La concurrence est bridée par de nombreux obstacles, notamment les marchés réservés aux entreprises publiques, les régimes d’autorisation pour l’accès au marché, et les barrières douanières et non-douanières qui pénalisent les importations, y compris celles de biens d'équipement.
La réforme des entreprises publiques devrait être une priorité majeure. Le rôle dominant de l’État dans de nombreux secteurs est censé favoriser la transformation de l’appareil productif, mais les inefficiences et les coûts élevés vont à l’encontre de ces efforts. Les entreprises publiques jouissent d'un fort pouvoir de marché et de conditions de financement favorables, mais leurs performances sont médiocres, ce qui oblige l’État à procéder à des injections de capitaux et à garantir leur dette, qui est en augmentation et occasionne un risque budgétaire. La création d'une agence des participations de l’État peut produire des résultats positifs, à condition que des lignes directrices claires soient établies sur la portée de l’intervention de la puissance publique dans l’économie. Il faudrait améliorer la gouvernance de ces entreprises et adopter des procédures concurrentielles, reposant sur les compétences, pour la désignation des membres de leurs conseils d'administration et de leurs instances dirigeantes.
Certains progrès ont été accomplis dans la levée des obstacles à la concurrence sur le marché intérieur mais des efforts supplémentaires sont nécessaires. Les régimes d’autorisation pour l’accès au marché et une fiscalité complexe découragent l’entrepreneuriat et l’investissement. Dans le secteur bancaire, la faiblesse de la concurrence et l'augmentation de la part des prêts au secteur public réduisent l’accès au financement des entreprises privées, en particulier des plus petites. La mise en œuvre du droit de la concurrence doit être renforcée. La réglementation des industries de réseau reste incomplète et des mesures plus ambitieuses de lutte contre la corruption s’imposent pour renforcer l’intégrité du secteur public.
La Tunisie a des atouts pour le commerce international qui sont partiellement exploités. En Tunisie, un régime spécial s’applique aux entreprises exportatrices. Ce secteur offshore est bien intégré dans les chaînes de valeur mondiales, avec des activités qui s’exercent dans des secteurs prometteurs, mais a peu de liens avec l’économie locale. Les autres entreprises (axées sur le marché local) sont moins efficientes. Réduire les droits de douane et les obstacles non tarifaires, en particulier sur les intrants et les biens d’équipement, permettrait de réduire les coûts de production, de faciliter l'adoption des technologies et d’augmenter la productivité et l’export.
Des nouveaux accords commerciaux exhaustifs peuvent ouvrir de nouvelles perspectives. L’accès préférentiel aux marchés est un atout potentiel pour les exportateurs, qui doit être complété par des avancées sur le plan des procédures douanières et de la qualité des produits. Une concurrence plus vive des importations pourrait aussi réduire le pouvoir de marché des entreprises en place, baisser les prix et bénéficier ainsi aux consommateurs, surtout les plus pauvres d’entre eux.
Les infrastructures se sont dégradées faute d'investissements suffisants, freinant l'intégration du marché intérieur et l’accès aux marchés internationaux. Les entreprises jugent les ports en mauvais état et le transport maritime peu fiable. Les infrastructures numériques sont relativement peu développées, notamment dans les régions de l’intérieur. Combler les lacunes en matière d'infrastructures nécessite des ressources financières considérables, qui pourraient être recherchées auprès d’investisseurs privés. Le transport aérien est crucial pour le développement du tourisme, et les restrictions actuelles limitant les activités des compagnies low-cost devraient être supprimées.