En Islande, la coopération pour le développement repose sur une approche-programme au niveau des autorités locales. À l’appui des efforts nationaux de décentralisation, les partenariats à long terme avec les autorités de district des pays partenaires ont amélioré leurs performances et la prestation de services à la population, ce qui en fait une approche adaptée aux petits partenaires. Il est essentiel de renforcer en permanence les capacités locales en matière de suivi des résultats et de gestion financière.
Partenariat pour l’appropriation locale : Approches-programmes au niveau des districts
Abstract
Défi
L’Islande, en tant que petit partenaire, a pour objectif d’optimiser l’utilisation de ses ressources financières et humaines limitées tout en respectant les principes d’une coopération efficace au service du développement, afin d’obtenir des résultats positifs à long terme conformes aux priorités nationales et locales. Initialement, les projets étaient sa principale modalité, car les approches-programmes auraient nécessité une participation à de larges structures nationales de financement pour lesquelles la valeur ajoutée de l’Islande aurait pu être moins importante. La décentralisation des compétences et des ressources dans les pays partenaires vers les gouvernements infranationaux a ouvert la voie à une nouvelle approche du soutien apporté par l’Islande, en renforçant l’appropriation et les capacités locales tout en améliorant l’efficacité.
Approche
L’Islande a adopté une approche-programme au niveau des districts. Ses principales caractéristiques sont les suivantes :
Alignement sur les efforts des autorités nationales : les partenariats répondent à la demande du gouvernement national et à ses priorités, telles que définies dans les politiques, plans et budgets. L’Islande conclut des accords trilatéraux avec les autorités locales ainsi qu’avec les ministères compétents, qui fournissent des orientations thématiques.
Appropriation locale : les autorités du district restent les principaux agents d’exécution et le programme suit de près les plans de développement et les stratégies opérationnelles du district ; les activités sont conformes au plan et au budget.
Intégration du soutien dans les différents secteurs : les objectifs des programmes sont complets et intégrés, couvrant l’éducation, la santé, l’eau, l’assainissement et la consolidation de la société. L’objectif est d’améliorer les infrastructures sociales, la résilience des communautés et les moyens de subsistance, en mettant fortement l’accent sur l’égalité hommes-femmes. Des efforts sont faits pour veiller à ce que le soutien parvienne aux groupes pauvres et vulnérables, qui se trouvent souvent dans les zones négligées.
Utilisation de systèmes de gestion des finances et de résultats des districts/publics : les fonds sont en grande partie versés directement aux autorités de district en fonction de leurs plans de travail et budgets, et de leurs systèmes de passation de marchés et de gestion financière. Pour gérer les risques, le programme prévoit le renforcement des capacités des autorités de district, l’établissement de rapports financiers et d’avancement réguliers comme condition préalable au déblocage des fonds, ainsi que des audits internes et externes.
Résultats
Les évaluations de l’Islande montrent que son approche-programme locale a donné des résultats tangibles, ce qui la rend bien adaptée aux plus petits bailleurs de fonds. L’Islande adopte donc cette approche dans tous ses pays partenaires.
Le soutien de l’Islande est devenu plus efficace. L’approche-programme a facilité les synergies entre les secteurs en matière de soutien. La coordination et la gestion du programme, concentrées dans un district autour d’un seul programme, sont devenues plus simples pour la petite équipe.
Les districts bénéficiant d’un soutien obtiennent de bien meilleurs résultats. Le district ougandais de Kalangala est désormais classé parmi les 20 districts les plus performants du pays en matière d’éducation pour l’examen de fin d’études primaires, alors qu’il était classé parmi les 20 districts les moins performants avant 2010. Dans le district de Mangochi, au Malawi, le Bureau de la santé du district a été distingué comme le bureau le plus performant en 2020.
Les services fournis dans les districts bénéficiant d’un soutien se sont sensiblement améliorés. Dans le district de Buikwe, en Ouganda, le taux d’achèvement des études primaires est passé de 40 % en 2011 à 76 % en 2020 ; le taux d’inscription a doublé et le taux de décrochage chez les filles a été réduit. La couverture en eau potable s’établit désormais à 79 %, contre 58 % en 2015. L’accès à des installations d’assainissement améliorées dans les villages d’intervention est passé de près de 0 % à 90 % en cinq ans et aucun cas de choléra n’a été signalé au cours des trois dernières années. Le district de Mangochi, au Malawi, a connu des améliorations similaires
Enseignements tirés
Décentralisation : le transfert de pouvoirs et de ressources politiques à des entités infranationales des pays les moins développés fait de ces entités des partenaires appropriés pour les approches au niveau des districts.
Un dialogue actif et une harmonisation avec les parties prenantes nationales et au niveau des districts sont essentiels. Il est également recommandé de participer activement aux groupes de travail techniques, aux plateformes des secteurs partenaires et aux réunions du Comité de pilotage.
Suivi des résultats : il est essentiel de renforcer les systèmes et les capacités de suivi et d’évaluation locaux pour faire en sorte que les informations fondées sur les résultats puissent être utilisées pour la prise de décision et l’apprentissage.
Gestion financière : la faiblesse des structures financières locales reste un défi et doit faire l’objet d’une attention constante, notamment par le biais du renforcement des capacités à long terme, des contrôles rigoureux et en confiant progressivement aux systèmes locaux des transferts financiers plus importants.
Communication des résultats : la communication avec les communautés locales est importante pour la diffusion, la sensibilisation et le renforcement global de l’appropriation locale. Les approches-programmes offrent également des contributions remarquables pour mettre en lumière des résultats concrets à l’intention du public dans les pays partenaires
Informations supplémentaires
Mkamanga, G. (2020), Mangochi Basic Services Programme, Phase II, Mid-Term Evaluation, https://www.stjornarradid.is/library/03-Verkefni/Utanrikismal/Throunarsamvinna/uttektar--og-ryniskyrslur/MBSP%20II%20MID-TERM%20Evaluation%202020%20with%20annexes.pdf.
Cleary, S. et G. Mkamanga (2018), Mangochi Basic Services Programme, Final Evaluation, https://www.stjornarradid.is/lisalib/getfile.aspx?itemid=ee16f858-fe26-11e8-942f-005056bc530c.
Laugerud, T. et al. (2018), District Development Cooperation Programmes in Kalangala District in Uganda, Final Evaluation, https://www.stjornarradid.is/lisalib/getfile.aspx?itemid=65fe2dd7-fe27-11e8-942f-005056bc530c.
Ouganda, cabinet du Premier ministre (2019), Local Government Performance Assessment - FY 2018/2019 National Synthesis Report, Kampala, http://library.health.go.ug/publications/local-government/local-government-performance-assessment-fy-20182019-national-synthesis.
Ressources de l’OCDE
Partenariat mondial pour une coopération efficace au service du développement, https://www.effectivecooperation.org.
OCDE (2018), « A programme-based approach for maternal and child health at the district level in Malawi », in Case Studies on Leaving No One Behind: A companion volume to the Development Co-operation Report 2018, OECD Publishing, Paris, https://doi.org/10.1787/9789264309333-29-en.
OCDE (2017), OECD Development Co-operation Peer Reviews: Iceland 2017, Examens de l'OCDE sur la coopération pour le développement, OECD Publishing, Paris, https://doi.org/10.1787/9789264274334-en.
Pour en savoir plus sur la coopération pour le développement de l’Islande, voir :
OCDE, « Islande », dans Les profils de coopération au développement, OECD Publishing, Paris, https://doi.org/10.1787/4974e859-fr.