstacles en matière d’entrepreneuriat, et ont globalement de moins bons résultats sur le marché du travail. Elles sont aussi sous-représentées en politique et aux postes de direction dans le secteur public. On retrouve ces caractéristiques dans de nombreux domaines d’action et secteurs économiques (du commerce international à l’aide au développement en passant par l’énergie et l’environnement) où les questions de genre sont peu prises en compte dans l’action publique. La violence à l’encontre des femmes, expression la plus abominable des inégalités entre les genres, reste un enjeu de portée mondiale. Cette publication analyse les évolutions et les mesures en faveur de l’égalité des genres, comme la prise en compte de la dimension du genre dans les politiques et les budgets, les réformes visant à accroître la participation des pères aux congés parentaux et à la garde des enfants, les initiatives en faveur de la transparence salariale pour lutter contre les inégalités de rémunération entre les genres, ou les systèmes de lutte contre les violences basées sur le genre. Elle vise à élargir la vision de l’égalité entre les genres, afin d’inclure l’investissement direct étranger, l’énergie nucléaire et les transports. Faire progresser l’égalité entre les genres n’est pas seulement un impératif moral : en cette période marquée par un vieillissement démographique rapide, des taux de fécondité en berne et des crises qui se multiplient, les actions dans ce domaine contribueront à favoriser une croissance économique et une cohésion sociale plus respectueuses de l’égalité des genres à l’avenir. Il s’agit d’une version abrégée de la publication d’origine, composée du résumé et du chapitre 1 intitulé Mettre l’égalité des genres au cœur de toutes les politiques publiques, qui est le chapitre de synthèse.
Agir ensemble pour l’égalité des genres (version abrégée)
Résumé
Synthèse
L’égalité des genres et l’autonomisation des femmes et des filles sont deux objectifs universels qui sont énoncés dans la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes (CEDAW), la Déclaration et le Programme d’action de Beijing de 1995, le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et les Recommandations de l’OCDE sur l’égalité des genres dans l’éducation, l’emploi, l’entrepreneuriat et la vie publique.
Lutter contre les inégalités de genre n’est pas qu’une question de valeurs ou d’impératif moral, c’est aussi un moyen de renforcer la croissance, la productivité, la compétitivité et la durabilité des économies. Combler les écarts entre les genres en termes de taux d’activité et de temps de travail entraînerait une hausse moyenne de 9.2 % du PIB dans les pays de l’OCDE d’ici 2060, ce qui ferait augmenter d’environ 0.23 point de pourcentage la croissance annuelle moyenne. Ne pas œuvrer en faveur de l’égalité des genres met en péril notre prospérité collective future.
Les inégalités de genre persistent pourtant dans tous les domaines de la vie sociale et économique, dans tous les pays de l’OCDE. Même dans ceux qui ont été à l’avant-garde des politiques modernes d’égalité des genres, les femmes et les filles continuent de se heurter à des obstacles et d’être pénalisées à la maison, sur le marché du travail et dans la vie publique. Les filles restent sous-représentées dans les filières qui offrent les meilleurs débouchés professionnels. Les femmes continuent de consacrer une part disproportionnée de leur temps aux tâches familiales et domestiques non rémunérées, ce qui compromet leur présence sur le marché du travail, surtout lorsqu'elles ont des enfants. Des taux d’emploi plus faibles, un temps de travail hebdomadaire plus court, une forte ségrégation sur le marché du travail et la persistance de plafonds de verre sont autant de facteurs qui signifient que les femmes continuent d’être moins bien rémunérées que les hommes. Les femmes se heurtent également à des obstacles à l’entrepreneuriat et au travail indépendant.
Tous ces facteurs se traduisent par des écarts importants entre les genres en termes de revenus tout au long de la vie et de pensions de retraite. Ils sont aussi synonymes d’occasions manquées pour la création d’emplois, la croissance et l’innovation, ce qui pèse sur l’économie tout entière.
Bien que surreprésentées dans les emplois du secteur public, les femmes restent également sous-représentées en politique et aux postes de direction dans l’administration. Cette situation risque de conduire à une sous-estimation des difficultés que rencontrent les femmes et les familles et, plus généralement, à une réduction du soutien apporté aux politiques en faveur de l’égalité des genres et des droits des femmes.
Des progrès ont été accomplis ces dernières années dans l’élaboration des politiques en faveur de l’égalité des genres. Parmi les exemples à retenir figurent les mesures visant à mettre en place et à utiliser le congé de paternité, la transparence salariale au service de l’égalité des rémunérations, l’accès à des possibilités d’emploi flexibles et une meilleure représentation des femmes aux postes de direction dans les secteurs public et privé. Les problématiques de genre figurent aussi désormais au premier rang des préoccupations des pouvoirs publics : les pays de l’OCDE ont de plus en plus recours à des outils et règles de gouvernance pour évaluer l’incidence de l’action publique sur l’égalité des genres et l’impact des choix budgétaires sur les femmes et les hommes dans différents domaines d’action, mais aussi pour prendre en compte la perspective de genre dans les décisions en matière de marchés publics et d’infrastructures.
Il faut toutefois intensifier les efforts pour lutter contre les disparités qui perdurent dans l’éducation, l’emploi, l’entrepreneuriat et la vie publique, et pour promouvoir l’égalité des genres partout dans le monde. À l’école, on observe encore des différences marquées entre les filles et les garçons eu égard au choix des disciplines étudiées, et la profession enseignante reste très féminisée. Dans l’emploi, des progrès sont encore nécessaires pour parvenir à l’égalité en termes de taux d’activité, lutter contre la ségrégation verticale et horizontale sur le marché du travail, promouvoir la qualité des emplois, et favoriser l’accès à des possibilités d’emploi flexibles, la progression de carrière, et l’accès aux postes de direction dans les secteurs privé comme public. De telles avancées peuvent aussi permettre de réduire l’écart de rémunération entre les genres. Les pouvoirs publics pourraient également renforcer les cadres d’action en faveur de l’entrepreneuriat féminin, notamment en ayant davantage recours à des mesures adaptées, comme les accélérateurs d’entreprise et les financements axés sur la croissance.
En outre, ces dernières années, une attention accrue a été portée à l’égalité des genres dans un plus grand nombre de domaines d’action, notamment l’investissement direct étranger, l’environnement, l’énergie, le nucléaire, les échanges et les transports. Ces différents secteurs présentent des similitudes en ce qui concerne les inégalités de genre : faible activité des femmes, et représentation encore plus faible aux postes de direction ; stéréotypes de genre et discrimination à l’encontre des travailleuses mais aussi obstacles juridiques, techniques et financiers ; représentation limitée des femmes dans le processus d’élaboration des politiques dans ces domaines ; et absence de cadres et de systèmes de soutien adéquats permettant aux femmes d’exploiter pleinement leur potentiel dans ces secteurs.
En outre, les crises actuelles, à savoir la pandémie de COVID-19 et ses conséquences, la guerre d’agression de grande ampleur de la Russie contre l’Ukraine, ainsi que la crise du coût de la vie provoquée par la hausse rapide des prix de l’énergie et des denrées alimentaires, risquent de fragiliser certains des progrès déjà accomplis en matière d’égalité des genres. Par exemple, les femmes étaient surreprésentées dans les secteurs qui ont été le plus durement touchés par la pandémie ; ce sont surtout les mères qui ont assumé le surcroît de tâches familiales et domestiques non rémunérées pendant les périodes de confinement ; et puisque les femmes perçoivent généralement des revenus plus faibles, elles sont aussi plus susceptibles que les hommes de connaître la pauvreté (et la précarité énergétique).
Alors que les responsables de l’élaboration des politiques cherchaient les moyens de contrer ces effets négatifs, ils ont commencé à s’intéresser de plus près à la nature intersectionnelle des mesures à prendre pour promouvoir l’égalité des genres. Il est aussi urgent d’éradiquer toutes les formes de violence sexiste, ce fléau étant considéré par la plupart des pays de l’OCDE comme leur première priorité dans la lutte pour l’égalité des genres.
Pour avancer dans cette direction, il faut faire évoluer les mentalités, et c’est cet objectif que devraient viser les stratégies des pouvoirs publics. Adopter une approche intégrée de l’égalité des genres est en effet la voie à suivre pour réaliser des progrès durables : les pays doivent intensifier leurs efforts pour intégrer les questions relatives à l’égalité des genres dans le processus d’élaboration des politiques, reconnaître les incidences réciproques et renforcer les liens entre l’égalité des genres et tous les domaines d’action, y compris les plus récents. Cette démarche nécessite d’examiner l’égalité des genres à travers une grande diversité de parties prenantes et de facteurs socioéconomiques, géographiques, institutionnels, stratégiques et sectoriels. Pour ce faire, les pays devraient chercher à améliorer la représentation des femmes dans le processus d’élaboration des politiques dans tous les secteurs et domaines de l’action publique, à recueillir des données ventilées par genre, à utiliser systématiquement des outils de gouvernance pertinents et à disposer des capacités administratives nécessaires.
L’OCDE a ouvert la voie vers l’adoption d'une approche intégrée de l’égalité des genres. Cette volonté s’est traduite par un niveau élevé de coopération en interne sur les travaux relatifs aux problématiques de genre à l’échelle de l’ensemble de l’Organisation, lesquels ont été solidement étayés par les délégués auprès des comités et groupes de travail représentant divers ministères dans tous les pays de l’Organisation. S’appuyant sur cette richesse d’informations, les personnes qui ont collaboré à la publication ont activement conjugué leurs efforts pour promouvoir l’égalité des genres. Cette collaboration a donné lieu à des recommandations pratiques destinées aux pays afin qu’ils adoptent des approches intersectionnelles et intégrées de la problématique de genre dans la conception et la mise en œuvre des politiques.