Les ajustements sur le marché du travail exigent des réformes. L’amélioration en cours du cadre régissant les faillites facilitera les restructurations d’entreprises. La Suède devrait capitaliser sur les atouts dont elle dispose dans les domaines du numérique et des politiques environnementales pour stimuler la productivité et promouvoir la croissance verte.
Le chômage était sur une pente ascendante même avant la pandémie. La Suède était confrontée à des problèmes d’inadéquation entre l’offre et la demande sur le marché du travail expliquant que des postes n’étaient pas pourvus malgré un chômage élevé parmi les travailleurs peu qualifiés et les immigrés. La pandémie a amplifié le problème, en particulier pour les travailleurs sous contrat temporaire et atypiques car beaucoup de travailleurs vulnérables occupent généralement des emplois exigeant des interactions directes. Le chômage a continué d’augmenter malgré la mise en place d'un dispositif de chômage partiel généreux.
Il est plus important que jamais d’investir dans les compétences. Face à la crise, le gouvernement a accordé des fonds supplémentaires pour accroître le nombre de place dans les structures éducatives. Les mesures prises ces dernières années pour améliorer les résultats scolaires commencent à porter leurs fruits. Néanmoins, l’enseignement et la formation professionnels sont toujours considérés comme moins attrayants par les futurs étudiants, et ils répondent moins bien aux besoins des employeurs en Suède que dans les pays de l’OCDE affichant les meilleures performances, d’où la nécessité d’un renforcement de la coordination entre les administrations, les établissements d’enseignement et les entreprises. Le renforcement de la coopération avec les partenaires sociaux faciliterait aussi la satisfaction des besoins en termes de recyclage et d’amélioration des compétences que la pandémie a amplifiés en raison de la transformation numérique et des mutations structurelles.
Les améliorations apportées au cadre régissant les faillites pourraient faciliter une restructuration sans heurts des entreprises. La transposition de la directive européenne relative aux cadres de restructuration préventifs, approuvé par le Conseil de l’UE en juin 2019, dans la législation suédoise devrait faciliter les restructurations à un stade précoce.
Des réformes du marché du travail de grande ampleur permettront d’accroître la flexibilité et la sécurité. Les partenaires sociaux sont tombés d’accord sur un ensemble de réformes visant à renforcer la flexibilité, l’adaptabilité et la sécurité ; le gouvernement prévoit de les mettre en œuvre d’ici au milieu de 2022. La réforme réduira l’écart entre travailleurs permanents et travailleurs temporaires dans la législation sur la protection de l'emploi, élargira les possibilités de reconversion et de formation et consolidera l’assurance chômage.
L’assouplissement de l’encadrement des loyers pour les logements neufs est inscrit au programme du gouvernement. Avec le temps, la réforme permettra d’accroître le stock de logements, d’abaisser les prix des logements et de faciliter la mobilité de la main-d'œuvre, notamment des ménages modestes.
La transformation numérique ouvre des perspectives de dynamisation de la productivité. La pandémie a précipité l’essor des activités en ligne pour lesquelles la Suède occupait déjà les avant-postes. Les pouvoirs publics intensifient l’investissement afin d’étendre aux zones rurales la couverture du haut débit. Cependant, la proportion des diplômés du supérieur dans les filières des TIC et de l’analyse des données est plutôt faible, ce qui contribue à freiner la diffusion de l’analyse de données massives et à limiter l’innovation numérique et l’innovation fondée sur les données dans les entreprises. Si les dépenses de R-D des entreprises suédoises figurent parmi les plus élevés de la zone OCDE, rapportées au PIB, les TIC n’en représentent qu’une part relativement faible. Des failles trop fréquentes dans la sécurité entament la confiance dans les outils, au risque d'en ralentir l’adoption.
La Suède est depuis longtemps à l’avant-garde de la lutte contre le changement climatique. Les émissions de carbone par habitant n’ont cessé de baisser depuis les années 70 et la Suède s’est fixé l’objectif ambitieux de zéro émissions nettes de carbone d’ici à 2045. Un conseil de politique climatique indépendant assure le suivi de l’adéquation des politiques aux objectifs climatiques.
Les résultats les plus faciles à atteindre en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre ayant été engrangés, les progrès seront désormais plus difficiles à obtenir. Les transports routiers, l’industrie et l’agriculture sont les principaux émetteurs de gaz à effet de serre. Le taux de la taxe carbone des secteurs qui rejettent le plus d’émissions de GES non couvertes par le système d’échange de quotas d’émission de l’UE est désormais aligné sur le taux général. Les pouvoirs publics appuient des projets ambitieux et risqués de décarbonisation de l’industrie, par exemple au moyen de garanties de prêts verts. Cependant, ils n’ont pas défini de feuille de route claire pour l’obtention, dans des conditions offrant un bon rapport coût-efficacité, d’une réduction des émissions de CO2 imputables au transport routier et d'une réduction des émissions imputables à l'agriculture.