L’analyse empirique révèle que le coût des obstacles aux échanges de services est élevé et dépasse largement le droit de douane moyen sur les biens échangés. Dans le cas des services faisant l’objet d’échanges internationaux directs, par exemple, les obstacles réglementaires imposent des coûts commerciaux qui peuvent atteindre 60 % de la valeur totale des échanges de services de communication et de transport et 250 % de celle des services financiers. Les obstacles réglementaires affectent également les services fournis par l’intermédiaire de filiales étrangères établies à l’étranger, avec des effets d’une ampleur similaire à ceux des échanges transfrontières de services. Cela montre qu’il existe un potentiel économique important pour faire progresser la libéralisation multilatérale, plurilatérale et unilatérale des échanges de services.
Échanges de services dans l'économie mondiale
Les services représentent une part croissante de la production économique et de l’emploi à l’échelle mondiale, et l’ouverture des marchés de services peut améliorer le dynamisme des entreprises, stimuler la concurrence et renforcer l’attractivité de l’investissement direct étranger. Pourtant, les obstacles aux échanges de services restent élevés, ce qui compromet ces avantages pour les entreprises et les consommateurs nationaux.
Messages clés
La diminution des obstacles contribue à l’accroissement des flux d’échanges de services, dont les avantages augmentent au fil du temps. Par exemple, les réformes moyennes des services sont associées à une croissance des échanges de services allant jusqu’à 10 % à court terme, et de 20 % à 50 % à moyen et long terme. Il est donc important de concevoir des réformes ambitieuses dans une perspective à long terme si l’on veut que les effets positifs de ces réformes se fassent sentir dans l’ensemble de l’économie.
L’abaissement des obstacles aux échanges dans les secteurs de services en amont peut également avoir un effet positif sur les performances économiques dans l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement mondiale. Par exemple, des réformes ambitieuses dans le transport aérien – le secteur le plus restrictif en moyenne – pourraient accroître la productivité manufacturière en aval de 8.4 % en moyenne dans l’ensemble des industries manufacturières. Dans les services de télécommunications – un secteur fondamental pour le bon fonctionnement de l’économie numérique – la productivité pourrait progresser de 6.5 % en moyenne.
Une meilleure intégration des services dans l’économie mondiale offre aux petites et moyennes entreprises (PME) de nouvelles possibilités d’élargir leur clientèle sur de nouveaux marchés. Les difficultés liées à la gestion des obstacles réglementaires et à l’adhésion à des réglementations différentes sur chaque marché peuvent toutefois avoir des répercussions disproportionnées sur les exportateurs de petite taille et moins expérimentés qui ne disposent pas des ressources nécessaires pour ajuster les méthodes de production et ainsi assurer le respect des règles.
Les coûts induits par des réglementations divergentes sur différents marchés peuvent représenter jusqu’à 14 % de droits de douane supplémentaires sur les exportations des PME, par rapport à des concurrents plus grands disposant de ressources plus importantes pour absorber les coûts commerciaux supplémentaires. À ce titre, la réduction des coûts d’entrée sur le marché des services profiterait principalement aux PME et favoriserait la création de nouveaux emplois.
Contexte
Réduire les coûts des échanges
Il est courant de quantifier les effets des politiques commerciales en convertissant des indicateurs tels que l’IRES en équivalents coût des échanges ad valorem. En d’autres termes, il s’agit d’estimer le niveau d’une mesure assimilable à un droit de douane qui aurait un impact comparable sur les échanges en tant que restriction. Les équivalents ad valorem sont exprimés en pourcentage de la valeur des services fournis à l’étranger et permettent de quantifier aisément la restrictivité.
Le graphique ci-dessous présente les conséquences en termes de coûts des échanges d’un scénario hypothétique dans lequel les pays réduiraient leur IRES de moitié par rapport au pays le plus performant dans chaque secteur. Il montre que les avantages se feraient sentir dans tous les pays, mais qu’ils seraient plus importants dans les économies de marché émergentes. On estime à -13 % la baisse moyenne des coûts des échanges dans les pays de l’OCDE, et à -17 % en moyenne dans les économies non membres.
L’ouverture des marchés de services est importante pour réduire les coûts des échanges, mais il convient d’accorder une attention particulière à la révision des réglementations sectorielles ainsi qu’à l’efficacité des procédures administratives et d’autorisation afin de s’assurer qu’elles ne font pas peser une charge excessive sur les nouveaux concurrents.
Services et emploi
Près de trois travailleurs sur quatre sont employés dans le secteur des services dans les pays de l’OCDE, ce qui souligne l’importance des politiques commerciales relatives aux services pour la création de revenus et d’emplois.
La capacité à tirer parti de la demande étrangère permet aux entreprises d’accroître leurs ventes. À mesure que les exportateurs de services accroissent leur production, leur demande de main-d’œuvre augmente. Les travaux de recherche de l’OCDE montrent que la croissance des exportations de services est liée à une réduction du risque de pertes d’emplois, et que, de ce fait, de nouveaux efforts pour supprimer les obstacles se traduiraient probablement par des avantages économiques pour les travailleurs.
Les compétences jouent un rôle central dans la prestation des services. Il est donc important pour les travailleurs d’améliorer l’offre de programmes de formation et d’aligner les programmes d’enseignement sur les besoins des exportateurs s’ils veulent se tourner vers des secteurs où l’emploi augmente. Les politiques actives du marché du travail qui favorisent la mise en relation des employeurs avec des salariés qualifiés, et les politiques qui favorisent l’inclusion des femmes, peuvent également renforcer la résilience des marchés du travail.