Les institutions sociales discriminatoires sont les lois et les normes sociales qui régissent le comportement social et déterminent ce que les femmes et les hommes sont censés faire. Souvent invisibles, elles sont à l'origine d'inégalités telles que l'écart de rémunération entre hommes et femmes, ou le manque de représentation des femmes en politique. L'Indice Institutions sociales et égalité des genres (SIGI) examine les écarts que la législation, les attitudes et les pratiques créent entre les femmes et les hommes en termes de droits et d'opportunités. Adopté comme source officielle pour le suivi de l'indicateur 5.1.1 des objectifs de développement durable (ODD) - "l'existence ou non de cadres juridiques pour promouvoir, faire respecter et contrôler l'égalité et la non-discrimination fondée sur le sexe" - en collaboration avec ONU Femmes et la Banque mondiale, il est aussi un outil essentiel pour les décideurs qui travaillent à faire reculer la discrimination fondée sur le sexe dans le monde.
Genre et développement
L'égalité entre femmes et hommes n'est pas seulement un droit humain, c'est aussi un puissant levier pour un développement économique fort, vert et inclusif. Les économies sont plus résistantes et plus productives lorsqu'elles réduisent les inégalités des genres, renforcent les droits des femmes et soutiennent leur participation égale dans toutes les domaines. Par ses travaux sur le genre et le développement, l'OCDE éclaire l'action des gouvernements dans le monde entier et celle de leurs partenaires de coopération, mesure les progrès accomplis, et plaide en faveur d'un plus grand impact.
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Messages clés
L'OCDE aide les fournisseurs de coopération au développement à améliorer la conception et la mise en œuvre de leurs programmes pour l'égalité femmes / hommes dans les pays partenaires, et à intégrer cette approche dans tous les autres secteurs, tels que la santé, l'énergie, l'adaptation au climat, la gouvernance, etc. Pour s'attaquer aux relations de pouvoir inégales, ainsi qu'aux structures et normes néfastes, ils ont besoin de données et de faits précis et fiables, d’une approache stratégique cohérente, et de travailler en étroite collaboration avec les mouvements féministes locaux et les organisations de défense des droits des femmes.
La violence sexiste, y compris l'exploitation, les abus et le harcèlement sexuels (EAS), constitue une violation des droits de l'homme et déstabilise les systèmes sociaux et économiques dans le monde entier. Dans les contextes de développement et d'aide humanitaire, les donateurs ont décidé de redoubler d'efforts pour prévenir la violence sexiste et garantir des environnements sûrs. Pour ce faire, ils doivent se pencher sur leurs propres institutions, s'attaquer aux normes sexistes néfastes et aux pratiques discriminatoires, et veiller à l'équilibre entre hommes et femmes aux postes de pouvoir. L'OCDE les soutient, ainsi que leurs partenaires, en encourageant la mise en œuvre d’une Recommandation du Comité d'aide au développement (CAD) visant à renforcer la prévention et les réponses, mieux gérer les risques, et soutenir et protéger les survivants et les victimes.
Le concept de masculinité renvoie aux idées partagées sur ce que les hommes font et qui ils sont, ainsi que sur ce qu'ils devraient faire et être. L'OCDE suit, mesure et analyse les normes de masculinité "restrictives" qui entravent l'autonomisation des femmes et l'égalité des genres - par exemple celles qui affirment que les hommes doivent exercer le pouvoir sur l’argent au travail ou à la maison - et donne des conseils sur la manière de les transformer en normes plus équitables. Elle présente des exemples de programmes qui ont réussi à impliquer les hommes et les garçons dans la transformation des normes sociales, ainsi que les politiques publiques les mieux à même de soutenir ces efforts.
L'aide publique au développement (APD) des membres du CAD est une source importante de financement pour les décideurs et les militants des pays partenaires qui cherchent à promouvoir l'égalité des genres et l'autonomisation des femmes et des filles. En appliquant un "marqueur" d'égalité des genres aux données d'APD que les membres du CAD communiquent chaque année dans le cadre de son Système de notification des pays créanciers, l'OCDE suit et analyse ces flux financiers afin d'éclairer la prise de décision et les programmes dans toute une série de secteurs. D'autres partenaires du développement - fondations, organisations multilatérales, institutions de financement du développement - appliquent également ce marqueur, aussi l'OCDE est-elle en mesure de publier des données comparables sur un large éventail d’acteurs et de flux du développement.
Contexte
L'effort des donateurs pour l'égalité des genres a faibli en 2021-22
En 2021-22, l'égalité des genres était un objectif dans 43 % des programmes financés par l'APD programmable bilatérale des membres du CAD, soitpour 64,1 milliards USD sur les 147,9 milliards USD passés au crible du marqueur de genre de l'OCDE. Il s'agit d'une augmentation par rapport aux 60 milliards USD alloués en 2019-20, mais d'une diminution par rapport à la part de 45 % sur cette période. Cette baisse relative - la première après une décennie de croissance régulière - soulève des inquiétudes quant aux intentions des donateurs. Sur les 43 % de l'aide programmable bilatérale visant à promouvoir l'égalité hommes / femmes, cette dernière n'était l'objectif principal que pour 4 %, et un objectif important, parmi d'autres, pour les 39 % restants.
Les lacunes du cadre législatif affaiblissent les droits des femmes sur le lieu de travail
Les pays d'Asie du Sud-Est présentent des différences extrêmement importantes entre les congés de maternité et de paternité. Tous ces pays imposent un congé de maternité rémunéré, et sept sur onze respectent la période minimale de congé de maternité de 14 semaines recommandée par l'Organisation internationale du travail (OIT). Toutefois, seuls cinq d'entre eux prévoient le paiement intégral des prestations pendant les 14 semaines. Pourtant, l’exemple du Viet Nam montre que l'allongement de la durée du congé de maternité en 2012 n'a pas creusé l'écart entre hommes et femmes en matière d'emploi, mais a contribué à réduire l'écart dans le secteur formel pour les femmes en âge de procréer. En outre, quatre pays ne prévoient pas de congé de paternité ou de congé parental rémunéré pour les pères. Dans les pays qui le font, la législation prévoit pour les pères des périodes de congé nettement plus courtes que pour les mères, de moins de sept jours à deux semaines dans le meilleur des cas.
L'inégalité entre les hommes et les femmes est-elle un enjeu environnemental ?
Les femmes et les filles sont touchées de manière disproportionnée par le changement climatique, la dégradation de l'environnement et la perte de biodiversité. D'un point de vue positif, elles sont également des agents de changement dans leurs communautés, apportant des connaissances et des compétences uniques, et en tant que décideurs et leaders dans l'action climatique. Leur donner les moyens d'agir peut donc contribuer à réduire leur exposition disproportionnée, mais aussi à susciter des changements positifs. De plus en plus d'éléments plaident donc pour que les fournisseurs de coopération au développement abordent les questions de genre et d'environnement ensemble, en tant que questions transversales. Pourtant, bien que l'aide publique au développement en faveur de l'action climatique intègre de plus en plus les objectifs d'égalité des genres, le financement de l'intersection complète reste une part mineure du total.
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Cette série de podcasts raconte l'histoire de femmes en tant qu'actrices de la société civile, militantes, auteures, dirigeantes, travailleuses de la santé et de l'humanitaire, représentantes de la jeunesse, commerçantes et entrepreneuses au Sahel et en Afrique de l'Ouest.En savoir plus