Les discriminations qui entravent l’éducation des filles, ainsi que celles qui restreignent la participation des femmes à la vie active et leur propriété de biens, ont des conséquences durables sur leur autonomisation économique. En effet, par rapport aux hommes, les femmes ivoiriennes continuent de faire face à des obstacles importants pour entrer sur le marché du travail, avec un écart de participation de 19 points de pourcentage. En outre, les femmes travaillent principalement dans des emplois informels et vulnérables, caractérisés par une absence de prestations sociales. Elles sont également majoritaires dans des secteurs à faible valeur ajoutée tels que le commerce de gros et de détail ou les services d’hébergement et de restauration, ce qui conduit à des écarts de revenus importants entre hommes et femmes : en moyenne, le revenu des hommes ivoiriens représente plus du double de celui des femmes ivoiriennes. Les femmes ivoiriennes sont également confrontées à d’importants obstacles pour posséder des biens. Le SIGI Côte d’Ivoire montre que seulement 5 % des femmes possèdent des terres agricoles, contre 25 % des hommes, et seulement 3 % des femmes possèdent une maison. Les différences entre les hommes et les femmes en matière de propriété foncière sont plus marquées là où une part importante de la population est employée dans l’agriculture. Au-delà de la propriété, le contrôle exercé par les femmes sur l’utilisation des terres et leur capacité à prendre des décisions quant à leur administration sont également extrêmement limités.
Les normes sociales discriminatoires liées au rôle traditionnel des femmes et à leurs aptitudes sont à l’origine de leur marginalisation économique. Les normes sociales en Côte d'Ivoire attendent des femmes qu'elles travaillent et contribuent au revenu du ménage, mais à la condition d’en avoir reçu la permission de leur mari. Ce faisant, la charge disproportionnée de travail domestique et de soin non rémunéré que les femmes assument tend à les inciter à rechercher des modalités de travail plus flexibles, parfois à temps partiel ou plus proches de leur domicile, et qui, toutes, contribuent à leur surreprésentation dans le secteur informel et dans des emplois de statut inférieur. De même, les stéréotypes concernant les aptitudes sociales et cognitives innées des femmes et des hommes ont non seulement une influence sur les résultats scolaires des filles, mais également sur leurs choix professionnels. Ces opinions renforcent la division entre métiers dits « masculins » et ceux dits « féminins ». Par exemple, des professions telles que sage‑femme, employée de maison ou secrétaire sont considérées comme plus appropriées pour les femmes, du fait de leur association avec le soin et l’attention portés aux autres.
Émanant des traditions et coutumes, les pratiques successorales sont souvent discriminatoires à l’égard des veuves et des filles, ce qui entrave la propriété des biens par les femmes. L’acquisition de terres en Côte d’Ivoire s’effectue principalement par l’héritage. Bien que la loi sanctuarise une partie de l’héritage au profit des conjoints et enfants survivants, les pratiques coutumières continuent de prévaloir et d’empêcher les veuves et les filles d'hériter à parts égales. La tradition veut que ce soient les hommes qui possèdent les biens, notamment la terre, ce qui limite considérablement la capacité des femmes ivoiriennes à posséder et à contrôler des biens productifs.