La pandémie de COVID-19 soumet les chaînes d’approvisionnement agricole et alimentaire mondiales à des pressions sans précédent. Elle a déjà provoqué des goulets d’étranglement dans les industries d’amont, la production agricole, la transformation alimentaire, les transports et la logistique, et suscité des modifications de grande ampleur de la demande de produits et services alimentaires. De plus, les mesures prises par les pays pour faire face au risque sanitaire omniprésent entraînent une contraction spectaculaire de l’économie qui touche les agriculteurs, les travailleurs et les consommateurs dans le monde entier. Pour les gouvernements, le défi consiste à appliquer un ensemble équilibré de mesures qui répondent aux besoins immédiats et créent les conditions d’une « reconstruction en mieux » du secteur. Devant les incertitudes suscitées par cette crise inattendue, les responsables politiques ont besoin de pouvoir accéder à des informations et des analyses pour éclairer leurs décisions.
L’OCDE et la FAO œuvrent de concert aux côtés de nombreuses autres organisations internationales pour répondre à ce besoin. Nous suivons de près l’évolution à court terme des marchés et de l’action publique. Au-delà des enjeux immédiats, nous étudions également les perspectives d’évolution à moyen terme des marchés et avons établi des projections de référence pour les dix prochaines années, en accordant une attention particulière aux lignes d’action envisageables pour créer les conditions de systèmes agricoles et alimentaires mondiaux plus productifs, durables et résilients.
Cette nouvelle édition des Perspectives agricoles de l’OCDE et de la FAO présente donc des projections de référence complètes à moyen terme concernant les marchés nationaux, régionaux et mondiaux des produits agricoles, ainsi qu’un premier scénario des répercussions du COVID-19. Cette analyse préliminaire indique que l’effondrement de la croissance économique en 2020 pourrait favoriser une nouvelle chute des prix des produits agricoles, au moins à brève échéance. Il en ressort en outre que, si les mesures visant à limiter la propagation du COVID-19 se révèlent efficaces et que l’économie mondiale amorce un rebond en 2021, la demande de produits agricoles et leurs prix retrouveront progressivement leur niveau de référence au cours des années suivantes. Dans l’hypothèse d’une croissance économique mondiale de 3.4 % par an et en l’absence de perturbations majeures du système commercial international, les Perspectives prévoient que la production agricole et halieutique progressera d’environ 1.4 % par an dans le monde durant la prochaine décennie. La productivité devrait continuer d’augmenter plus vite que la demande, et on prévoit que les prix réels de la plupart des produits examinés dans les Perspectives baisseront au cours des dix prochaines années.
L’édition de cette année des Perspectives comporte de nouvelles synthèses régionales et prend en compte un plus large éventail de produits. Ces nouveautés en élargissent la portée et favorisent un dialogue actif entre nos organisations, les gouvernements et d’autres parties prenantes partout dans le monde.
Nous sommes déterminés à soutenir tous les efforts destinés à atténuer les perturbations considérables causées par la pandémie de COVID-19. Nous sommes tout aussi déterminés à promouvoir et soutenir les différentes façons dont l’agriculture fait vivre des centaines de millions de personnes dans le monde et favorise le bien-être d’une population planétaire appelée à atteindre 10 milliards à l’horizon 2050. Nous apportons notre concours à une prise de décision reposant sur des données concrètes dans les exploitations et dans l’ensemble des systèmes agricole et alimentaire. Des décisions éclairées appuient nos efforts en vue d’une utilisation plus durable des terres, de l’eau et des ressources de la biodiversité, ainsi que notre action collective pour lutter contre le changement climatique.
Les Perspectives agricoles de l’OCDE et de la FAO apportent des éclairages qui, nous l’espérons, rendront les gouvernements mieux à même de prendre des décisions bien étayées, profitables à leurs citoyens comme à l’environnement et propices à la réalisation des Objectifs de développement durable.
Angel Gurría
Secrétaire général
Organisation pour le développement et co-opération économique
QU Dongyu
Directeur général
Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture