Après une lente reprise consécutive à la pandémie, l’économie mexicaine s’est bien adaptée à un environnement économique mondial marqué par un durcissement des conditions financières et une incertitude accrue (Graphique 1.1, partie A). Les politiques macroéconomiques saines du Mexique, connu pour sa gestion budgétaire prudente, le succès de son dispositif de ciblage de l’inflation et son régime de change flexible ont garanti sa stabilité économique. L’inflation est inférieure à la moyenne de l’OCDE (Graphique 1.2). Elle diminue progressivement à la suite de la réaction énergique de la banque centrale, tandis que l’inflation sous-jacente s’avère plus persistante. La dette publique reste à un niveau prudent, grâce à la ferme détermination des autorités à atteindre les objectifs budgétaires.
Dans les temps à venir, le Mexique est bien placé pour tirer parti des évolutions de l’économie mondiale et de la reconfiguration actuelle des chaînes de valeur résultant de l’exacerbation des tensions géopolitiques et des perturbations des chaînes d’approvisionnement intervenues pendant la pandémie. Les délocalisations de proximité, réalisées par des entreprises qui s’efforcent de réduire leurs risques et leurs coûts d’approvisionnement en s’implantant plus près de leurs marchés de destination finale, offrent au Mexique des possibilités de nouer des liens supplémentaires dans les chaînes de valeur. Parmi les avantages du Mexique figurent notamment ses accords commerciaux de vaste portée, qui couvrent 50 pays représentant 55 % du PIB mondial, sa frontière de 3 000 kilomètres avec les États‑Unis, son grand marché intérieur, son accès à l’océan Atlantique comme à l’océan Pacifique, ainsi que sa stabilité macroéconomique, politique et sociale. L’intégration déjà étroite du Mexique dans certaines chaînes de valeur manufacturières et le nouvel accord de libre-échange entre les pays d’Amérique du Nord récemment entré en vigueur constituent d’autres atouts essentiels. De nombreux projets d’investissement liés à des délocalisations de proximité ont été annoncés, mais la détermination de leur impact sur les indicateurs macroéconomiques reste préliminaire. Le Mexique est devenu il y a peu la principale source d’importations aux États-Unis (Graphique 1.1, partie B). Les parcs industriels situés dans les États frontaliers sont quasiment à pleine capacité, les prix de location des entrepôts sont orientés à la hausse et la construction d’espaces industriels augmente aussi fortement (Newmark, 2023[1]). D'après les enquêtes auprès des entreprises, l’impact le plus fort devrait se faire sentir au cours des deux prochaines années. Pour exploiter pleinement le potentiel des délocalisations de proximité, il faudrait s’attaquer à des problèmes qui se posent de longue date, tels que la faiblesse de la productivité et l’ampleur des inégalités, qui ont empêché jusqu’ici le Mexique de devenir une économie à forte croissance (Graphique 1.3).