Pour intégrer le principe de « ne laisser personne de côté » dans toutes ses activités de coopération, la Suisse a publié des orientations spécifiques, adapté sa gestion des résultats et mis en œuvre des formations. Les programmes reflètent maintenant ce principe dans leur conception et ventileront les indicateurs de résultats normalisés en fonction des sexes et d'un autre groupe pertinent dans l'engagement de ne laisser personne de côté. Ce niveau de ventilation est ambitieux et les données demeurent un défi de taille.
L’engagement de ne laisser personne de côté : orientations, formation et intégration
Abstract
Défi
Un développement durable et équitable n’est pas possible si certains groupes de la société vivent dans un contexte d’exclusion et de bien-être faible. Dans le cadre de l’Agenda 2030, tous les pays se sont engagés à « ne laisser personne de côté ». La Constitution suisse stipule que « la force de la communauté se mesure au bien-être du plus faible de ses membres ». S’agissant de la coopération pour le développement, la question se pose de savoir comment traduire en actions concrètes l’engagement de ne laisser personne de côté. Les principales questions portent sur les concepts de pauvreté et d’inégalité, sur les individus à cibler, sur les priorités à fixer et sur la façon de prendre des décisions dans des contextes où l'information est limitée.
Approche
Afin de refléter le principe de ne laisser personne de côté dans sa coopération pour le développement, la Suisse a publié des orientations spécifiques qui exposent son ambition et son approche. Les éléments clés de cette approche sont les suivants :
L'engagement politique de mettre l’accent sur les individus vivant dans la pauvreté, de lutter contre l’exclusion, d'intégrer les personnes laissées pour compte dans tous les nouveaux programmes de coopération et de produire des données pertinentes à cet égard.
L'ancrage dans toutes les activités : intégrer le principe de ne laisser personne de côté dans le dialogue politique avec les pays partenaires, les partenariats avec l’ensemble des parties prenantes et les programmes de coopération, afin de favoriser l’autonomisation et la participation des individus laissés pour compte.
Des orientations courtes et accessibles : fournir des indications générales sur les points d’entrée du principe de ne laisser personne de côté dans l’analyse, la définition des priorités, la conception, l’engagement avec les partenaires et le suivi et l’évaluation.
Sensibilisation et formation du personnel et des partenaires : les orientations ont été étayées par des consultations avec le personnel des pays partenaires et au siège. Un module sur le principe de ne laisser personne de côté fait partie de la formation régulière à la gestion de projet. Les appuis au travail thématiques favorisent la mise en œuvre dans la pratique. Une formation en ligne approfondie sur le principe de ne laisser personne de côté, élaborée par l’Allemagne en coopération avec la Suisse, est accessible au personnel et aux partenaires.
Résultats
Le principe de ne laisser personne de côté est de plus en plus intégré dans la coopération suisse en faveur du développement :
Conception des programmes et gestion des résultats : les programmes de coopération récemment élaborés reflètent le principe de ne laisser personne de côté dans leur analyse et leur approche. Ils sélectionnent des indicateurs de résultats normalisés dans un menu, ce qui nécessite une ventilation des données en fonction du sexe et d’un autre groupe pertinent dans l'engagement de ne laisser personne de côté dans le contexte spécifique.
Ne laisser personne de côté fait désormais partie du dialogue politique.
Les organisations partenaires sont bien informées de l’approche suivie par la Suisse pour ne laisser personne de côté et intègrent cet engagement dans leurs travaux.
Au fil du temps, un suivi ventilé devrait permettre de rendre compte des résultats des actions visant à ne laisser personne de côté.
Enseignements tirés
Les données à des fins d’analyse et de suivi demeurent un défi important. Au niveau du pays, la Direction du développement et de la coopération (DDC) recommande d’allouer des ressources afin d’accroître la disponibilité de données ventilées. Elle a également cofinancé une étude sur les indicateurs de pauvreté avec l’Agence allemande pour le développement GIZ, car ils sont essentiels au principe de ne laisser personne de côté.
Il est important d’être à la fois ambitieux et patient pour obtenir des résultats. La Suisse reconnaît que le niveau de ventilation dans le suivi des résultats est ambitieux et qu’il y a des défis à relever. Investir dans le renforcement des capacités et l’apprentissage est essentiel pour que personne ne soit laissé de côté dans la pratique.
Les évaluations qualitatives sont d’excellents outils pour éclairer la programmation future. Elles peuvent permettre de saisir les connaissances et les points de vue des bénéficiaires, d'aider à comprendre les réalités complexes et moins visibles des personnes exclues, et de suivre les changements transformateurs. La Suisse encourage donc les évaluations participatives.
Informations supplémentaires
Direction du développement et de la coopération (DDC), Ne laisser personne de côté, https://www.shareweb.ch/site/Poverty-Wellbeing/leave-no-one-behind/Shared%20Documents/in-a-nutshell-sdc-guidance-leave-no-one-behind_FR.pdf.
Direction du développement et de la coopération (DDC), Ne laisser personne de côté, https://www.eda.admin.ch/dam/agenda2030/fr/documents/sdc-guidance-leave-no-one-behind_FR.pdf.
Direction du développement et de la coopération (DDC), Ne laisser personne de côté – Guides thématiques (anglais et français), https://www.shareweb.ch/site/Poverty-Wellbeing/leave-no-one-behind/Pages/Thematic%20Working%20Aids.aspx.
Ressources de l’OCDE
OCDE (2018), Coopération pour le développement 2018 : Agir ensemble pour n'oublier personne, https://doi.org/10.1787/dcr-2018-fr.
OCDE (2018), Case Studies on Leaving No One Behind: A Companion Volume to the Development Co-operation Report 2018, https://doi.org/10.1787/9789264309333-en. Les informations relatives à cette pratique ont été initialement publiées dans cette publication et ont été révisées et mises à jour pour les Outils, enseignements et pratiques de la coopération pour le développement.
Pour en savoir plus sur la coopération suisse pour le développement, voir :
OCDE (2021), « Suisse », dans Les profils de coopération au développement, OECD Publishing, Paris, https://doi.org/10.1787/7a819985-fr.
OCDE (2019), Examens de l'OCDE sur la coopération pour le développement : Suisse 2019, Examens de l'OCDE sur la coopération pour le développement, OECD Publishing, Paris, https://doi.org/10.1787/22227938.