En Inde, le soutien net aux producteurs est resté négatif au cours des deux dernières décennies, mais avec d’importantes fluctuations. Les producteurs nationaux ont été implicitement taxés, car les paiements budgétaires dont ils bénéficiaient ne compensaient pas l’abaissement des prix lié à l’ensemble complexe de règles de commercialisation et de mesures commerciales nationales. Presque tous les transferts bruts aux producteurs (qu’ils soient positifs ou négatifs) sont mis en œuvre sous les formes qui risquent le plus de fausser la production et les échanges, et ce de façon constante depuis le début des années 2000, période à partir de laquelle les données relatives au soutien agricole sont disponibles.
En 2020-22, le soutien aux producteurs se composait de dépenses budgétaires équivalentes à 11 % des recettes agricoles brutes, d’un soutien des prix du marché (SPM) positif de +1.8 % des recettes agricoles brutes sur les produits de base bénéficiant d’un soutien, et d’un SPM négatif de -27.5 % des recettes agricoles brutes sur les produits taxés. Au total, on constate donc un soutien net négatif de -15 % des recettes agricoles brutes pour la période 2020-22, dans un contexte de hausse des prix à la frontière pour une grande partie des produits exportés concernés, en particulier le blé, le maïs et le lait. Depuis 2022, des restrictions à l’exportation s’appliquent à diverses variétés de riz, de blé, de sucre et de produits dérivés (par exemple, la farine de blé).
Les transferts au titre d’un seul produit (TSP) se composent principalement de SPM, mais varient en fonction des produits. En 2020-22, la plupart des produits ont été implicitement taxés, ce qui a entraîné une baisse effective de 50 % des recettes pour des produits tels que la banane ou la mangue. Les produits présentant un TSP positif, qui peut aller de 8 % à 30 % des recettes par produit sur cette même période, sont notamment le sucre, les pois chiches, d’autres légumes secs et la viande de volaille.
Les importantes subventions à l’utilisation d’intrants variables tels que les engrais, l’électricité et l’eau d’irrigation occupent une place prédominante dans les transferts budgétaires aux producteurs. Toutefois, les dotations budgétaires au programme de transferts directs de revenu, PM-KISAN, augmentent depuis la mise en œuvre de celui-ci en 2018 et représentent désormais 7.2 % des dépenses budgétaires.
Les dépenses publiques destinées à financer des services d’intérêt général pour le secteur (estimation du soutien aux services d’intérêt général, ESSG), principalement en lien avec des investissements dans l’irrigation en dehors des exploitations, représentaient la moitié environ du montant des subventions au titre de l’utilisation d’intrants variables. L’ESSG a augmenté pour s’établir à 4 % de la valeur de la production agricole en 2020-22, contre 3 % en 2000-02.
Les mesures ayant une incidence sur les prix agricoles constituent un soutien implicite aux consommateurs. Les subventions alimentaires découlant du système de distribution publique ciblée, qui ont connu une hausse considérable pendant la pandémie de COVID-19, ont également réduit le coût des produits pour les consommateurs. Au cours de la période 2020-22, l’estimation du soutien aux consommateurs représentait 44 % des dépenses moyennes pour l’ensemble des produits.