Comme le montrent les volumes et la composition des financements climatiques fournis et mobilisés présentés dans la section précédente, ainsi que les récentes analyses approfondies des tendances sous-jacentes (OCDE, 2022[3]), il est urgent que les bailleurs de fonds internationaux intensifient leurs efforts dans deux domaines essentiels : le financement de l'adaptation et la mobilisation des financements privés. Le financement de l'adaptation est essentiel pour renforcer la résilience, permettre aux pays en développement de faire face aux effets du changement climatique et de les atténuer, et les guider vers une croissance socio-économique durable. Ce financement peut aider les pays en développement à mettre en place des infrastructures et des pratiques résiliente au changement climatique, à intégrer les risques climatiques dans la planification économique et à élaborer des stratégies locales de réponse aux catastrophes. Dans le même temps, le secteur privé est amené à jouer un rôle croissant dans le financement de l'action climatique, mais il nécessite l'implication proactive des gouvernements et des institutions internationales pour soutenir, encourager et réduire les risques des projets individuels, ainsi que pour créer les conditions nécessaires à l'investissement dans les pays en développement d'une manière plus générale. L'augmentation du financement de l'adaptation et de la mobilisation du financement privé nécessite une réorientation majeure de la portée, de la composition et de l'utilisation stratégique du financement climatique international.
Les deux dernières analyses de l'OCDE dans ce domaine - « Accroître la mobilisation des financements privés pour l'action climatique dans les pays en développement » (OCDE, 2023[4]) et « Accroître le financement de l'adaptation dans les pays en développement » (OCDE, 2023[5]) - présentent une série d'actions et de recommandations à l'intention des bailleurs de fonds internationaux afin d'accroître les financements pour l'adaptation et de mobiliser plus efficacement les financements privés en faveur de l'action climatique. La combinaison des conclusions de ces deux rapports fait apparaître trois niveaux d'action pour les bailleurs de fonds internationaux, auxquels un changement systématique et concerté doit être opéré.
Les fournisseurs internationaux doivent adapter et faire évoluer les produits et mécanismes financiers qu'ils proposent afin d'améliorer la portée et l'efficacité du financement de la lutte contre le changement climatique. Les fournisseurs de financement climatique devraient s'inspirer des meilleures pratiques internationales pour accroître de manière significative l'utilisation d'instruments qui ont réussi à mobiliser des fonds privés, notamment les garanties et l'assurance contre les risques, les prêts syndiqués, les subventions ciblées, ainsi que d'autres outils de financement mixte et de réduction des risques. En outre, l'étude de l'utilisation de mécanismes innovants peut permettre de dégager des ressources supplémentaires pour l'action climatique et le financement dans les pays en développement, notamment pour l'adaptation. Les exemples comprennent : l'utilisation des droits de tirage spéciaux (DTS) pour contribuer à la mise en place de nouveaux mécanismes tels que le Fonds pour la Résilience et la Durabilité du FMI ou pour renforcer ou augmenter le capital des BMD ; l'affectation des recettes du marché international du carbone, par exemple au Fond pour l’Adaptation ; et la promotion d’échanges de dettes contre des mesures d'adaptation. Il est essentiel d'intégrer les considérations relatives à l'adaptation dans les cadres et instruments de financement durable, tels que les obligations liées à la durabilité, qui sont de plus en plus élaborés et mis en œuvre dans de nombreuses juridictions.
Le soutien au renforcement des capacités en termes d'élaboration de projets, de connaissances financières et d'efficacité opérationnelle renforce la capacité des pays en développement à accéder au financement climatique, à l'absorber et à l'utiliser efficacement. Les fournisseurs internationaux devraient étendre leurs initiatives de renforcement des capacités afin d'accroître le potentiel des pays en développement à attirer des investissements, en particulier dans le domaine de l'adaptation au climat. En renforçant les structures institutionnelles, en améliorant les compétences techniques et en favorisant la diffusion d'informations solides sur les risques climatiques, les bailleurs de fonds internationaux peuvent effectivement préparer le terrain pour des investissements substantiels. L'un des principaux domaines d'intervention devrait être le soutien à la création de réserves de projets adaptés et susceptibles d'être investis dans l'action climatique. Parallèlement, en mettant l'accent sur l'engagement du secteur privé, en particulier des micro, petites et moyennes entreprises (MPME), il est essentiel de veiller à ce que les entreprises aient accès à des informations pertinentes, notamment à des cadres financiers qui tiennent compte à la fois de l'atténuation des effets du climat et de la résilience. Ces efforts permettent non seulement de renforcer les institutions financières locales, mais aussi de promouvoir des modèles d'entreprise axés sur des biens et des services à faibles émissions de gaz à effet de serre adaptés au climat.
Les bailleurs de fonds internationaux devraient collaborer de manière plus cohérente et systématique, notamment par le biais de plateformes nationales et régionales et d'autres dispositions de long terme. Ces initiatives peuvent promouvoir à une action climatique durable grâce à un soutien financier et technique programmatique. Il est essentiel de combler les écarts entre les bailleurs de fonds et de créer des mécanismes et des cadres permettant au secteur privé, à la société civile et aux entités gouvernementales de collaborer plus efficacement. L'un des objectifs est de veiller à ce que le secteur privé et la société civile soient associés dès le départ à l'élaboration de plans d'action climatiques à long terme et de stratégies sectorielles qu'ils pourront ensuite contribuer à mettre en œuvre. Cette approche peut aider à lever les obstacles à l'investissement en amont afin de débloquer des financements commerciaux, tout en permettant une gestion plus efficace des impacts socio-économiques plus larges de la transition climatique.
Sur la base de ces messages communs, les sections ci-dessous fournissent une sélection de recommandations plus détaillées afin d’augmenter le financement privé mobilisé pour le climat et le financement de l'adaptation.