Ce chapitre examine les implications d’une baisse du financement des données et de la statistique face aux crises à venir et aux menaces qui se font de plus en plus pressantes. Il souligne la nécessité pour la communauté mondiale d’investir dans les données et la statistique ainsi que de mieux se coordonner pour combler le déficit de financement des données.
Rapport de PARIS21 sur le soutien des partenaires à la statistique 2022
2. La coordination et le plaidoyer pour attirer des financements plus nombreux et de meilleure qualité
Abstract
2.1. Se préparer aux défis à venir et saisir les occasions
Avant même la pandémie, le manque de financement empêchait certains pays de surveiller les progrès relatifs aux ODD et de tenir ainsi la promesse de ne laisser personne de côté. Une fois la pandémie passée, les systèmes statistiques nationaux auront besoin d’un financement garanti pour se remettre des perturbations provoquées par la crise de la COVID-19 et répondre à la demande de données dans de nouveaux domaines.
À mi-parcours du Programme 2030, les données sur le développement ont essuyé un sérieux revers à cause de la pandémie. Pour autant, les discussions sur les changements climatiques, la sécurité alimentaire et la santé publique se traduisent en politiques et en mesures, qui nécessitent toutes des données de qualité et disponibles en temps voulu. Le contraste entre la tendance à la hausse de l’APD pour l’égalité des genres et la baisse du financement des données sur le genre montre qu’il n’existe pas de corrélation automatique entre l’augmentation des flux de financement et l’augmentation du financement des données. En effet, si les premières données donnent à penser que l’APD totale devrait augmenter de 4,4 % en 2021 (OCDE-CAD, 2022[1]), rien n’indique que cette augmentation s’étendra au financement des données et de la statistique et aidera les systèmes statistiques nationaux sous-financés et débordés à fournir les données nécessaires. Ces dernières années, des pays du monde entier se sont engagés dans diverses initiatives et se sont fixé des objectifs à long terme. Certains engagements, tels que le Système d’information sur les marchés agricoles1, le Fonds d’analyse des risques complexes2 des Nations Unies et la Global Data Facility3 de la Banque mondiale sont directement liés aux données et à la statistique, mais la plupart des autres initiatives ne définissent pas de plan de soutien aux données et à la statistique.
Si les premières données donnent à penser que l’APD totale devrait augmenter de 4,4 % en 2021, rien n’indique que cette augmentation s’étendra au financement des données et de la statistique et aidera les systèmes statistiques nationaux sous-financés et débordés à fournir les données nécessaires.
Les partenaires doivent tirer les leçons de la première moitié du Programme 2030 pour relever deux défis majeurs
Premièrement, la communauté statistique doit faire reconnaître le caractère essentiel de son rôle dans le traitement des questions qui sont de plus en plus au centre du discours politique, telles que les changements climatiques, la santé publique, l’égalité des genres et la sécurité alimentaire. Cet impératif implique un plaidoyer mondial et un soutien à l’échelle des pays :
À l’échelle mondiale, la communauté doit affecter davantage de ressources pour plaider en faveur des données dans les discussions mondiales et souligner l’importance des données dans ces domaines. Les difficultés à orienter l’engagement accru des bailleurs de fonds en faveur de l’égalité des genres et son financement vers les données sur le genre montrent que les données peuvent être ignorées même à des stades relativement précoces de la discussion d’un nouveau sujet de développement. Il est nécessaire d’intensifier le plaidoyer mondial afin de signaler aux bailleurs de fonds l’importance des données sur le développement pour chaque nouveau sujet de développement.
À l’échelle des pays, les partenaires doivent aider les INS et les systèmes statistiques nationaux à intégrer les activités en lien avec les données dans tous les secteurs grâce à une meilleure planification et à une meilleure gouvernance des données. Le récent effort de PARIS21 pour soutenir les données sur le genre dans les pays met en évidence les difficultés, mais aussi la valeur, de l’intégration des activités en lien avec les données grâce à une planification stratégique et à un renforcement considérable des capacités (PARIS21, 2022[2]).
Deuxièmement, dans le paysage complexe du financement des données et de la statistique, un mécanisme plus solide de coordination du financement des questions transversales devrait être mis en place. Les lacunes en matière de données pour ces questions nécessitant généralement des approches systémiques au lieu d’enquêtes spécifiques, les bailleurs de fonds doivent également relever le défi de l’intégration de l’investissement dans les données et la statistique au sein d’initiatives de développement au sens large en coordination avec d’autres efforts existants. La communauté a besoin d’un outil perfectionné qui dépasse la portée des outils classiques pour comprendre et mesurer les flux de financement pour le renforcement des capacités des systèmes de données et de statistique.
Encadré 2.1. Comment le Clearinghouse for Financing Development Data peut-il aider à relever les deux défis du financement des données ?
Créé par le Réseau de Berne sur le financement des données pour le développement, le Clearinghouse for Financing Development Data peut contribuer à ce nouveau mécanisme de coordination. Cette plateforme est conçue pour aider les pays, les bailleurs de fonds et les agences de développement à déterminer les possibilités de financement, à porter les projets à la bonne échelle, à plaider en faveur d’un soutien aux données et à la statistique et à entrer en contact avec de nouveaux partenaires. Elle fournit des informations et des services permettant de faire correspondre l’offre et la demande de financement des données et de la statistique afin de favoriser la transparence, la responsabilité et l’alignement, et de faciliter la coordination entre les bailleurs de fonds et les pays partenaires. Les décideurs peuvent utiliser la plateforme pour visualiser le paysage complexe du financement des données dans un pays en particulier, tout en assurant la coordination avec les bailleurs de fonds, qui fournissent plus de 85 % du montant total de l’APD pour les données et la statistique. Les pays aux capacités limitées peuvent également l’utiliser pour présenter leurs demandes de soutien et les progrès qu’ils ont réalisés.
Références
[1] OCDE-CAD (2022), ODA Levels in 2021: Preliminary Data - Detailed Summary Note, OECD Publishing, Paris, https://www.oecd.org/dac/financing-sustainable-development/development-finance-standards/ODA-2021-summary.pdf.
[2] PARIS21 (2022), Supporting Gender Statistics, https://paris21.org/supporting-gender-statistics.