Aux cours des dernières décennies, le Chili a réalisé des progrès considérables en termes de prospérité économique et de réduction de la pauvreté. Le PIB par habitant a plus que doublé ces vingt dernières années pour devenir l'un des plus élevés d'Amérique latine. Le Chili peut compter sur des institutions et un cadre macroéconomique solides, mène une politique budgétaire prudente fondée sur des règles et dispose d’un système de ciblage de l’inflation performant qui s'appuie sur une banque centrale indépendante, autant d'atouts reconnus pour favoriser la résilience et l’investissement. Le secteur financier se porte bien et les gouvernements successifs ont cherché à élargir la base productive de l'économie et à encourager l'entrepreneuriat et l'innovation par le biais d'investissements dans l'éducation et de la réduction des obstacles à l'entrée sur les marchés de produits.
L'économie chilienne est aujourd’hui à l’arrêt. Depuis octobre 2019, le pays a fait face à deux chocs sans précédent, les mouvements sociaux puis la crise du COVID-19. La convergence des revenus avait déjà commencé à ralentir auparavant (graphique 1.1, partie A) sur fond de croissance modérée de la productivité. Si la croissance économique a permis à de nombreux Chiliens de sortir de la pauvreté au cours des trois dernières décennies, les inégalités de revenu demeurent élevées par rapport à la moyenne de l’OCDE (graphique 1.1, partie B). Les résultats en matière de bien-être sont également inégaux, le Chili occupant un rang relativement bas dans plusieurs composantes de l’indicateur du vivre mieux de l’OCDE telles que la sécurité, l'éducation, la qualité environnementale et l'état de santé (graphique 1.1, partie C). En octobre 2019, l’augmentation du prix du ticket de métro à Santiago du Chili a entraîné des manifestations, reflétant un malaise social croissant lié aux inégalités de distribution des revenus et de bien-être, alors que de nombreux Chiliens connaissent des fins de mois difficiles et peinent à améliorer leurs conditions de vie. Les mouvements de protestation et les violences qui se sont ensuivis ont porté un premier coup aux perspectives de croissance, qui ont ensuite subi l’impact de la crise du COVID-19, laquelle aura de lourdes conséquences économiques et sociales, exacerbant les difficultés que rencontre déjà le pays.
Sous l’effet de la pandémie, le Chili devrait connaître en 2020 une contraction économique sans précédent depuis la crise monétaire de 1982. Si la pandémie parvient à être endiguée, l'économie devrait commencer à repartir au second semestre de 2020. Si une seconde vague de COVID-19 se produit, même moins sévère que la première, la contraction se poursuivra au quatrième trimestre 2020. Au-delà de son impact direct sur la santé humaine, la pandémie pourrait avoir des conséquences durables sur l'économie. Le ralentissement général de la demande extérieure et les perturbations des chaînes de valeur mondiales et régionales entraîneront une forte baisse des exportations et des cours du cuivre. Les mesures de confinement affecteront fortement l'activité et l’emploi dans le tourisme, la distribution, le commerce de gros, l’industrie manufacturière et les transports. La baisse prolongée des cours du cuivre pénalisera le solde budgétaire et les comptes extérieurs. En outre, la volatilité financière mondiale, la dégradation des conditions financières et l'ampleur des sorties de capitaux ont entraîné une dépréciation du peso chilien.