Le programme de recherche et d’innovation du Royaume-Uni intitulé « What Works to Prevent Violence Against Women and Girls » a été la première étude multinationale à mener des évaluations rigoureuses. Il a produit des données probantes considérées comme un bien public mondial, montrant que la prévention est efficace. La réflexion sur l’adoption de la recherche dès le début et l’investissement dans les partenariats et le renforcement des capacités sont deux enseignements essentiels.
Il est possible de prévenir la violence à l’égard des femmes : le programme mondial « What Works » favorise l’apprentissage
Abstract
Difficulté
S’attaquer à un défi mondial tel que la violence à l’égard des femmes et des filles et assurer l’efficacité des interventions de coopération pour le développement nécessite de comprendre quelles approches sont efficaces et dans quelles conditions. Dans le passé, la plupart des programmes visaient à apporter une réponse aux survivantes plutôt qu’à prévenir la violence. La prévention de la violence à l’égard des femmes et des filles était peu comprise et le domaine dans son ensemble manquait de données et de preuves rigoureuses pour orienter des politiques et des programmes de prévention efficaces.
Approche
En 2014, le ministère britannique du Développement international (DFID) a lancé le programme de recherche et d’innovation de 25 millions GBP intitulé « What Works to Prevent Violence Against Women and Girls ». Ce programme avait pour objectif de mettre en place une compréhension commune des causes profondes de la violence à l’égard des femmes et des filles dans les pays à revenu faible et intermédiaire, et des moyens de prévention efficaces. Ses principales caractéristiques sont les suivantes :
Combiner recherche, innovation et évaluation dans différents contextes. Le programme a financé la conception, la mise en œuvre et l’évaluation rigoureuse de 15 interventions novatrices de prévention dans 12 pays d’Afrique et d’Asie, susceptibles d’être transposées à grande échelle. Il a également mené des recherches sur les causes et la prévalence de la violence à l’égard des femmes et des filles, notamment la violence dans les situations de conflit et d’urgence humanitaire et celle liée au handicap. Enfin, il a évalué les coûts économiques et sociaux de la violence à l’égard des femmes et des filles et le rapport coût-efficacité de la prévention de la violence.
Des experts internationaux de premier plan. Dirigé par un consortium placé sous la direction du Conseil sud-africain de la recherche médicale (SAMRC), du Comité international de secours (IRC) et de l’Université nationale d’Irlande (NUI) à Galway, le programme a engagé des experts pour produire des données rigoureuses sur les interventions les plus efficaces susceptibles de faire baisser les taux de violence à l’égard des femmes et des filles.
Des données considérées comme un bien public mondial. Les données ont été largement diffusées et sont considérées comme un bien public mondial, aidant les partenaires, les gouvernements des pays en développement et les partenaires internationaux à améliorer l’efficacité de leurs efforts visant à prévenir la violence à l’égard des femmes et des filles.
Résultats
La dernière évaluation indépendante des performances du programme a décrit « What Works » comme un programme qui va « changer la donne » et conclut qu’il a influencé les politiques, les pratiques et les investissements, et a éclairé la structure des programmes à venir. Le programme « What Works » a :
Mis en place des approches novatrices dans le monde entier qui ont permis de réduire la violence à l’égard des femmes et des filles d’environ 50 %. Plus de la moitié des programmes pilotes rigoureusement évalués ont montré une réduction significative de la violence, ce qui démontre qu’il est possible de prévenir la violence à l’égard des femmes et des filles. La plupart ont obtenu de multiples effets secondaires sur des résultats tels que la sécurité alimentaire, les revenus et l’épargne, la santé mentale, la consommation d’alcool et l’égalité hommes-femmes. Les données recueillies dans le cadre du programme ont façonné la conception des programmes bilatéraux du DFID au Malawi et au Zimbabwe, et ont également influencé le Plan stratégique national de l’Afrique du Sud sur la violence à l’égard des femmes et des filles.
Généré un volume considérable de recherches. Ces recherches ont permis d’améliorer sensiblement la compréhension à l’échelle mondiale de la prévalence, des facteurs de risque et des moteurs de la violence, de ce qui fonctionne pour la prévenir et de ce qui rend les interventions efficaces, en particulier dans les contextes de crise. Le programme a également stimulé l’innovation et défini de nouvelles normes et mesures mondiales, notamment la production de données en vue d’aider à établir des normes pour la prévention de la violence à l’égard des femmes et des filles qui tiennentt compte de la question du handicap.
Renforcé les capacités des experts. « What Works » a créé une communauté de chercheurs et de praticiens dotés des compétences nécessaires pour concevoir et évaluer des interventions de prévention de la violence à l’égard des femmes et des filles, recueillir et analyser des données et communiquer les résultats à des publics clés.
Enseignement dégagé
En 2021, le Royaume-Uni lancera le nouveau programme intitulé « What Works to Prevent Violence: Impact at Scale », qui vise à généraliser de manière systématique les approches éprouvées et à produire des données concrètes pour améliorer la réponse mondiale à la prévention de la violence à l’égard des femmes et des filles. Des enseignements clés seront tirés de la première phase, notamment :
Il convient d’intégrer l’adoption et l’utilisation des données probantes dans les programmes de recherche dès le départ plutôt qu’une fois la recherche terminée. L’utilisation de l’analyse de l’économie politique et des connaissances locales, y compris les partenariats avec les instituts de recherche des pays partenaires et les organisations locales de défense des droits des femmes, est importante pour optimiser l’application dans les contextes locaux.
Une affectation adéquate des ressources (personnel et fonds) et des calendriers réalistes pour le renforcement des capacités. Les programmes devraient investir dans l’identification des besoins et le développement des compétences des chercheurs locaux qui travaillent sur des études complexes telles que les essais contrôlés randomisés, et aider les partenaires d’exécution à comprendre les résultats des recherches au fur et à mesure qu’ils sont produits.
Tirer des enseignements de ce qui n’a pas fonctionné et de ce qui a fonctionné. Étant donné que cela peut s’avérer difficile, il est important d’aider les organisations à communiquer des résultats mitigés et à gérer les sensibilités concernant les interventions qui n’ont pas montré de preuves de réduction de la violence.
La mise en place de relations nécessite du temps, en particulier pour des partenariats équitables entre praticiens et chercheurs. Afin d’éviter toute tension initiale et d’assurer une relation mutuellement bénéfique, il convient de prévoir une phase de démarrage substantielle, ce qui permettra de disposer du temps nécessaire pour établir un partenariat entre les chercheurs et les praticiens.
Informations supplémentaires
FCDO (2020), What Works to Prevent Violence Against Women and Girls: Evaluation Management Response and Project Completion Review, https://devtracker.fcdo.gov.uk/projects/GB-1-203709/documents.
Plateforme de ressources du site web du programme « What Works » : https://www.whatworks.co.za.
ICAI (2016), DFID’s Efforts to Eliminate Violence Against Women and Girls - A Learning Review, https://icai.independent.gov.uk/ html-report/dfids-efforts-eliminate-violence-women-girls.
Ressources de l’OCDE
OCDE, Parité et développement, https://www.oecd.org/fr/developpement/pariteetdeveloppement.
OCDE (2020), OECD Development Co-operation Peer Reviews: United Kingdom 2020, Examens de l’OCDE sur la coopération pour le développement, OECD Publishing, Paris, https://doi.org/10.1787/43b42243-en.
Pour en savoir plus sur la coopération pour le développement du Royaume-Uni, voir :
OCDE (2021), « Royaume-Uni », dans Les profils de coopération au développement, OECD Publishing, Paris, https://doi.org/10.1787/b9a00122-fr.
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