Le Japon est un fervent partisan de la coopération Sud-Sud et de la coopération triangulaire. Avec ses partenaires clés, le Japon conclut des cadres de partenariat triangulaire pour partager les enseignements tirés de leur coopération dans le cadre de programmes de formation destinés aux pays tiers. Cette approche simple et structurée facilite la recherche de nouveaux partenariats. Au-delà de l’apprentissage individuel, la formation peut aussi favoriser un changement plus large si elle correspond aux besoins des pays partenaires et s’intègre dans les efforts plus larges de réforme.
Une approche de la formation à la coopération triangulaire
Abstract
Défi
Les solutions développées dans l'hémisphère sud sont souvent adaptées et utiles pour d’autres pays en développement. Il existe donc un potentiel considérable pour tirer parti de ces expériences et créer des partenariats horizontaux par le biais de la coopération Sud-Sud et triangulaire. L’un des principaux défis consiste souvent à passer d’échanges positifs isolés et d’un partage des enseignements à des partenariats qui débouchent sur des résultats durables et tangibles. Dans le domaine de la coopération triangulaire, les partenaires de la coopération pour le développement craignent également des coûts de transaction plus élevés du fait de l'arrivée d'un partenaire supplémentaire.
Approche
Le Japon, l’un des principaux partenaires de la coopération triangulaire dans le monde, utilise une approche de la formation pour les pays tiers, comme dans le cadre du Programme Asie-Afrique de co-création des connaissances de l’Agence japonaise de coopération internationale (JICA). Les principales caractéristiques de l’approche japonaise sont les suivantes :
Des programmes de partenariat avec 12 pays « pivots » : ces cadres complets établis entre le Japon et le pays pivot soutiennent sa coopération avec les pays tiers, lui permettant d’envoyer et de recevoir du personnel et d'apporter une formation et d'autres formes de soutien.
Un axe thématique par le biais de sous-programmes, par exemple sur la santé ou l’agriculture, en alignant les programmes sur les stratégies régionales de la JICA.
Tirer parti des avantages comparatifs des pays pivots dans la région, par exemple de leur proximité culturelle ou de leur capacité à élaborer des solutions adaptées au contexte des pays bénéficiaires.
Offrir une formation standardisée (ouverte à plusieurs pays) et personnalisée pendant une ou plusieurs années. Les participants sont sélectionnés par les pays partenaires et la JICA.
Un suivi par le biais de « mini-projets » visant à assurer la pérennité des formations, par exemple en envoyant des experts et des formateurs dans les pays participants pour organiser des séminaires de diffusion des connaissances.
Un partage des coûts et des ressources consacrés au partenariat triangulaire entre la JICA et le pays pivot, déterminé au cas par cas par le biais du dialogue.
Résultats
Le suivi montre que la coopération triangulaire a réussi à diffuser des connaissances sur ce qui fonctionne et a favorisé un changement plus large. Par exemple, la République-Unie de Tanzanie a étendu les expériences du Sri Lanka en matière de gestion hospitalière, en s’appuyant sur la coopération antérieure entre le Japon et le Sri Lanka. Un partenariat avec le Chili sur la réduction des risques de catastrophe a encouragé l’échange de connaissances et la création d’un réseau de spécialistes aux niveaux national et régional.
La coopération triangulaire du Japon a contribué à instaurer la confiance et à nouer des partenariats solides entre les pays, les régions et à l'échelle mondiale, grâce à la mise en place de solutions conjointes qui sont bien adaptées au contexte des pays en développement.
Le Japon s’appuie sur son expérience de longue date au sein du Comité d'aide au développement (CAD) de l’OCDE et d’autres instances mondiales pour promouvoir la coopération triangulaire. Cela a contribué à la reconnaissance de la coopération triangulaire tout au long du document final de la deuxième Conférence de haut niveau des Nations Unies sur la coopération Sud-Sud (BAPA +40) de 2019, en tant que modalité complémentaire de la coopération Sud-Sud et Nord-Sud.
Enseignements tirés
Les connaissances doivent être partagées au-delà du simple renforcement des compétences des différents participants. Les activités de formation isolées rendent cela moins probable. Le suivi de la formation par des « mini-projets » et d’autres activités de coopération bilatérale avec le pays bénéficiaire est utile.
Cette approche fonctionne particulièrement bien lorsque l’expertise et les besoins sont bien adaptés. Les formations devraient être adaptées et les partenaires bénéficiaires devraient en être davantage responsables.
Des critères de sélection clairs pour les participants sont importants pour garantir l’indépendance et la qualité du processus de sélection.
Les programmes de formation présentent un bon rapport coût-efficacité et facilitent l’expérimentation de nouvelles approches ou l’engagement avec un nouveau pays pivot ou bénéficiaire (y compris dans les contextes fragiles) de manière simple et structurée.
Informations supplémentaires
JICA (2020), Africa: Asia-Africa Knowledge Co-Creation Program (AAKCP), www.jica.go.jp/english/our_work/thematic_issues/south/project06.html.
JICA (2015), « Lancement du projet KIZUNA : Bilan impressionnant des évacuations précoces et renforcement de la résistance des bâtiments aux séismes au Chili », Nouvelles du terrain, https://www.jica.go.jp/french/news/field/2015/151102_01.html.
JICA (2014), Triangular Co-operation Mechanisms –Comparative Study of Germany, Japan and the UK, https://libopac.jica.go.jp/images/report/12151502.pdf.
JICA, « JICA’s support for South-South and triangular co-operation », https://www.jica.go.jp/activities/issues/ssc/ku57pq00001wlrnp-att/pamphlet_en_01.pdf.
JICA, South-South and Triangular Co-operation, https://www.jica.go.jp/english/our_work/thematic_issues/south/index.html.
Ressources de l’OCDE
Chaturvedi, S. et N. Piefer-Söyler (2021), « Triangular co-operation with India: Working with civil society organisations », OECD Development Co-operation Working Papers, n° 89, OECD Publishing, Paris, https://doi.org/10.1787/285b1a9a-en.
OCDE (2020), OECD Development Co-operation Peer Reviews: Japan 2020, Examens de l'OCDE sur la coopération pour le développement, OECD Publishing, Paris, https://doi.org/10.1787/b2229106-en.
OCDE (2019), « Enabling effective triangular co-operation », Documents d’orientation de l’OCDE sur le développement, n° 23, OECD Publishing, Paris, https://doi.org/10.1787/5fc4501e-en.
OCDE (2018), « Toolkit for identifying, monitoring and evaluating the value added of triangular co-operation », https://www.oecd.org/dac/triangular-co-operation/TOOLKIT%20-%20version%20August%202018.pdf.
OCDE, Triangular co-operation, http://www.oecd.org/dac/triangular-cooperation.
Pour en savoir plus sur la coopération japonaise pour le développement, voir :
OCDE (2021), « Japon », dans Les profils de coopération au développement, OECD Publishing, Paris, https://doi.org/10.1787/7dec40f5-fr.