Les Perspectives de l’emploi de l’OCDE examinent les dernières évolutions et perspectives des marchés du travail des pays membres. Cette édition analyse également les conséquences de la transition vers zéro émission nette d’ici à 2050 sur les marchés du travail et les emplois de millions de travailleurs. L’emploi total devrait rester globalement stable, mais de nombreux emplois disparaîtront dans les secteurs à forte intensité d’émissions, en déclin, tandis que de nombreux autres seront créés dans les activités à faibles émissions, qui se développent.
Perspectives de l’emploi de l’OCDE 2024 : Transition vers la neutralité carbone et marché du travail
Le chômage reste au plus bas, souvent en deçà des niveaux constatés en 2019
Les marchés du travail enregistrent toujours de bons résultats, avec des taux d’emploi historiquement élevés et de faibles taux de chômage dans de nombreux pays. En mai 2024, le taux de chômage dans les pays de l’OCDE s’élevait à 4.9 %. Dans la plupart des pays, l’emploi des femmes a davantage progressé que celui des hommes, par comparaison avec le niveau observé avant la pandémie.
Des tensions persistent sur les marchés du travail de nombreux pays, même si elles s’atténuent
Sur fond de ralentissement général de la croissance économique, les tensions sur le marché du travail (mesurées par le nombre d’emplois vacants par chômeur) se sont atténuées au cours des derniers trimestres, mais elles demeurent supérieures aux niveaux constatés avant la pandémie de COVID-19 dans de nombreux pays. Au T4 2023, dans les pays pour lesquels on dispose de données, les ratios emplois vacants/chômeurs étaient inférieurs à leur point haut d’après 2019 dans tous les pays où ils avaient fortement augmenté après la crise du COVID-19.
La croissance des salaires réels a repris dans plusieurs pays, mais ils demeurent souvent inférieurs à leur niveau de 2019
Les salaires réels sont désormais en progression en glissement annuel dans la plupart des pays de l’OCDE, sous l’effet généralement d’un recul de l’inflation. Pour autant, ils restent inférieurs à leur niveau de 2019 dans de nombreux pays. Tandis que les salaires réels récupèrent une partie du terrain perdu, les bénéfices commencent de leur côté à atténuer l’alourdissement des coûts de main-d’œuvre. Dans bien des pays en effet, ils pourraient encore absorber d’autres augmentations de salaire, d’autant plus que rien n’indique l’existence d’une spirale prix-salaires.
Plus d’un quart des emplois seront fortement touchés par la transition vers la neutralité carbone
Dans les pays de l’OCDE, 20 % des travailleurs occupent un emploi porté par la transition écologique, en tenant compte des emplois qui ne contribuent pas directement à la réduction des émissions mais qui devraient faire l’objet d’une forte demande, car ils fournissent des biens et des services indispensables aux activités vertes. À l’inverse, les secteurs à forte intensité d’émissions de gaz à effet de serre (GES) ne représentent que 7 % environ des emplois.
Les travailleurs qui perdent leur emploi dans les secteurs à forte intensité d’émissions sont plus pénalisés que les autres
La transition vers la neutralité carbone entraîne un déclin des secteurs à forte intensité d’émissions, qui représentent 80 % des émissions de GES, mais 7 % seulement de l’emploi. Dans ces secteurs, les travailleurs privés de leur emploi subissent des pertes de revenus plus importantes, avec une baisse moyenne de 36 % 5 à 6 ans après leur licenciement, contre 29 % dans d’autres secteurs. Les pouvoirs publics doivent soutenir les revenus et faciliter les transitions professionnelles, de sorte à atténuer ces pertes de revenu et à préserver le soutien à la transition vers zéro émission nette.
Il est possible de sortir des secteurs à forte intensité d’émissions de GES moyennant une reconversion
La majorité des professions à forte intensité d’émissions de GES présente, en fait de compétences, des exigences analogues à celles d’autres emplois, y compris des professions portées par la transition écologique, ce qui donne à penser que les transitions professionnelles pour sortir de ces emplois sont possibles grâce à une reconversion ciblée. Pour autant, la transition vers les nouvelles professions portées par la transition écologique est plus difficile pour les travailleurs peu qualifiés que pour les autres, ce qui suppose une action urgente des pouvoirs publics pour veiller à ce que la transition vers la neutralité carbone ne laisse personne de côté.
Que peuvent faire les pouvoirs publics ?
Outre la mise en place de dispositifs d’aide au revenu en cas de chômage, des interventions précoces auprès des travailleurs menacés de licenciement peuvent limiter l’incidence et les conséquences des suppressions d’emplois. Les prestations ciblées liées à l’exercice d’un emploi, comme les systèmes d’assurance-salaire limités dans le temps, peuvent être utiles lorsque les travailleurs se voient proposer un salaire inférieur à celui qu’ils percevaient avant leur licenciement.
Il est crucial d’élaborer des programmes d’évaluation et d’anticipation des compétences qui tiennent compte des conséquences potentielles de la transition vers la neutralité carbone. Il est aussi essentiel de renforcer les services d’orientation professionnelle moyennant un effort sur leur qualité et leur couverture, et de mieux faire connaître les nouvelles possibilités offertes, pour amener les travailleurs à se former en vue de la transition vers la neutralité carbone et à saisir les opportunités offertes par celle-ci.
Pour être efficaces, les interventions des pouvoirs publics sur le marché du travail visant à accompagner et épauler les travailleurs et les acteurs locaux pendant la transition vers la neutralité carbone doivent intégrer la dimension locale, par exemple en orientant les transitions vers les secteurs et les professions qui devraient voir le jour grâce aux programmes locaux d’investissement et d’infrastructure.