Études économiques de l’OCDE : Islande 2021 (version abrégée)

Résumé

Après avoir chuté fortement, l’économie de l’Islande se redresse

L’activité économique, qui a connu une contraction sévère, est en train de sortir de la crise provoquée par la pandémie de COVID-19, portée par la croissance robuste des exportations.

La situation sanitaire est maîtrisée, et les nouvelles contaminations sont rares. Toutes les restrictions imposées au niveau national ont été levées à la fin juin. La vaccination progresse rapidement.

Le gouvernement a prolongé la plupart des mesures de soutien jusqu’à la fin de 2021. Il a également mis en place un programme sur cinq ans d’investissement dans les infrastructures, la transformation numérique, la recherche et l’innovation, qui représentera l’équivalent de 0.5 % du PIB chaque année.

Après s’est contractée de 6.6 % en 2020, l’activité économique devrait enregistrer une croissance de 2.8 % en 2021 et de 4.5 % en 2022 (Graphique 1 et Tableau 1), grâce au redressement du tourisme, à l’avancée de la campagne de vaccination et à la levée des restrictions. Sur fond d’accélération de la croissance, le chômage fléchira pour s’établir aux alentours de 7 % en 2022.

Graphique 1. L’activité économique a lourdement chuté

Recul du PIB en 2020

Source : OCDE, base de données des comptes nationaux.

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Les exportations autres que le tourisme sont orientées à la hausse Ainsi, les services de propriété intellectuelle représentent désormais quelque 15 % des exportations de services. Les activités de traitement et de stockage de données augmentent rapidement, attirées par la faiblesse des prix de l’énergie et par le climat frais et venteux.

Le tourisme local n’a permis que partiellement de remplacer les voyageurs étrangers. En 2020, en raison des restrictions de voyage liées à la pandémie, les arrivées internationales n’ont atteint qu’un quart environ du nombre enregistré l’année précédente (Graphique 2). Cette forte diminution n’a été compensée que de manière limitée par le nombre d’Islandais voyageant dans leur propre pays.

Graphique 2. Les restrictions aux frontières ont durement touché le secteur du tourisme

Note : Passagers franchissant les contrôles de sécurité à l’aéroport de Keflavík.

Source : Office statistique d'Islande.

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Tableau 1. L’économie devrait accélérer

	2019	2020	2021	2022
			Prévisions
	Variation en pourcentage, volume (prix de 2005)
PIB aux prix du marché	2.6	- 6.6	2.8	4.7
Consommation privée	1.9	- 3.3	2.1	4.9
Formation brute de capital fixe	- 3.7	- 6.8	8.0	3.4
Exportations	- 4.6	- 30.5	6.5	12.0
Importations	- 9.3	- 22.0	8.2	8.2
Indice des prix à la consommation	3.0	2.8	4.1	2.5
Taux de chômage	3.9	6.4	8.0	7.6
Solde budgétaire (% du PIB)	- 1.5	- 7.3	- 10.3	- 7.1
Balance des opérations courantes (% du PIB)	6.4	1.0	-1.0	0.0

Source : OCDE, Perspectives économiques de l’OCDE, n° 109.

Les politiques monétaire et budgétaire sont accommodantes

Malgré la hausse récente du taux d’intérêt, la politique monétaire reste accommodante, et la politique budgétaire continue de soutenir les ménages et les entreprises.

La politique monétaire a été assouplie en réaction à la crise et reste accommodante, ce qui est justifié. Entre mars et novembre 2020, la banque centrale a réduit de 2 points son taux d’intérêt de référence, qui a été ramené à 0.75 %. L’inflation et les anticipations d’inflation à court terme ayant dépassé leur objectif, ce taux a ensuite été relevé et porté à 1 % en mai.

L’assouplissement des conditions monétaires a été plus bénéfique aux ménages qu’aux entreprises. Les crédits hypothécaires ont augmenté en 2020, et l’activité sur le marché immobilier comme les prix des logements sont orientés à la hausse. En revanche, les prêts aux entreprises stagnent, malgré les mesures prises pour faciliter l’accès au crédit, les contraintes de liquidités étant particulièrement préoccupantes dans le secteur du tourisme.

La politique budgétaire soutient l’économie. Le déficit budgétaire s’est creusé pour atteindre 7.3 % du PIB en 2020. Le Parlement a suspendu la règle budgétaire et les deux plans budgétaires quinquennaux continus approuvés respectivement fin 2020 et au printemps 2021 visent à soutenir l’économie à court terme et à obtenir un solde primaire positif d’ici à 2025, lorsque la dette publique brute, au sens des comptes nationaux, devrait se stabiliser à 100 % du PIB.

Des réformes fiscales favorables aux ménages à faible revenu et à l’environnement sont en cours. La troisième et dernière phase d’une réforme de l’impôt sur le revenu a abouti à une réduction des taux d’imposition pouvant aller jusqu’à 8 points de pourcentage. Par ailleurs, les modes de transport écologiques bénéficient d’exonérations temporaires de TVA.

La réglementation devrait être assouplie et les compétences améliorées

La réglementation impose de sérieux obstacles qui freinent l’innovation et l’entrée de nouvelles entreprises. Parallèlement, il est nécessaire de résoudre le problème des déficits de compétences.

La productivité augmente depuis peu, mais elle a été globalement faible pendant la dernière décennie. Les gains de compétitivité cumulés peu après la crise de 2008/09 ont été effacés à la fin des années 2010.

La rigueur de la réglementation freine la concurrence. Le secteur des entreprises publiques est de taille modeste et bien géré, mais les entreprises nationales et étrangères se heurtent à des obstacles à l’entrée élevés (Graphique 3) qui entravent la concurrence. Les lourdeurs administratives et un système complexe d’autorisations et de permis protègent les entreprises en place et ralentissent l’entrée en jeu de nouvelles start-ups innovantes.

Graphique 3. Les obstacles à l’entrée sont élevés

Écart de RMP avec la moyenne de l’OCDE, 2018

Note : Des valeurs positives indiquent une réglementation plus restrictive que la moyenne de l’OCDE, des valeurs négatives une réglementation moins restrictive.

Source : OCDE, base de données sur la réglementation des marchés de produits

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L’Islande jouit d’un potentiel d’innovation inexploité (Graphique 4). Un soutien plus efficace à la recherche-développement dans les entreprises permettrait de débloquer des investissements privés et d’améliorer la capacité des petites entreprises à innover. Encourager les entreprises à adopter les technologies numériques aiderait aussi l’Islande à tirer le meilleur parti des niches d’innovation, et permettrait d’engranger des gains de productivité. Le secteur public pourrait lui aussi accélérer sa transformation numérique, avec des retombées positives sur la société. La maîtrise des compétences nécessaires à l’ère du numérique et de solides échanges de connaissances, fruit du renforcement de la collaboration entre les entreprises et les établissements de recherche en matière d’innovation et de coopération internationale, sont indispensables à une plus grande vigueur de l’innovation.

Graphique 4. L’innovation manque de dynamisme

Performances en matière d'innovation en comparaison internationale

Note : Plus les valeurs sont élevées, plus les performances sont bonnes. Voir informations plus détaillées dans le chapitre 2.

Source : Banque mondiale, Indicateurs du développement dans le monde ; OCDE, Principaux indicateurs de la science et de la technologie ; OCDE, Technologies de l’information et des communications ; OCDE, Regards sur l’éducation (base de données) ; et Indice mondial de l’innovation 2020.

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La qualité de l’enseignement primaire et secondaire est en recul, même si l’équité du système est remarquable. Les scores PISA sont orientés à la baisse (Graphique 5), car les qualifications des enseignants ne progressent pas au même rythme que les exigences, et leur rémunération récompense peu l’expérience et l’excellence.

Graphique 5. Les scores PISA se sont dégradés

Source : OCDE, base de données PISA 2018.

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L’enseignement supérieur génère des déséquilibres entre l’offre et la demande de compétences. Il n’y a que peu de liens entre les universités et le marché du travail. Du fait des modes de financement, les universités ont davantage intérêt à mettre l’accent sur les inscriptions que sur les résultats. Cela étant, on observe que la collaboration entre les établissements de recherche et les entreprises s’améliore.

L’enseignement et la formation professionnels sont insuffisamment développés. La participation y est inférieure à ce qu’elle est dans n’importe quel autre pays européen et se limite aux professions techniques et artisanales traditionnelles. L’intégration entre l’enseignement en milieu scolaire et la formation en milieu professionnel est peu développée, et les passerelles vers l’enseignement supérieur sont rares.

Lutte contre le changement climatique

L’Islande s’est engagée à réduire considérablement ses émissions de carbone au cours de la prochaine décennie. Elle devrait s’y employer par des moyens durables, économiquement rationnels et propices à l’inclusivité.

En Islande, les émissions de carbone par habitant sont supérieures à la moyenne de l’OCDE, en partie parce que la production de l’énergie utilisée par l’industrie est bon marché (

Graphique 6). Les autorités se sont engagées à réduire leurs émissions d’au moins 40 % par rapport à leur niveau de 2005 d’ici à 2030.

La politique climatique de l’Islande devrait être fondée sur une tarification effective du carbone, complétée par des investissements dans des infrastructures bas carbone, des dépenses ciblées sur la recherche-développement verte et une réglementation environnementale judicieuse. Pour faciliter la transition, le pays devrait supprimer les obstacles à l’entrée d’entreprises nouvelles et innovantes et favoriser la création d’emplois et de compétences écologiques.

Pour recueillir le soutien des décideurs politiques et faire en sorte que la transition bas carbone bénéficie à tous les citoyens, les produits de la tarification du carbone pourraient être redistribués, au moins en partie, aux ménages et aux entreprises.

Graphique 6. Les émissions de carbone sont supérieures à la moyenne de l’OCDE

Total des émissions de gaz à effet de serre par habitant

Source : Indicateurs de croissance verte de l’OCDE.

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PRINCIPALES CONCLUSIONS	PRINCIPALES RECOMMANDATIONS
Politiques de soutien à la reprise
L’inflation et les anticipations d’inflation à court terme sont supérieures à l’objectif.	Conserver une politique monétaire accommodante, mais se tenir prêt à un resserrement en cas de risque d’ancrage des anticipations d’inflation à long terme.
La fusion de la Banque centrale d’Islande avec l’Autorité de surveillance financière devrait permettre de renforcer la surveillance globale du système financier.	Continuer à faire preuve de vigilance pour préserver un système financier solide et résilient.
La politique budgétaire soutient l’activité économique.	Continuer de soutenir l’économie et engager le processus d’assainissement budgétaire comme prévu lorsque la reprise sera fermement établie.
Les obstacles à l’entrée d’entreprises nouvelles sont élevés.	Réduire les obstacles à une concurrence saine dans les secteurs du tourisme et de la construction. Assouplir l’accès aux professions strictement réglementées.
Le déséquilibre entre l’offre et la demande de compétence est important. Les pénuries de main-d’œuvre se sont intensifiées dans certains secteurs, ralentissant la réallocation des ressources.	Poursuivre et étendre les programmes de formation aux professions pour lesquelles l’offre est insuffisante. Renforcer l’enseignement et la formation professionnels (EFP) en développant l’apprentissage en milieu professionnel et en facilitant l’accès à l’enseignement supérieur aux diplômés de l’EFP. Resserrer les liens entre l’enseignement supérieur et le marché du travail, en liant une partie du financement des universités aux besoins du marché du travail.
Promouvoir l’innovation
L’intensité de recherche-développement (R-D) des entreprises n’est pas en phase avec la hausse rapide des mesures fiscales en faveur de la R-D de ces dernières années, et les petites entreprises, qui en sont les principales bénéficiaires, n’obtiennent que des résultats relativement faibles en matière d’innovation.	Faire en sorte que les incitations fiscales à la R-D soient mieux ciblées sur les petites entreprises innovantes.
Le capital-risque, qui constitue une source importante de financement pour les jeunes entreprises innovantes ne disposant pas de garanties, n’est pas suffisamment développé.	Veiller à ce que le nouveau fonds public de capital-risque investisse dans des fonds de capital-risque privés ayant un fort potentiel à financer des start-ups et des entreprises axées sur l’innovation.
L’enseignement supérieur ne permet pas d’acquérir des compétences suffisamment larges.	Développer l’offre de programmes de formation professionnelle au niveau supérieur et de programmes de formation à l’entrepreneuriat.
La collaboration entre les établissements de recherche et le secteur des entreprises est peu développée, ce qui limite les transferts de connaissances.	Mettre en place des initiatives publiques judicieusement conçues pour encourager la collaboration entreprises-instituts de recherche en faveur de l’innovation, notamment des programmes spécifiques permettant de mettre en relation les petites entreprises avec les chercheurs.
Lutte contre le changement climatique
Les priorités et échéances des politiques climatiques sont mal définies, et les mesures concernées sont essentiellement de nature technique.	Élaborer un cadre de politique climatique cohérent afin de définir la portée, les priorités et le calendrier de l’action à engager.
Dans les secteurs de la géothermie, de la gestion des déchets et de l’agriculture, la tarification du carbone est inexistante.	Introduire une tarification du carbone dans tous les secteurs, en tenant compte des interactions entre les taxes carbone et les systèmes d’échange de quotas d’émission.
Il est possible d’investir davantage dans des infrastructures bas carbone.	Augmenter les dépenses consacrées à des infrastructures de transport bas carbone, à la transition énergétique et à la transformation numérique.