La vigueur de l'activité économique avant la pandémie avait permis une convergence rapide vers les niveaux de revenu moyen de l’OCDE. Le climat des affaires, propice à l’investissement, a permis d'attirer l'investissement direct étranger et favorisé l’intégration dans les chaînes de valeur mondiales.
Études économiques de l’OCDE : Lituanie 2020 (version abrégée)
Résumé
La crise liée au COVID-19 est venue frapper une économie prospère
La reprise s'annonce incertaine. La récession provoquée par la pandémie de COVID-19 a été modérée, et l’économie est en train de redémarrer. Le gouvernement a rapidement adopté un programme d'aide aux ménages et aux entreprises équivalant à quasiment 10 % du PIB, et prévoit de nouveaux investissements pour étayer la croissance à long terme. L'activité économique devrait se contracter de 2.7 % en 2020 avant de rebondir pour afficher une croissance de 4.7 % en 2021, et le chômage augmentera, s’établissant à environ 8½ pour cent, mais des perturbations prolongées des échanges mondiaux assombriraient les perspectives.
La pauvreté est élevée, en particulier chez les chômeurs, les personnes ayant un faible niveau d’éducation, les familles monoparentales et les personnes âgées. Le système de prélèvements et de transferts est peu redistributif, et son ampleur est inférieure à la moyenne de l’OCDE. Les pouvoirs publics devraient accroître l’aide sociale tout en préservant les incitations au travail.
Les disparités régionales se creusent. Dans les régions périphériques, l’investissement est faible et la mobilité de la main-d'œuvre vers des zones économiquement fortes est insuffisante. Les écarts de productivité entre les régions du centre et de la périphérie s’accentuent. Les autorités devraient continuer d’investir dans les zones rurales tout en facilitant les migrations à destination des zones plus prospères.
Tableau 1. L’économie va ralentir, selon les prévisions
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2019 |
2020 |
2021 |
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Variation en pourcentage, volume (prix de 2013) |
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PIB au prix du marché |
3.9 |
-2.7 |
4.7 |
Consommation privée |
3.2 |
-2.1 |
4.8 |
Formation brute de capital fixe |
7.4 |
-7.2 |
4.6 |
Exportations |
9.6 |
-7.8 |
5.1 |
Importations |
6.0 |
-7.6 |
5.3 |
Indice des prix à la consommation |
2.2 |
1.2 |
1.9 |
Taux de chômage |
6.3 |
8.4 |
7.6 |
Solde financier des administrations publiques (% du PIB) |
0.3 |
-8.5 |
-2.7 |
Balance courante (% du PIB) |
4.3 |
4.5 |
3.9 |
Source : OCDE, base de données des Perspectives économiques de l’OCDE et mises à jour.
La croissance devrait être plus verte. Les émissions de CO2, déjà inférieures à la moyenne de l’OCDE, sont en baisse, mais la mortalité due à l’exposition aux particules fines est la plus forte de toute l’OCDE. Le transport et l’énergie constituent les principales sources d’émissions. La fiscalité environnementale est modérée. Le gouvernement en mis en place un programme destiné à cofinancer les investissements climatiques privés et souhaite parvenir à la neutralité carbone d’ici à 2050. Les autorités souhaiteraient par ailleurs mettre en place sur une taxe sur le carbone.
Les politiques budgétaire et financière sont saines
Grace à la politique budgétaire saine menée depuis plusieurs années, les autorités disposent de marges de manœuvre pour soutenir l’économie dans la crise actuelle.
La politique budgétaire est expansionniste. La loi budgétaire constitutionnelle de 2015 prévoit une surveillance étroite. En 2019, le budget était légèrement excédentaire. Pour aider les ménages et les entreprises à faire face à la crise liée au COVID-19, le gouvernement prévoit de nouvelles mesures fiscales et de nouvelles dépenses représentant l’équivalent de 10 % du PIB. De ce fait, le solde devrait devenir modérément négatif en 2020. Une fois la situation des finances publiques rétablie, le gouvernement devrait simplifier le cadre budgétaire et fixer un objectif d’endettement à long terme.
La crise provoquée par la pandémie de COVID-19 a des répercussions sur le crédit. Environ 40 % du secteur des entreprises a été touché par les mesures de confinement, ce qui a aggravé les difficultés de financement, en particulier pour les petites entreprises. Dans le secteur bancaire, les créances douteuses et litigieuses ont sensiblement diminué, et le recours fréquent à la réglementation macroprudentielle a permis de renforcer la stabilité financière. Les pouvoirs publics ont assoupli les conditions financières après la crise du COVID-19, et devraient continuer sur cette voie.
Une réforme des entreprises publiques pourrait stimuler la reprise
Les salaires ont progressé plus rapidement que la productivité ces dernières années, réduisant la compétitivité mais bénéficiant aux revenus les plus modestes. Réforme les entreprises publiques pourrait contribuer à relever la productivité.
La taille des entreprises publiques est trop importante. L’envergure des entreprises publiques est l’une des plus grandes de l’OCDE. La gouvernance s’est améliorée au cours des deux dernières années, à la suite de l'adoption, en 2018, du « Plan de réorganisation et d'optimisation des entreprises publiques », mais reste faible par rapport aux normes de l’OCDE. Seules la moitié des entreprises publiques atteignent leurs objectifs. Une stratégie plus claire définissant les motifs de l’actionnariat public s’impose, et les entreprises appartenant à l’État devraient être soumises aux mêmes réglementations et contraintes de marché que les entreprises privées.
Les entreprises appartenant à des collectivités locales posent des problèmes spécifiques. On dénombre quelque 250 entreprises municipales qui opèrent dans une quarantaine de secteurs allant de la fourniture d’énergie au traitement des déchets en passant par les transports publics locaux, et la portée de leurs activités est pratiquement illimitée. Les entreprises publiques locales sont souvent en concurrence avec des opérateurs privés, et leurs activités commerciales bénéficient souvent de recettes provenant d'activités qui reçoivent un soutien public, d’où un effet de distorsion sur la concurrence. Les pouvoirs publics devraient renforcer le cadre réglementaire applicable aux entreprises municipales en établissant des règles du jeu équitables entre les prestataires publics et privés.
L’éducation devrait favoriser l’acquisition de compétences solides et appropriées
L'acquisition de compétences solides et appropriées pourrait aider à accélérer la reprise et à réduire les inégalités entre les régions et les catégories de revenu. Les infrastructures éducatives devraient être mieux adaptées à la demande de compétences plus élevées et à la réduction du nombre d'étudiants.
Les performances de l’enseignement primaire et du premier cycle de l’enseignement secondaire sont médiocres. Les dépenses d’infrastructure sont excessives, signe d’investissements importants dans des établissements de taille beaucoup trop modeste. Les performances des établissements scolaires ne font pas l’objet d'une évaluation systématique. Les réformes récentes ont été relativement timides, consistant principalement en un relèvement du salaire des enseignants. Les pouvoirs publics devraient fusionner les établissements de petite taille et favoriser les contrôles de la qualité.
L’enseignement professionnel ne permet pas d'acquérir des qualifications répondant aux besoins. Souvent, les établissements n’ont ni l’échelle ni le degré de spécialisation nécessaires. L’apprentissage en milieu professionnel, mis en place en 2016, n’attire encore que peu d’étudiants. La réforme devrait permettre d'améliorer l’enseignement et la formation professionnels, y compris l’apprentissage, de manière à renforcer ainsi les liens avec le marché du travail.
L’enseignement supérieur est fragmenté. Les tentatives récentes de fusion entre universités ont sinon échoué, du moins n’ont pas donné les résultats escomptés. Le mode de financement n’incite guère à améliorer la qualité de l’enseignement. Les autorités devraient encourager les universités à se spécialiser dans des domaines moins nombreux. Un système plus rigoureux d’évaluation de la qualité et une réforme du mode de financement pourraient aussi contribuer à améliorer la qualité.
Les réformes destinées à améliorer l’intégrité du secteur public devraient porter leurs fruits. Les indicateurs de maîtrise et de perception du risque de corruption révèlent des performances inférieures à la moyenne de l’OCDE. Parmi les secteurs entachés de corruption, on peut citer la santé et les marchés publics. En 2019, l’économie parallèle a diminué, après avoir augmenté pendant quatre années consécutives. Les mesures récemment prises pour prévenir la corruption transnationale sont impressionnantes. L’intégrité du secteur public devra demeurer le maître-mot des mesures prises par le gouvernement pour mettre en œuvre le programme 2015-2025 de lutte contre la corruption.
PRINCIPALES CONCLUSIONS |
PRINCIPALES RECOMMANDATIONS |
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Mesures destinées à soutenir la reprise |
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La crise du COVID-19 affecte l'activité économique et les revenus des ménages, aggravant les difficultés de financement du secteur privé. |
Poursuivre le soutien temporaire aux ménages et aux entreprises, tout en favorisant la réaffectation des ressources en direction des entreprises viables |
Politiques financière et budgétaire |
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La règle d'asymétrie budgétaire (règle du double régime), qui repose sur la production potentielle, entraîne de fréquentes révisions de la planification budgétaire. |
Simplifier le cadre budgétaire et définir un objectif d’endettement à long terme. |
L’investissement public est faible. |
Augmenter l’investissement public en l’assortissant d'analyses coûts-avantages rigoureuses. |
Politiques structurelles |
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La taille du secteur des entreprises publiques est importante, et sa gouvernance laisse à désirer en regard des normes de l’OCDE. |
Continuer de renforcer la gouvernance des entreprises publiques. Procéder à des privatisations si l’actionnariat public n’est pas justifié par des motifs impérieux. |
Politiques de croissance verte |
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L’empreinte carbone de l’économie est considérable, alors que la fiscalité environnementale est inférieure à la moyenne de l’OCDE. |
Mettre en place une taxe sur le carbone dans les secteurs non couverts par le système communautaire d’échange de quotas et faire bénéficier, au moins partiellement, les ménages et les entreprises des recettes ainsi collectées. |
Les subventions aux combustibles fossiles sont parmi les plus élevées de l’OCDE. |
Supprimer les subventions aux combustibles néfastes pour l’environnement. |
Réduire la pauvreté et les disparités sociales |
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Les dépenses sociales sont relativement modestes et le versements de prestations en espèces ainsi que la fourniture de services sociaux ne sont pas étroitement alignés sur les besoins des catégories vulnérables. |
Relever encore le niveau des prestations de revenu minimum tout en préservant les incitations au travail. Augmenter progressivement les pensions d'aide sociale, en renforçant les critères de ressources. Mieux adapter la fourniture de prestations et services sociaux aux besoins individuels. |
L’offre de soins de longue durée ne cible pas efficacement la population âgée. |
Passer à un modèle intégré de prestation de soins de longue durée, en mettant l’accent sur le maintien à domicile des personnes âgées. |
Tous les enfants n’ont pas accès à des structures d'éducation et d'accueil des jeunes enfants. |
Continuer d'élargir l’offre de structures d'éducation et d'accueil des jeunes enfants, en mettant l’accent sur ceux qui sont issus de milieux défavorisés et de zones rurales. |
Les politiques d’activation doivent permettre de renforcer l’intégration sur le marché du travail des personnes inactives et dont le taux de pauvreté est élevé. |
Augmenter les dépenses consacrées aux programmes actifs du marché du travail, suivre de près les résultats obtenus et mettre l’accent sur les programmes de formation. |
Promouvoir la croissance régionale |
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Les scores au PISA sont médiocres, particulièrement dans les petits établissements scolaires ruraux. |
Améliorer les résultats du système d’enseignement en réformant le réseau scolaire et en renforçant la supervision. |
L’enseignement et la formation professionnels sont peu développés, ce qui contribue à l’inadéquation des compétences, surtout en milieu rural. |
Promouvoir et améliorer l’enseignement et la formation professionnels, et renforcer l’apprentissage en milieu professionnel. |
Le marché du logement locatif est très peu développé, ce qui nuit à la mobilité. |
Réviser la législation sur les locations en précisant les droits des locataires et des propriétaires. |
L’action publique entre les municipalités est mal coordonnée, ce qui accroît les coûts et réduit la qualité des services publics. |
Mettre en place des fonctions régionales comme prévu et leur donner le pouvoir de coordonner l’investissement et les services publics entre les municipalités. |