Les boissons alcoolisées, et leur consommation nocive, sont depuis toujours un trait commun des sociétés humaines. L’alcool est l’une des premières causes de morbidité et de mortalité prématurée dans le monde. Il est en effet à l’origine d’un décès sur 17, et d’une proportion importante de handicaps, surtout chez les hommes. Dans les pays de l’OCDE, la consommation d’alcool est près de deux fois supérieure à la moyenne mondiale. Son coût social est estimé à plus de 1 % du PIB dans les pays à revenu élevé et intermédiaire. Quand elle n’est pas liée à une dépendance, la consommation d’alcool est un choix individuel, déterminé par des normes sociales et associé de fortes connotations culturelles. Cela se traduit par des schémas uniques de disparités sociales face à la consommation d’alcool, les plus aisés étant dans certains cas plus enclins à boire dangereusement, et par une polarisation des problèmes de consommation excessive aux deux extrémités du spectre social. Certaines habitudes de consommation d’alcool ont un impact social, ce qui justifie amplement sur le plan économique le fait que les pouvoirs publics cherchent à influencer les comportements en prenant des mesures axées sur la réduction des préjudices, y compris ceux subis par les personnes autres que les consommateurs. Certaines stratégies sont plus efficaces et judicieuses que d’autres, selon qu’elles parviennent à faire évoluer les normes sociales et à cibler les groupes les plus vulnérables. La présente publication examine dans le détail les tendances et les disparités sociales liées à la consommation d’alcool. Elle présente en outre une vaste analyse des effets sanitaires, sociaux et économiques des principales politiques de lutte contre les méfaits de l’alcool dans trois pays de l’OCDE (Allemagne, Canada et République tchèque), et dégage des messages pertinents pour l’action des pouvoirs publics dans un plus grand nombre de pays.