Les risques sont exceptionnellement élevés et orientés de manière prédominante à la baisse Le déficit des paiements courants devrait s’établir aux alentours de 5½ pour cent du PIB en 2022 et ses sources de financement, qui étaient relativement stables, sont devenues plus volatiles. De nouvelles tensions sur la livre pourraient transformer le mécanisme de garantie de taux de change relatif aux dépôts en élément de passif supplémentaire pour les administrations publiques, ce qui aurait des conséquences négatives sur l’inflation et la confiance.
Pour ramener l’inflation au niveau de son objectif, la banque centrale devrait relever son taux directeur. Il est crucial de renforcer la confiance dans l’indépendance de la banque centrale. La composition du Conseil de la banque centrale a été fréquemment modifiée. Les anticipations d’inflation sont restées bien supérieures à l’objectif, et depuis le début de 2021, la livre a perdu plus de la moitié de sa valeur par rapport au dollar.
Les rapports annuels sur la politique budgétaire de la Türkiye devraient systématiquement comporter des scénarios de risque et porter sur les engagements implicites. Une politique budgétaire prudente a été l’un des points d’ancrage de l’action publique au cours des deux dernières décennies en Türkiye, et la dette publique est relativement faible en proportion du PIB. Toutefois, les passifs éventuels sont en augmentation, notamment ceux liés aux partenariats public-privé (PPP), ce qui rend le pays plus vulnérable aux chocs. La charge qu’ils représentent pour le budget pourrait s’en trouver sensiblement alourdie, car ces projets de PPP bénéficient de garanties concernant les paiements libellés en devises. Le nouveau mécanisme de garantie des dépôts d’épargne en livres constitue également une source de passifs éventuels. Il faudrait améliorer l’efficience des dépenses publiques et élargir l’assiette des recettes. Le ratio recettes fiscales/PIB de la Türkiye est un des plus faibles de la zone OCDE.
Les autorités devraient continuer de s’attaquer aux effets redistributifs négatifs de la hausse des prix de l’énergie, tout en veillant à préserver la viabilité budgétaire. L’État aide les ménages modestes qui pâtissent de l’augmentation du coût de la vie. Ces aides sont justifiées, mais elles devraient être temporaires et ciblées sur les plus vulnérables, afin que leur coût budgétaire reste gérable. Elles devraient également être conçues de manière à ne pas fausser les signaux de prix. Les autorités devraient évaluer les avantages et les inconvénients des subventions aux prix actuellement en vigueur, et les remplacer progressivement par des transferts sociaux mieux ciblés sur les ménages vulnérables.